EUROPE

Moldavie : le « oui » au référendum sur l’UE l’emporte de justesse dans un contexte d’ingérence russe

octobre 21, 2024 15:40, Last Updated: octobre 21, 2024 15:48
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Les Moldaves ont approuvé de justesse dimanche le principe d’une adhésion à l’UE, mais le résultat extrêmement serré sonne comme un camouflet pour la présidente pro-européenne Maia Sandu qui a répliqué en fustigeant des ingérences étrangères.

Le Kremlin a aussitôt exigé des « preuves » concernant ces « graves accusations », tout en dénonçant des « anomalies » dans le comptage des voix du référendum.

Parallèlement, la candidate de 52 ans est arrivée en tête du premier tour de la présidentielle mais se prépare à un second tour difficile.

Après une longue course en tête du « non », le « oui » a finalement pris le dessus lundi matin (50,28%), à quelques milliers de voix près, grâce au vote de la diaspora, après dépouillement de près de 99% des bulletins.

« Une attaque sans précédent contre la démocratie »

Dans sa première réaction officielle en pleine nuit, la cheffe d’État a dénoncé « une attaque sans précédent contre la démocratie » et promis de « ne pas plier ». « Des groupes criminels, agissant de concert avec des forces étrangères hostiles à nos intérêts nationaux, ont attaqué notre pays à coups de dizaines de millions d’euros, de mensonges et de propagande » pour « piéger notre pays dans l’incertitude et l’instabilité », a déclaré Mme Sandu à la presse, le visage grave.

Elle doit s’exprimer de nouveau à 14h00 (11h00 GMT).

Maia Sandu, qui a tourné le dos à Moscou après l’invasion de l’Ukraine voisine et porté à Bruxelles la candidature de son pays, avait convoqué ce référendum pour valider sa stratégie. Et déterminer le « destin » de cette ex-république soviétique de 2,6 millions d’habitants.

Mais son pari a tourné court. Car cette victoire sur le fil, sans remettre en cause les négociations d’adhésion avec les Vingt-Sept, « affaiblit en quelque sorte l’image pro-européenne de la population et le leadership de Maia Sandu », commente pour l’AFP le politologue français Florent Parmentier, spécialiste de la région.

Première femme à occuper, en 2020, les plus hautes fonctions, cette ex-économiste de la Banque mondiale à la réputation d’incorruptible est devenue en quatre ans une personnalité européenne de premier plan.

Le succès de Mme Sandu à la présidentielle loin d’être assuré

Dans un environnement géopolitique compliqué, avec l’Ukraine en guerre et la Géorgie accusée de dérive autoritaire prorusse, la Moldavie donnait à Bruxelles matière à espérer, souligne l’expert. Or après ce revers, un succès de Mme Sandu au second tour, le 3 novembre, est loin d’être assuré.

Avec 42% des voix, elle devance largement Alexandr Stoianoglo (26%), ex-procureur de 57 ans soutenu par les socialistes prorusses. Mais celui-ci peut compter sur les réserves de voix de nombreux petits candidats « et le piège terrible du “Tous contre Sandu” » risque de se refermer sur elle, selon l’analyste.

Pendant la campagne, cet homme à l’allure sévère a appelé à « restaurer la justice » devant un pouvoir prêt selon l’opposition à brimer les droits et a plaidé pour une politique étrangère « équilibrée », de l’UE à la Russie.

Tout au long de la journée dimanche, les Moldaves ont répondu présent, y compris ceux originaires de la région séparatiste de Transdniestrie, qui héberge une garnison de militaires russes.

« Je suis venue donner ma voix pour la prospérité, la paix et le bien-être de notre pays », a dit Olga Cernega, économiste de 60 ans, croisée par l’AFP à Chisinau.

D’autres, comme ce juriste sexagénaire ne souhaitant donner que son prénom, Ghenadie, s’inquiétaient du tournant « occidental » de la Moldavie, d’une perte d’identité.

Un système massif d’achat de votes mis en place par la Russie

Entre opérations de corruption et de désinformation, la police a mené ces derniers mois 350 perquisitions et procédé à des centaines d’interpellations de suspects accusés de vouloir perturber le processus électoral pour le compte de Moscou.

Un système massif d’achat de votes a été révélé, visant jusqu’à un quart des électeurs attendus aux urnes dans le pays de 2,6 millions d’habitants. D’après le groupe de réflexion WatchDog, la Russie a dépensé une centaine de millions de dollars pour influer sur le scrutin.

Avec, à la manœuvre, l’oligarque Ilan Shor, réfugié à Moscou après une condamnation pour fraude. Sur les réseaux sociaux, il a ironisé sur « la déroute » de Maia Sandu et son « échec lamentable ».

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