Trois mois après l’incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris, le Parlement français donne mardi son feu vert au projet de loi visant à répondre à l’ambition d’Emmanuel Macron d’achever en cinq ans la restauration de la cathédrale, qui attire à nouveau les touristes du monde entier.
« Elle a l’air merveilleuse. Je sais qu’il y a beaucoup de travail mais on a l’impression qu’elle va s’en sortir« , assure Ryan Fitzpatrick, avocat américain en vacances, parmi le joyeux tumulte des guides et des touristes qui a repris devant le monument. Mais les grilles empêchant l’accès au parvis, les hommes en combinaison blanche et la large béance dans la toiture rappellent l’incendie dévastateur du 15 avril.
Chef-d’œuvre de l’art gothique, la cathédrale a été frappée par un incendie qui a détruit sa charpente et la flèche. Peu après, le président Macron a fixé un délai de cinq ans pour que l’édifice retrouve sa grandeur, au terme d’une restauration qui divise puristes et modernistes.
C’est cette ambition controversée que s’efforce de servir un projet de loi qui doit être approuvé mardi après-midi par le Parlement français. « Un délai ambitieux, volontariste qui permet de mobiliser l’ensemble des équipes concernées », a avancé le ministre de la Culture Franck Riester, tandis que l’opposition dénonce un objectif irréaliste motivé par les jeux olympiques de Paris en 2024.
« Nous ne confondons pas vitesse et précipitation », s’est défendu le ministre rappelant que la cathédrale n’est pas encore « totalement sauvée », qu’il existe toujours « un risque » d’effondrement. L’objectif « est d’offrir à Notre-Dame une restauration à la hauteur de la place qu’elle occupe dans le cœur des Français et dans le monde entier », a-t-il plaidé.
Le projet de loi entend pour cela organiser et contrôler la collecte et l’utilisation des dons qui ont afflué et coordonner les travaux délicats à mener sur un joyau du patrimoine. L’opposition a dénoncé une « loi d’exception inutile » instaurant des « dérogations inadmissibles » aux règles du patrimoine.
Le texte entérine l’ouverture au 16 avril d’une souscription nationale pour recevoir les dons promis par les particuliers, des entreprises et des collectivités, dont le montant annoncé dépasserait les 850 millions d’euros. Le ministre a cependant appelé à la prudence ceux qui évoquaient déjà des excédents: « seules un peu plus de 10% des promesses de dons ont été concrétisés » et « le coût des travaux n’est pas encore chiffré », a-t-il souligné.
Au regard de l’ampleur des sommes en jeu, des mécanismes de contrôle ont été prévus pour s’assurer de leur bonne gestion. Un établissement public placé sous la tutelle du ministre de la Culture, sera chargé d’assurer la conduite et la coordination des études et des travaux avec l’aide d’un Conseil scientifique. Mais la principale pomme de discorde entre majorité et opposition a porté sur les dérogations aux règles d’urbanisme et de protection de l’environnement prévues dans le texte pour accélérer les travaux.
En réponse aux critiques, le gouvernement a accepté de figer dans la loi certaines d’entre elles, concernant « l’architecture préventive », « la durée d’instruction des autorisations temporaires » ou encore « l’autorisation de certaines publicités sur des bâches ou des palissades de chantier ». La question architecturale a également été discutée, même si elle n’est pas abordée directement dans le texte.
Ainsi, certains parlementaires, inquiets de l’expression « geste architectural contemporain » utilisée par Emmanuel Macron à propos de la future flèche, ont exigé sans succès l’engagement d’« une reconstruction à l’identique » ou « fidèle à son état visuel connu ». Mais pour les touristes, quels que soient les débats, l’essentiel est que le monument retrouve son éclat.
La catastrophe a « brisé le cœur », de Juan Manuel, un Vénézuélien en visite à Paris. La cathédrale « appartient à l’histoire du monde », estime de son côté une touriste australienne.
E.T avec AFP
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