Le compte à rebours a commencé à la Nasa, peu avant le périlleux survol de l’objet céleste le plus éloigné jamais observé de près, Ultima Thule, situé à quelque 6,4 milliards de kilomètres de la Terre, par une sonde qui doit le photographier la nuit du réveillon.
L’agence spatiale américaine marquera l’entrée dans la nouvelle année par un programme en direct sur son site internet (www.nasa.gov/nasalive), à l’heure où la sonde New Horizons doit passer en trombe au dessus de cette relique glacée des débuts du système solaire. Un film d’animation simulera le survol, prévu à 00H33 à Washington (05H33 GMT) mardi. Il sera accompagné d’un morceau composé pour l’occasion par le guitariste de Queen, Brian May, qui est aussi titulaire d’un doctorat en astrophysique.
Impossible, en revanche, d’avoir des images en direct à cette distance. Un premier signal devrait être reçu sur Terre environ dix heures après le survol, soit 09H45 sur la côte est américaine (14H45 GMT). C’est seulement à ce moment là que la Nasa saura si la sonde a survécu à cette approche à haut risque. Les scientifiques « sont extrêmement nerveux de voir comment cela va se passer », a déclaré Alan Stern, directeur scientifique de la mission.
Un premier cliché d’Ultima Thule, pris à 1,9 million de kilomètres « seulement », a déjà livré une première surprise: sur cette image plutôt floue, cet objet de petite taille (20 à 30 km de diamètre) semble avoir une forme allongée, plutôt que celle d’une roche ronde. D’autres photographies devraient normalement arriver sur Terre au cours des trois prochains jours. L’enjeu de cette mission est de comprendre comment les planètes se sont formées, a expliqué lundi M. Stern lors d’une conférence de presse.
« Cet objet est tellement glacé qu’il est conservé dans sa forme originelle », a-t-il souligné. « Tout ce que nous allons apprendre sur Ultima – sa composition, sa géologie, comment il s’est formé, s’il a des satellites ou de l’atmosphère – nous renseignera sur les conditions de formation des objets du système solaire. »
Ultima Thule, découvert en 2014 par le télescope spatial Hubble, se trouve dans la ceinture de Kuiper, un vaste disque cosmique reliquat de l’époque de la formation des planètes que les astronomes appellent parfois le « grenier » du système solaire. Les scientifiques ont décidé d’envoyer New Horizons l’étudier, après que la sonde eut accompli en 2015 – neuf ans après son lancement – sa principale mission: envoyer des images extrêmement détaillées de Pluton.
Cette fois, « on va essayer d’avoir des images d’Ultima avec une résolution trois fois supérieure à celle utilisée pour Pluton », a expliqué M. Stern. « Si on y arrive, ce sera spectaculaire. » Mais la mission est dangereuse. New Horizons parcourt l’univers à 51.500 kilomètres par heure. A cette allure, si elle heurtait un débris aussi petit qu’un grain de riz, elle pourrait être détruite instantanément. La sonde est censée s’approcher à 3.500 km de la surface d’Ultima et le survoler à une vitesse de 14 km par seconde.
Toutes les 20 minutes, les caméras et les capteurs infrarouges de la sonde capturent des images de la roche dans l’espace pour « qu’à mesure qu’elle tourne et que nous nous rapprochons, nous ayons de bonnes données de toutes les parties », a confié John Spencer, un scientifique de Southwest Research Institute.
Ultima Thule a été nommé ainsi d’après une île lointaine de la littérature médiévale. « Cela signifie au-delà de Thule – au-delà des limites connues de notre monde, pour symboliser l’exploration au-delà de la ceinture de Kuiper », a expliqué l’agence spatiale dans un communiqué. Découverte seulement dans les années 1990, cette ceinture se trouve à quelque 4,8 milliards de kilomètres du Soleil, au-delà de l’orbite de Neptune, la planète qui en est la plus éloignée.
« C’est la frontière de l’astronomie », souligne le scientifique Hal Weaver, de l’université Johns Hopkins. « Nous avons finalement atteint les limites du système solaire », s’enthousiasme-t-il. « Ces choses sont là depuis le début et on pense qu’elles n’ont pas changé. On va vérifier. » Malgré la paralysie partielle des administrations fédérales, à cause d’un bras de fer entre le président Donald Trump et l’opposition démocrate sur le financement d’un mur à la frontière avec le Mexique, la Nasa, qui dépend des budgets fédéraux, a promis que son site serait alimenté.
Son administrateur Jim Bridenstine a également promis des nouvelles d’une autre sonde, OSIRIS-REx, qui doit se mettre en orbite autour de l’astéroïde Bennu la nuit de la Saint-Sylvestre. Dans un éditorial publié dans le New York Times, Alan Stern a souligné qu’il y a 50 ans, des hommes s’étaient pour la première fois mis en orbite autour de la lune, à bord d’Apollo 8.
Notant qu’Ultima Thule est à 17.000 fois cette distance, il a ajouté: « Quand vous célébrerez le Nouvel An, jetez un oeil vers le ciel et réfléchissez un moment aux choses formidables que notre pays et notre espèce peuvent réaliser quand ils le décident. »
D.C avec AFP
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