Les forces de l’ordre ont commencé jeudi matin à évacuer un camp de migrants à Mardyck (Nord), qui a accueilli ces dernières semaines quelques centaines de personnes, dont 200 étaient encore sur place mercredi, a-t-on appris auprès de militants, une opération confirmée par la préfecture.
Selon Amélie Moyart, coordinatrice de l’association Utopia 56, l’évacuation a débuté aux alentours de 7h30, et l’important dispositif policier, incluant une vingtaines de fourgons de CRS et un périmètre de sécurité, ne permettait pas aux associations d’accéder à la zone.
Les CRS quittent les lieux et laissent place aux engins de chantier pour finir la destruction du campement. Une scène hebdomadaire qui selon @Interieur_Gouv a pour objectif de dissuader les personnes de traverser la Manche. Échec et/ou mensonge ? ⬇️ pic.twitter.com/joRfVP7J4Y
— Utopia 56 (@Utopia_56) May 4, 2023
Installé sur un lieu privé, le « seul disponible »
L’opération, menée suite à une ordonnance du tribunal judiciaire, s’est déroulée « dans le calme », permettant aux personnes « qui le souhaitaient » de « repartir avec leurs effets personnels », avant l’enlèvement du matériel « restant » sur le terrain, a assuré à la presse le sous-préfet de Dunkerque, François-Xavier Bieuville.
Utopia 56 estime que « 400 personnes survivaient » la semaine dernière sur ce campement installé en décembre après une précédente évacuation. « Jusqu’à 500 repas » ont été quotidiennement distribués en février. Selon la préfecture, 219 migrants ont « accepté une mise à l’abri », montant dans des bus vers des centres d’hébergement d’urgence de la région. Environ 350 personnes occupaient le site avant l’intervention, avait dit plus tôt le sous-préfet.
« Ces centres sont éloignés, à 1h30 du littoral. Les familles qu’on suit n’ont pas accepté d’y aller » car « leur objectif est d’être ici » pour rejoindre l’Angleterre, a dit à l’AFP Louise Borel, de l’association Refugee Women Center, présente sur place. Selon elle au moins une quinzaine de personnes « redemandent des tentes et sacs de couchage » après s’être « vus confisquer leurs affaires ».
« C’est une grande plaine, qui permettait aux gens d’avoir assez d’espace, mais en plein vent, fermée entre grillages, canal, et chemin de fer, à l’écart de tout car à 40 minutes du premier arrêt de bus », a décrit Amélie Moyart. Le lieu n’était « ni aménagé ni sécurisé » et « aucune association mandatée par l’Etat n’y intervenait », mais c’était « le seul disponible », a-t-elle dit. Le campement était situé sur des terrains privés appartenant au Port de Dunkerque, concédés à l’entreprise Total.
Un campement déplacé à plusieurs reprises
Sur les sept derniers jours, elles assurent y avoir rencontré « au moins 50 familles et 11 mineurs isolés ». « En seulement deux ans, le campement a été déplacé sur trois communes passant de Grande-Synthe à Loon plage, et enfin Mardyck », ont-elles précisé, des évacuations qui ajoutent « à leur précarité », sans rien régler. Car « en dépit des conditions extrêmement précaires et de l’emprise des réseaux », des milliers de migrants continuent de tout tenter pour rejoindre l’Angleterre.
En 2022, environ 46.000 personnes ont traversé la Manche à bord de petites embarcations. Cinq sont mortes et quatre ont disparu dans ces dangereuses traversées, selon le décompte de la préfecture maritime.
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