Le groupe chinois Wanda, un conglomérat multinational connu pour ses activités dans l’immobilier et le cinéma, a annoncé un investissement de 12 milliards de yuans (1,56 milliard d’euros) pour construire un parc à thème communiste à Yan’an, la ville qui a servi de base principale au Parti communiste chinois (CCP) lors de la guerre civile en Chine.
L’investissement de Wanda s’inscrit dans la perspective du 100e anniversaire de la fondation du PCC, créé en juillet 1921 à Shanghai en tant qu’un petit groupe radical.
Le 13 décembre, à Pékin, le groupe Wanda a organisé une cérémonie de signature d’un accord avec le gouvernement municipal de Yan’an. Lors de cette cérémonie, Xu Xinrong, secrétaire du PCC de la ville de Yan’an, et Wang Jianlin, fondateur de Wanda, ont annoncé la construction du parc à « thème révolutionnaire ».
Les travaux devraient commencer en 2019 et l’ouverture du parc est prévue pour le premier semestre 2021, à temps pour l’anniversaire.
Cette décision coûteuse a été suivie des spéculations selon lesquelles Wang Jianlin, un ancien officier de l’armée chinoise, ferait preuve de loyauté envers le Parti communiste dans l’espoir de garantir sa future sécurité politique.
Thème révolutionnaire
Dans les années 1930, alors que ses bases au sud du pays étaient attaquées par les forces du gouvernement nationaliste chinois, le PCC s’est engagé dans la Longue Marche et a établi une nouvelle redoute à Yan’an, au nord de la province du Shaanxi, dans le nord-ouest de la Chine.
Yan’an a joué un rôle principal en tant que quartier général des communistes chinois tout au long de la Seconde Guerre mondiale et en tant que ville où Mao Zedong a lutté avec d’autres cadres supérieurs pour devenir le chef incontesté du Parti.
Puisque la période de Yan’an a été marquée par l’expansion massive de l’influence communiste à travers la Chine rurale, cette ville occupe une place spéciale dans l’histoire officielle du Parti.
Par conséquent, la « culture rouge » est au centre du projet de Wanda. Le parc à thème révolutionnaire, d’une superficie de presque un kilomètre carré, comprendra des attractions intérieures et extérieures à thème communiste, un cinéma et des centres de villégiature.
Xu Xinrong, chef du Parti à Yan’an, a déclaré que le parc aidera à « éduquer en profondeur » les touristes sur la culture du Parti communiste.
« Wanda s’est engagé à respecter l’esprit de Yan’an », a ajouté Wang Jianlin.
Ce nouveau projet, ainsi que plusieurs autres projets de Wanda annoncés et entrepris au cours des dernières années, semble être un investissement politique plutôt qu’économique.
Auparavant, Wanda avait annoncé un projet dans la ville de Lanzhou, dans l’ouest de la Chine, visant à soutenir la gigantesque initiative chinoise des projets d’infrastructure « One Belt, One Road – OBOR » (une ceinture, une route), souvent qualifiée de « nouvelles routes de la soie ». Lanzhou est la capitale de la province du Gansu et un point important de l’ancienne route de la soie qui reliait Chang’an, l’ancienne capitale de la Chine, à l’Asie centrale et à l’Europe.
En plus de ces deux projets, Wanda avait signé une lettre d’intention avec la ville de Zunyi, un autre endroit emblématique de l’histoire du PCC, pour y construire également un parc à thème communiste.
Wanda a connu un certain succès avec un projet dans la ville de Danzhai, aussi située dans la province du Guizhou. Entre juillet 2017 et le même mois de cette année, la société a attiré 5,5 millions de touristes.
Contrairement à Danzhai, entourée de nombreux paysages pittoresques et d’une riche culture ethnique locale, Lanzhou, Yan’an et Zunyi ont peu d’attrait au-delà de leur importance dans l’histoire du communisme en Chine.
Loyauté envers le Parti
Un nombre croissant de célébrités, de propriétaires d’entreprises et de responsables chinois ont démontré leur loyauté envers le PCC en visitant ses sites historiques emblématiques et en y encourageant le développement du tourisme.
Les investissements de Wanda dans Yan’an et Zunyi s’alignent aux courbettes similaires d’autres magnats fortunés, de stars de cinéma et de responsables chinois.
Ma Huateng, fondateur de Tencent et l’un des Chinois les plus riches selon la liste mondiale des milliardaires de Forbes 2018, et Richard Liu, fondateur de JD.com, se sont rendus à Yan’an en juin dernier.
Jack Ma, PDG du groupe Alibaba, a publiquement affirmé qu’il avait eu l’idée de fonder le service d’achats en ligne Taobao lors de sa visite à Yan’an et que l’esprit du Parti était son « trésor ».
Wang Jianlin, le fondateur de Wanda âgé de 64 ans, a été classé parmi les Chinois les plus fortunés par Hurun Global Chinese Rich List en 2016 et par la liste mondiale des milliardaires de Forbes 2017. Il a rejoint l’Armée populaire de libération (APL) à l’âge de 16 ans, où il a gravi les échelons en tant que militaire de carrière pendant encore 16 ans.
En 1986, Wang Jianlin a quitté son poste de directeur adjoint du bureau de gestion du Collège d’armée de la PLA pour rejoindre le gouvernement municipal de Dalian dans le nord-est de la Chine. En août 1992, il a fondé Wanda avec le soutien des autorités de la ville. À cette époque, le maire suppléant de Dalian était Bo Xilai.
Plus tard, Bo Xilai est devenu maire de Dalian et membre du Politburo du PCC. Ses ambitions ont pris fin en 2012 à cause de l’incident avec Wang Lijun, à la suite duquel Bo Xilai a fait l’objet d’une enquête et a été condamné à perpétuité.
Next Magazine, un hebdomadaire publié à Taiwan et à Hong Kong, a rapporté en août 2017 que Wang Jianlin et Bo Xilai entretenaient une relation politico-commerciale étroite dans laquelle Wang agissait en tant que « banque » ou investisseur de Bo.
Après la chute de Bo Xilai, Wang Jianlin a commencé à utiliser le groupe Wanda pour faire d’importants investissements à l’étranger, notamment l’acquisition de la chaîne de cinéma américaine AMC Theatres.
Mais au cours des deux dernières années, le PCC a mis un frein aux activités de Wanda à l’étranger, limitant le montant des capitaux qu’elle peut sortir de Chine et l’obligeant même à vendre certains actifs étrangers. En 2017, Wang a répondu à ces mesures en déclarant fréquemment que Wanda « garderait ses principaux investissements en Chine ».
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