Origin’Info, nouveau logo pour les produits alimentaires transformés, permettra de connaître la provenance de leurs ingrédients : mais l’indicateur, réclamé par le monde agricole, se fera seulement sur la base du volontariat, déplorent les associations de défense des consommateurs.
L’opération vise à « délivrer une information neutre et objective sur l’origine des produits alimentaires », avait indiqué en mars la ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation, Olivia Grégoire.
Sur la base du volontariat
Le logo d’Origin’Info a été révélé vendredi par le journal Le Parisien. Bleu ou noir, très neutre, il pourra être apposé directement sur les emballages, et mentionnera les trois principales matières agricoles du produit et leurs pays d’origine. Sur une photo d’illustration représentant un plat de pâtes à la bolognaise, on lit ainsi « Blé France », « Tomates Italie » et « Bœuf France ».
80 marques s’engagent pour une meilleure transparence sur l’origine des produits alimentaires transformés.
🛒D’ici fin d’année, cela pourrait représenter au moins 10 000 références en rayon.L’objectif est simple : une information neutre, claire et efficace pour le consommateur. https://t.co/iDT7MeQyOZ pic.twitter.com/7ep0fN1zDu
— Olivia Gregoire (@oliviagregoire) May 25, 2024
Le logo pourra être complété par une mention du lieu de transformation du produit – à laquelle tiennent notamment les PME et ETI françaises de l’alimentation réunies dans Pact’Alim, et par un graphique symbolisant la part de chaque pays dans la composition. « Cette initiative est le sens de l’Histoire », considère Mme Grégoire dans Le Parisien, car « pour plus de 80% des consommateurs », les « éléments saillants qui déterminent l’acte d’achat » sont « le prix et l’origine géographique du produit ». Mais le dispositif ne se fera que sur la base du volontariat, pour rester dans le cadre du droit européen.
Plus de 10.000 références concernées
Quatre-vingts entreprises ont déjà signé la charte Origin’Info, annonce Bercy samedi. Parmi elles, Fleury Michon, Bonduelle, D’Aucy, Lesieur, Panzani ou Saint-Mamet, et la plupart des grands distributeurs, Auchan ayant signé mais ne se lançant qu’en 2025. Entre l’été et la fin d’année, plus de 10.000 références pourraient être concernées, selon le ministère.
L’initiative « répond aussi aux attentes exprimées par les filières agricoles, qui attendent davantage de transparence de la part des entreprises de la transformation alimentaire en plus des obligations réglementaires déjà existantes », estime dans le communiqué le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, enjoignant aux entreprises de « se joindre massivement à cette démarche collective ».
Les associations de défense des consommateurs Familles rurales, Foodwatch et UFC-Que Choisir, ont salué « la démarche en faveur de plus de transparence », mais regretté qu’elle doive être volontaire. « Les marques ayant une politique d’approvisionnements aux origines multiples, variables ou lointaines ne seront pas incitées à faire preuve de plus de transparence », observent-elles dans un communiqué commun.
Les étiquettes électroniques en rayon
L’UFC-Que Choisir avait publié fin mars une étude montrant que pour plus des deux tiers des ingrédients des aliments transformés (conserves, plats préparés, salades, sandwich, charcuteries…), les fabricants renseignent peu ou pas l’origine. Avec le volontariat, « pour les fabricants qui ne veulent absolument rien faire, c’est possible », a déclaré à l’AFP Olivier Andrault, chargé de mission alimentation à l’UFC-Que Choisir.
Les associations contestent aussi la possibilité pour les fabricants de dématérialiser l’information avec un QR Code sur le produit, obligeant l’acheteur à l’ouvrir avec son téléphone, alors qu’en outre « près du quart n’ont pas de smartphone », rappelle Olivier Andrault. C’est pour que l’entreprise n’ait pas à « modifier régulièrement le packaging » si les ingrédients changent d’origine en fonction des saisons, comme les fraises dans les yaourts ou les tomates dans la sauce tomate, explique la ministre dans Le Parisien.
Les informations Origin’Info pourront aussi figurer sur les étiquettes électroniques en rayon, et sur les sites de drive des enseignes. Pour CLVC (Consommation, Logement, Cadre de Vie), Origin’Info « ne doit pas occulter le déploiement du Nutri-Score » qui concerne la qualité nutritionnelle des produits. CLVC craint que « certaines marques affichent uniquement le logo qui leur est avantageux ».
Pact’Alim salue ce nouveau « dispositif volontaire », souhaitant toutefois pouvoir l’évaluer dans un an, notamment en termes de coût. Enfin, tant Pact’Alim que les associations de défense des consommateurs enjoignent à Mme Grégoire de porter à l’échelon européen l’obligation d’adopter dès 2025 une mesure comme Origin’Info.
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