En arrivant sur le site pour prendre leur service dans la matinée du 10 janvier, les salariés de l’entreprise ont découvert que leur patron avait fait disparaître les camions dont ils se servaient pour livrer les colis.
Le vendredi 10 janvier, les 25 salariés de l’entreprise B2S – un sous-traitant d’Amazon spécialisé dans la livraison de colis – se sont présentés sur la zone d’activité de Torremilia, près de l’aéroport de Perpignan, pour prendre leur service à 9 heures.
Mais une fois sur place, ils ont découvert avec stupeur que leur outil de travail, « une trentaine de camions de livraison de colis », avait disparu pendant la nuit et que l’accès au site leur était désormais interdit.
Pour les employés de B2S, il s’agirait d’« une punition » après une grève organisée la veille pour protester contre des cadences de travail jugées « infernales ».
« Vers midi, nous avons pu échanger avec le patron par téléphone. Il a proféré des menaces contre nous : ‘Si vous ne reprenez pas le travail, ce n’est pas la peine de revenir demain’. Nous n’avons pas voulu céder. Et ce matin, nous découvrons que notre entreprise a déménagé dans la nuit », a expliqué un salarié de la société aux journalistes de France Bleu.
« Seul notre responsable d’équipe a reçu un message hier soir par texto : ‘Tu pourras aller pointer au chômage demain’ », ajoute-t-il.
Des échauffourées éclatent pendant la nuit
Selon France Bleu, des salariés qui avaient constaté un étrange va-et-vient sur le site dans la nuit du 9 au 10 janvier auraient tenté d’empêcher le transfert des camions par des chauffeurs venus d’un autre site.
Une violente altercation aurait alors éclaté entre les différents protagonistes et un salarié perpignanais aurait été blessé pendant l’échauffourée.
À Perpignan, un sous-traitant d’Amazon déménage en pleine nuit sans prévenir ses salariés https://t.co/kmRgaaYY1B pic.twitter.com/XrYCUVNWv1
— France Bleu (@francebleu) January 10, 2020
Plusieurs véhicules ont également été endommagés : certains ont eu les pneus crevés ou les vitres brisées. Des camions de dépannage étaient présents sur le site de Torremilia pour les évacuer ce vendredi.
Mandaté par les salariés du site, un huissier de justice s’est présenté dans la matinée du 10 janvier pour constater le déménagement de la société, tandis qu’une cinquantaine de militants syndicaux sont venus grossir les rangs des employés rassemblés devant la zone d’activité.
« Cet événement est symptomatique de l’état du dialogue social aujourd’hui en France. Plutôt que de négocier avec ses salariés, le patron préfère vider les locaux de l’entreprise et déguerpir en catimini », observe Alexandre Pignon, secrétaire départemental de la CGT-FAPT.
Le patron fustige le comportement des salariés du site
L’organisme syndical accuse par ailleurs l’entreprise B2S d’avoir enfreint le code du travail en mettant fin au contrat d’une vingtaine de salariés recrutés en CDI avant la période de Noël.
« Aucun n’a été conservé à l’issue de sa période d’essai. Il s’agissait de CDD déguisés », affirme la CGT. D’après France Bleu, l’organisation syndicale a obtenu un rendez-vous avec l’inspection du travail le jeudi 16 janvier.
Contacté par les journalistes de la radio publique, le gérant de B2S assure que le site est définitivement fermé.
« J’ai perdu toute autorité sur les salariés. Une véritable mafia s’est montée dans l’entreprise et j’ai été pris en otage. Le plus triste dans l’histoire, c’est pour moi : eux ont juste perdu un travail, mais moi j’ai perdu 25 tournées », a-t-il expliqué.
Interrogé à propos du sort réservé aux salariés encore sous contrat, le responsable de B2S indique qu’il n’a pas encore réfléchi aux « solutions » qu’il pourrait leur proposer.
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