La ministre de la Santé Agnès Buzyn a confirmé lundi la fermeture de la maternité de Bernay (Eure), lors d’une visite de l’établissement, une décision vivement contestée localement.
« Nous prenons cette décision parce qu’aujourd’hui la liste de gardes est insuffisamment robuste. Elle ne repose que sur un seul professionnel et des intérimaires », a déclaré la ministre, dont la venue à Bernay avait été annoncée par le président Emmanuel Macron lors du lancement du grand débat à Grand Bourgtheroulde (Eure). M. Macron avait défendu, au nom de la santé publique, sa fermeture.
« Buzyn baratin », « Buzyn assassin » scandaient des opposants à la fermeture, rassemblés près des grilles de l’hôpital. Les gendarmes ont recensé environ 120 manifestants. « L’ARS ment, le président ment, l’État ment », pouvait-on lire sur une des nombreuses banderoles.
Autre argument avancé par la ministre : « Surtout, un jour, personne d’autre ne voudra reprendre cette activité (d’obstétricien titulaire ndlr) comme ça« , dans ces conditions.
L’obstétricien titulaire, Ibrahim Makké, a affirmé lui que deux autres obstétriciens étaient prêts à venir travailler à Bernay comme titulaires, chacun à mi-temps.
Pour ce médecin qui préside la commission médicale d’établissement, les motivations du gouvernement sont « purement économiques ».
Interrogée par l’AFP sur ce point Mme Buzyn a déclaré : « Je vais vous dire, je me fiche aujourd’hui des déficits malheureusement des hôpitaux. Il y a tellement d’hôpitaux en déficit que si je devais fermer tous les services ou tous les hôpitaux en déficit, j’en fermerais beaucoup plus. Ce n’est pas le sujet ».
« On perd une bataille, pas la guerre. Il faut continuer », a poursuivi M. Makké.
La justice administrative doit prochainement examiner un recours contre la suspension de la maternité et des opposants ont assigné Mme Buzyn devant la justice civile pour dénigrement.
Une fois la maternité de Bernay « transformée en centre de périnatalité », les accouchements auront lieu à Lisieux (à 30 minutes de Bernay ndlr) ou Évreux (50 minutes ndlr), selon la ministre.
Interrogée sur un risque d’accentuer la désertification médicale, Mme Buzyn a répondu : « Au contraire, je propose de réinvestir dans les services qui rendent vraiment service à la population ; on va renforcer les équipes mobiles de gériatrie, on va faire réaménager les urgences, l’ehpad ».
Secrétaire du collectif « Liberté égalité, proximité », Sara Feraud, infirmière à l’hôpital de Bernay, s’est dite « atterrée ». « La gérontologie, c’est évidemment plus rentable que la maternité (…) S’il n’y a plus de maternité, il n’y aura plus d’anesthésiste de garde et peu à peu, c’est la chirurgie qui sera menacée », a-t-elle dit à l’AFP.
La maternité de Bernay a affiché 312 accouchements en 2018 contre « pas tout à fait 400 » en 2017, selon l’ARS.
L’hôpital de Bernay (10 400 habitants) compte 590 emplois équivalents temps plein selon la direction.
D. S avec AFP
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