STMicroelectronics a fait la manchette des médias lorsque le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé lundi 5 juin dernier que 2,9 milliards d’euros seraient accordés par l’État à sa nouvelle usine de semi-conducteurs de STMicroelectronics à Crolles. À peine deux jours après, on a appris que l’entreprise franco-italienne allait investir en Chine dans un projet valant 3,1 milliards de dollars. Cerise sur le gâteau, elle est classée au 37è rang parmi les 40 plus importantes sociétés françaises cotées à la bourse (CAC40) selon un palmarès de souveraineté économique publié le 20 juin.
STMicroelectronics et son partenaire américain GlobalFoundries ont obtenu la signature du locataire de Bercy d’un contrat relatif à une subvention publique massive de l’État français pour leur nouveau site dans la vallée du Grésivaudan. Cela s’inscrit dans le cadre du « Chips Act », le programme de l’Union européenne pour défendre la souveraineté économique du Vieux Continent. En outre, on a récemment nommé Nicolas Dufourcq, le directeur général de la Banque publique d’investissement en tant que président du conseil de surveillance de STMicroelectronics. Pour autant, ce dernier « ne compte que 13,76% d’actionnariat français identifié, » pointe la société d’intelligence économique Vélite.
STMicroelectronics « est dangereusement détachée d’un de ses deux pays d’origine »
Dans ce contexte, « il est inquiétant de retrouver STMicroelectronics en si mauvaise posture » dans le « Palmarès Vélite de la souveraineté économique, » pour reprendre les mots d’experts de Vélite.
Publié le mardi 20 juin, ce « Palmarès Vélite de la souveraineté économique » est un rapport interne et indépendant, « de sa conception à sa réalisation ». Il s’appuie sur les indicateurs, qui eux sont calculés à partir d’une méthodologie de l’OCDE permettant d’élaborer des indicateurs institutionnels. Ainsi, on retrace « la contribution d’une entreprise du CAC40 à la souveraineté économique de la France », selon Frédéric Gonand, professeur d’économie de l’Université Paris Dauphine-PSL.
Mais avant même de se lancer dans une investigation profonde et sophistiquée, les auteurs du rapport ont déjà été étonnés de constater que « l’entreprise semble avoir abandonné le français. Ses documents officiels, tout comme son site web ne font pas usage de la langue française : ce dernier est pourtant pourvu d’une version chinoise et japonaise. Ainsi, elle est dangereusement détachée d’un de ses deux pays d’origine ».
L’autre pays en question est l’Italie. Elle détient une participation à part égale par rapport à la France dans STMicroelectronics. Les deux pays voisins représentent donc environ 27,5% du tour de table. Cependant, des éléments clés de cette entreprise, soi-disant franco-italienne, ne se trouvent dans aucun des deux pays : Par exemple, son siège social se situe en Suisse. Ses partenaires et investisseurs privés principaux sont plutôt américains, à l’instar de Microsoft Azure et GlobalFoundries, ou encore BlackRock.
Le chiffre d’affaires de STMicroelectronics est, quant à lui, réalisé à 99,1% à l’étranger. Pour une société faisant partie des CAC40 et massivement subventionnée par l’argent des contribuables français, cela est vraiment étonnant, tout comme l’abandon du français sur son site officiel. En outre, selon le rapport de Vélite, une majorité des centres de R&D de STMicroelectronics est « hors France », tandis que « seul un tiers du top management est de nationalité française ». La société semble donc plus internationale que française dans son organisation.
STMicroelectronics va sérieusement investir en Chine
Dans ses décisions stratégiques, STMicroelectronics se comporte également comme une véritable multinationale. La preuve, l’entreprise siégeant à Plan-les-Ouates en Suisse a annoncé son investissement important dans un projet valant des milliards de dollars en Chine, presque le lendemain de l’obtention des 2,9 milliards d’euros de subventions d’État français.
« Le fabricant franco-italien de semi-conducteurs a annoncé [le] mercredi 7 juin la conclusion d’un accord avec le chinois Sanan Optoelectronics pour la création, à Chongqing, d’une coentreprise de fabrication de composants en carbure de silicium sur plaquettes de 200 mm de diamètre. La répartition du capital de cette coentreprise n’est pas dévoilée, » selon l’Usine Nouvelle. On connaît pour l’heure seulement le montant total du coût d’investissement du projet qui est de l’ordre de 3,2 milliards de dollars, et réparti sur cinq ans.
En citant Pat Gelsinger, le président d’Intel qui disait qu’« il n’y a pas d’innovation sans microprocesseurs, il n’y a pas de révolution sans microprocesseurs, il n’y a pas de sécurité sans microprocesseurs », les chercheurs de Vélite s’inquiètent : « Face à l’avenir, face à nos objectifs ambitieux, la fragilité de STMicroelectronics dans sa contribution à la souveraineté économique française devrait nous préoccuper. »
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