Une pétition réclamant une enquête sur la suppression par Twitter de critiques envers le Parti communiste chinois (PCC) a récemment été déposée à la Maison-Blanche, après que la société américaine de médias sociaux a nommé une nouvelle directrice ayant « des liens étroits avec les principaux dirigeants du PCC ».
La pétition, intitulée Appel pour une enquête approfondie sur la violation de la liberté d’expression sur Twitter, a été déposée le 20 mai. La pétition soutient que « Twitter a supprimé les comptes de détracteurs du PCC et a suspendu les comptes de dissidents [politiques chinois] alors que les comptes pro-Pékin se portent bien ».
À ce jour, la pétition en ligne a reçu le soutien de plus de vingt-sept mille signataires.
Le 11 mai, la populaire plateforme de médias sociaux basée à San Francisco a annoncé la nomination de l’informaticienne Li Fei-Fei à son conseil d’administration, en tant que nouvelle administratrice indépendante. Le Dr Li a été vice-présidente et responsable scientifique de l’Intelligence artificielle (IA) chez Google Cloud et a dirigé les efforts du géant de la recherche web en matière de développement d’opérations d’IA en Chine.
Les comptes des détracteurs sont suspendus, mais la propagande se poursuit
Selon la pétition, « le 18 mai 2020, sans surprise, [les comptes] de nombreux utilisateurs anti-PCC de Twitter ont été suspendus, certains définitivement ».
Une semaine après que Dr Li a rejoint le conseil d’administration de Twitter, le compte de Caijinglenyan (財經冷眼), un utilisateur chinois sur Twitter, a été suspendu sous prétexte de violation des règles interdisant la publication de contenus identiques sur des comptes dupliqués. L’auteur du compte a découvert que quatre de ses comptes avaient été supprimés.
L’auteur pense que ses comptes ont été suspendus parce qu’il a exposé le « passé rouge » de la nouvelle directrice de Twitter et allègue que Li Fei-Fei a été membre d’une association d’étudiants affiliée au département du Front uni du PCC.
L’auteur a déclaré n’avoir publié le contenu que sur un de ses comptes et l’avoir retweeté sur ses autres comptes. Il a fait valoir que Twitter n’a pas de politique qui empêche un utilisateur d’avoir plus d’un compte.
L’auteur a déclaré qu’une personne qui le suit sur Twitter a également affirmé avoir vu son compte suspendu pour avoir simplement tweeté : « Li Fei-Fei arrive, je prends mes jambes à mon cou. »
Twitter a été interdit en Chine. Toutefois, l’interdiction n’empêche pas les officiers du PCC de tous les paliers hiérarchiques ainsi que les médias d’État chinois d’avoir des comptes Twitter en dehors de Chine. Et par l’entremise de la plateforme du média social américain, Pékin répand sa propagande dans le monde occidental.
Par exemple, Hua Chunying, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, a tweeté de nombreuses déclarations propagandistes via son compte @SpokespersonCHN.
Le 5 mai, Mme Hua a tweeté un article de China Xinhua News niant que Wuhan était à l’origine du Covid-19. Xinhua News est le porte-voix officiel du PCC – et est souvent qualifié par les Chinois de média qui, mis à part la date, ne publie rien de vrai.
Depuis février 2012, Xinhua News détient le compte @XHNews. Le 8 juin, l’agence a tweeté plusieurs déclarations de propagande sur son compte Twitter : « Les observateurs étrangers font l’éloge du livre blanc de la Chine sur #Covid19, disant qu’il apporte une grande inspiration à la lutte mondiale contre la pandémie xhnew.ws/YcWnh. »
L’article cite des déclarations de médias ou de responsables de Namibie, d’Égypte, du Kazakhstan et de l’Équateur qui louent la manière dont le régime chinois a fait face à la pandémie.
Un autre porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Zhao Lijian, a tweeté début mars que « c’est peut-être l’armée américaine qui a introduit l’épidémie à Wuhan ».
Les comptes Twitter de Mme Hua, M. Zhao et Xinghua News poursuivent leurs opérations sans être restreints.
Les liens entre Li Fei-Fei et la Chine
Mme Li, la nouvelle directrice de Twitter, est bien connue pour ses liens avec le PCC. Elle a mis en place les opérations d’IA de Google Cloud en Chine, en partenariat avec le principal institut d’IA chinois de l’Université de Tsinghua.
L’Université de Tsinghua aurait reçu un soutien de plus de 100 millions de yuans (12,56 millions d’euros) du Comité des sciences et des technologies de la Commission militaire centrale de Chine – un organe du Parti qui supervise l’armée – pour travailler sur un projet d’IA à des fins militaires.
Lors du lancement du centre d’IA de Google en Chine en décembre 2017, le portail médiatique chinois Sina a rapporté une déclaration de Li Fei-Fei selon laquelle elle aurait avancé l’idée de créer un centre d’IA en Chine, en collaboration avec les PDG de Google et de Google Cloud, juste après avoir rejoint la compagnie en janvier 2017.
Dr Li aurait également déclaré : « La Chine est comme un géant endormi. Quand elle se réveillera, elle secouera le monde », selon un rapport de décembre 2017 publié sur le portail chinois sohu.com.
Elle a ajouté que, dans le domaine de l’IA, la Chine s’est déjà réveillée, selon le rapport.
Selon un reportage de CNN, Li Fei-Fei est une citoyenne américaine qui a immigré de Chine avec ses parents en 1992 alors qu’elle avait 16 ans.
Elle a obtenu une licence de physique à l’Université de Princeton en 1999 et un doctorat au California Institute of Technology en 2005. Elle a été directrice du laboratoire de recherche sur l’IA de Stanford de 2013 à 2018.
De nombreux médias et responsables du régime chinois ont fait l’éloge de Li Fei-Fei, la qualifiant de talent exceptionnel dans le domaine de l’IA.
Elle a été l’une des lauréates du prix 2017-2018 « You Bring Charm to the World Award » (le prix ‘tu apportes du charme au monde’), un prix sponsorisé par plusieurs médias chinois et décerné à des Chinois qui influencent la perception de la Chine dans le monde.
En décembre 2017, le think tank chinois sur la Chine et la mondialisation Center for China and Globalization l’a nommée parmi les 50 Chinois ayant le mieux réussi leurs études à l’étranger. Cette reconnaissance a été annoncée lors d’une conférence organisée par plusieurs agences gouvernementales.
Le régime chinois a cherché à utiliser des experts et des professionnels chinois formés à l’étranger pour étendre son influence dans le monde.
En 2015, le département de travail du Front uni du Parti, un organisme chargé d’opérationnaliser l’influence du régime à l’étranger, a spécifiquement désigné une nouvelle priorité de collaboration avec les Chinois qui ont étudié à l’étranger, a rapporté le quotidien d’État China Daily.
Les collaborations passées de Li Fei-Fei avec des organisations chinoises contrôlées par le PCC sont apparemment la principale source d’inquiétude à l’origine de la pétition déposée à la Maison-Blanche.
Inquiétudes quant à l’influence du régime chinois
Deux législateurs américains, le sénateur Ben Sasse (Parti républicain,Nebraska) et le député Mike Gallagher (Parti républicain, Wisconsin), ont transmis une lettre au PDG de Twitter, Jack Dorsey, le 20 mars dernier, exhortant la plateforme de médias sociaux à bloquer l’accès à Twitter à tous fonctionnaires étrangers dont l’utilisation de Twitter est interdite dans leur propre pays, en particulier les fonctionnaires chinois.
La République populaire de Chine « bloque l’accès [des citoyens chinois] à Twitter mais utilise votre plateforme pour répandre sa propagande », indique le législateur dans la lettre. La lettre indique également qu’ « en interdisant Twitter en Chine, le Parti communiste chinois maintient ses citoyens dans l’ignorance. En répandant sa propagande sur Twitter, le Parti communiste chinois ment au reste du monde ».
« Alors que la pandémie de coronavirus touche les familles, les gouvernements et les économies du monde entier, le Parti communiste chinois mène une vaste campagne de propagande pour réécrire l’histoire du Covid-19 et blanchir les mensonges du Parti au peuple chinois et au monde entier », indique la lettre.
Le régime chinois cherche depuis longtemps à influencer les médias du monde et à supprimer tout reportage critique à son égard. Un rapport de mars 2019 de Reporters sans frontières indique que le régime chinois a mené une guerre contre les médias du monde entier sous l’appellation « combattre les forces occidentales ‘hostiles' ». En Chine, les chaînes de télévision d’État ont diffusé au moins 29 aveux forcés impliquant des journalistes ou des blogueurs depuis 2013.
En novembre 2018, la Hoover Institution de l’Université de Stanford a publié un rapport documentant l’étendue des opérations d’influence de la Chine à l’intérieur des États-Unis. Ce rapport de 200 pages, intitulé « Chinese Influence & American Interests« (l’influence chinoise et les intérêts américains), met en lumière l’influence du régime chinois sur le Congrès américain, les gouvernements des États et les collectivités locales aux États-Unis, ainsi que sur les universités, les groupes de réflexion, les entreprises, la technologie et la recherche américaines.
La pétition déposée récemment à la Maison-Blanche demande « une enquête approfondie sur la violation de la liberté d’expression sur Twitter, et sur les liens entre le Dr Fei Fei Li et le PCC, une menace pour la sécurité nationale ».
Epoch Times a contacté Twitter pour des commentaires sur cette pétition, mais n’a reçu aucune réponse au moment de la publication de cet article.
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