En tant que défenseur des droits humains, je considère la négation de la liberté religieuse, y compris la répression des membres de l’Église du Dieu-tout-puissant, et la négation de tous les droits humains fondamentaux en Chine comme un des problèmes les plus importants du monde actuel. Les implications en sont grandes, non seulement pour la liberté individuelle mais pour l’idée même de liberté.
Ces problèmes affectent, d’une part, des millions de nos frères et sœurs. La Chine a une population d’1,4 milliard de personnes. C’est plus que les populations entières d’Amérique du Nord, Amérique du Sud, Australie, Nouvelle Zélande et Europe rassemblées.
Ces chiffres impressionnants signifient aussi que les victimes sont en très grand nombre. D’après l’association Human Rights Without Frontiers, qui répertorie les prisonniers de conscience dans le monde, la Chine est la plus grande prison au monde pour croyants, quelle que soit leur foi. Les experts pensent que le nombre de personnes détenues du fait de leur croyance n’a jamais été aussi important depuis la Grande Révolution culturelle.
Parmi eux, un grand nombre de protestants évangélistes ou pentecôtistes membres d’églises domestiques – auxquelles appartiennent plus de la moitié des protestants chinois. La pression sur ces églises a significativement augmenté, le régime les poussant à s’enregistrer et à accepter de dépendre de l’autorité gouvernementale, sous peine d’être qualifiés de « sectes ». Ils font face à une surveillance accrue allant jusqu’à la saisie de leur biens ainsi que l’agression physique et l’arrestation des pasteurs.
Concomitamment, le nombre de protestants grandit à une vitesse considérable en Chine au point que certains parlent d’éveil religieux. Depuis 1979, le nombre de protestants augmente de 10 % chaque année ; à ce rythme, la Chine aura d’ici 12 ans la plus grande population de chrétiens au monde.
Les millions de protestants chinois ne se considèrent pas comme un groupe religieux ou comme une opposition politique. Mais toute communauté de croyants, dans un régime autoritaire ou totalitaire qui exige une loyauté politique absolue, est considéré comme une menace à l’autorité de l’État. Pour cette raison, l’État chinois est devenu de plus en plus intrusif dans les affaires religieuses ces dernières années.
Les autorités invoquent des éléments de la tradition philosophique et sociale pour justifier leurs autoritarisme et nationalisme ethniques. La religion est une menace pour ce régime dans lequel l’athéisme est un combat, au point que les autorités répriment les citoyens célébrant le festival perse de Nowruz.
Que se passera-t-il quand une large communauté protestante se trouvera face à une politique de contrôle par l’État des droits individuels à la liberté, une politique qui va jusqu’à évaluer la loyauté des citoyens en surveillant leurs habitudes de lecture et de communication ? Les censeurs chinois sont si paternalistes qu’ils ont interdit le jeu vidéo « les Sim’s » pour allusions homosexuelles.
La Chine est le foyer de plus de 10 millions de catholiques. Un accord récent et douteux passé avec le Vatican va les mettre plus encore qu’auparavant sous contrôle gouvernemental.
Les autorités chinoises interdisent le jeûne au moment du Ramadan et brûlent le Coran ; d’après l’association chrétienne ChinaAid, les autorités veulent éradiquer totalement l’Islam de la province du Xinjiang.
Là encore, le régime, sans que ce soit nécessaire, alimente l’extrémisme islamiste qu’il affirme combattre. Le Xinjiang est historiquement habité par les Ouighours, et ne sont sous contrôle chinois que depuis le 18e siècle. Aujourd’hui, ils représentent plus que la moitié de la population de leur province. Ils sont fichés et suivis grâce aux nouvelles technologies, et soumis à des restrictions de déplacement. Pire encore, ils sont envoyés dans les « camps de rééducation ». D’après certaines estimations, un million de personnes seraient détenues dans ces camps et torturées, ce qui inclut d’être forcées à manger du porc et boire de l’alcool.
La violente persécution des pratiquants du mouvement spirituel Falun Gong ne doit évidemment pas non plus être oubliée. Un bureau spécial a été créé avec pour objectif explicite de les éliminer. Effectivement, nombreux parmi eux disparaissent après avoir été arrêtés et envoyés dans des prisons ou des camps de travaux forcés.
La Chine piétine la liberté religieuse et les autres droits humains en affirmant les protéger par ce qu’elle a amélioré le niveau de vie dans le pays. Tout le monde comprend que la culture chinoise accorde une grande importance au collectif et n’est pas aussi individualiste que les sociétés occidentales. Mais ceci n’excuse rien : les droits individuels n’empêchent pas la loyauté au groupe.
On peut dire sans exagérer que le régime chinois n’accepte pas la notion de droits humains. Il ne s’est jamais engagé à préserver les droits naturels des individus, ceux qui précèdent l’État et doivent contraindre les lois créées par les gouvernements.
Cette idée des « droits humains » vient du principe de l’existence de droits naturels. Mais les principes officiels du gouvernement chinois sur cette question sont que les droits humains sont donnés par la société à l’individu. Alors si la « société » – c’est à dire le gouvernement, accorde des droits, elle peut les retirer. Dans cette vision, les droits humains ne sont pas différents des lois.
Les victimes de l’oppression chinoise savent que ce n’est pas vrai, que les droits humains existent par nature et sont sacro-saints. Ils le savent parce qu’ils les ont perdus. Il n’ont pas seulement besoin de notre protection, mais de pouvoir être accueillis dans nos sociétés libres et pluralistes, au moins tant que la Chine n’aura pas arrêté de violer les normes internationales sur les droits humains et tant qu’elle n’aura pas commencé à participer au grand projet d’un monde fait d’États libres, en paix les uns avec les autres, où chacun pourra penser et prier comme il le souhaite.
Cet article est le texte d’un discours fait au Parlement Européen le 27 juin 2018 sur les persécutions religieuses en Chine, présenté par l’association Human Rights Without Frontiers.
Aaron Rhodes est un militant des droits humains, professeur d’universités, basé à Hambourg, en Allemagne.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de son auteur et ne représentent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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