Employée de l’Institut Montaigne, Sophie Conrad a récemment porté plainte contre son ancien directeur Laurent Bigorgne. Elle accuse ce dernier de l’avoir droguée à la MDMA. Elle s’est exprimée ce mardi 8 mars, sur le plateau de RMC dans l’émission Apolline Matin. Elle déplore notamment que le motif sexuel n’ait pas été retenu dans l’enquête.
Sur RMC ce 8 mars, Sophie Conrad a décidé de revenir sur la soirée du 22 février dernier, au cours de laquelle elle a été droguée à son insu. La jeune femme avait été invitée au domicile de Laurent Bigorgne, un proche d’Emmanuel Macron, qui était alors directeur de l’Institut Montaigne. Il a démissionné depuis.
Les policiers « étaient tous convaincus du motif sexuel de cette administration de drogue »
Après avoir bu la coupe de champagne que son directeur venait de lui servir, la jeune femme s’est sentie très mal. Son cœur s’est mis à battre « extrêmement fort » et elle a cru qu’elle ne se souviendrait pas de cette soirée. Elle a tout de même réussi à quitter les lieux et après s’être rendue chez elle, elle est finalement allée à l’hôpital Cochin.
« J’ai été reçue. Ils m’ont dit que j’étais en sécurité. Ils se sont assurés que du point de vue cardiaque, la situation n’était pas préoccupante à ce stade-là. J’ai voulu savoir la vérité, faire des analyses », explique-t-elle à Apolline de Malherbe. Elle s’est ensuite rendue à l’Hôtel-Dieu, qui est l’hôpital habilité pour faire ces analyses, et les résultats « ont tout de suite révélé la présence d’amphétamines et de MDMA », ajoute la jeune femme qui a immédiatement décidé de porter plainte.
Même si les policiers – dont les téléphones « n’arrêtaient pas de sonner » dès le lendemain des faits – « étaient tous convaincus du motif sexuel de cette administration de drogue » et « étaient tous persuadés que l’enquête allait se poursuivre », le parquet, lui, n’a pas reconnu ce motif sexuel.
« L’enquête a duré moins de 90 heures »
« Je ne sais pas quelle est l’autre motivation pour mettre de la drogue dans le verre d’une femme, que de vouloir abuser d’elle ou la violer », a souligné l’ancienne collaboratrice de Laurent Bigorgne, qui a été entendue quatre fois par la police. Elle signifie avoir « découvert dans la presse que les faits avaient été sous-qualifiés » par la justice. « Il n’a reconnu que ce qu’il ne pouvait absolument pas nier. Les faits étaient là, les analyses aussi. Il ne pouvait pas le nier », déplore encore Sophie Conrad.
Elle a également expliqué que les policiers avaient « vraiment travaillé sous pression », l’enquête ayant duré moins de 90 heures. Néanmoins, « il manque des choses dans cette enquête. Je n’ai pas été expertisée. Ils ont retenu zéro ITT, c’est-à-dire aucun préjudice à mon endroit. Alors que je suis juste incapable de retourner travailler, depuis », annonce-t-elle.
« Je comprends la difficulté et la douleur des femmes victimes de violences, comme jamais »
Bien que Laurent Bigorgne ait déjà été impliqué dans une affaire similaire, « aucun lien n’a été fait entre ces deux affaires », a souligné la jeune femme sur RMC. « Quand je suis allée porter plainte, j’ai eu peur pour ma famille, mon emploi, l’emploi de mes collègues. J’avais besoin que ça s’arrête, qu’il n’y ait pas d’autres victimes après », indique-t-elle.
Cependant, pour la victime, c’est une « double peine », celle d’avoir cru que la justice allait la protéger, ce qui n’a pas été le cas, et celle de devoir démontrer elle-même l’intention à caractère sexuel de son ancien directeur. « Je comprends la difficulté et la douleur des femmes victimes de violences, comme jamais », a conclu la jeune femme.
Laurent Bigorgne est quant à lui convoqué devant le tribunal correctionnel de Paris le 10 mars prochain. Il sera jugé pour « administration de substance nuisible suivie d’incapacité n’excédant pas huit jours par une personne agissant sous l’emprise manifeste de produits stupéfiants ».
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