La Chine, le plus grand marché de commerce électronique, compte plus de 400 millions d’acheteurs en ligne, et ce, même si 50 % du pays n’est toujours pas branché. Les entreprises canadiennes butent toutefois contre des obstacles importants pour gagner des parts de marché.
Les géants du commerce en ligne, Alibaba et JD.com, passent à l’offensive au Canada afin d’inciter les entreprises canadiennes à participer à leurs plateformes pour vendre aux Chinois.
Le président milliardaire d’Alibaba, Jack Ma, s’adressera aux entreprises canadiennes – en compagnie du premier ministre Justin Trudeau – à Toronto, le 25 septembre, lors d’un événement appelé Gateway 17.
La Chambre de commerce de Toronto a accueilli JD.com en juillet dernier pour une table ronde avec plus de 50 entreprises canadiennes.
Les produits canadiens jouissent d’une excellente réputation en Chine. La classe moyenne chinoise grandissante se méfie des produits chinois bon marché et valorise la qualité de production du Canada et l’environnement d’où proviennent les produits agroalimentaires.
En général, la Chine subit une lente transformation passant d’une économie orientée vers les investissements à une économie basée sur la consommation, délaissant l’industrie lourde pour le secteur des services. Le commerce électronique a un rôle vital à jouer dans la stratégie du gouvernement chinois.
« Les plateformes de commerce en ligne aident vraiment à standardiser l’accès au marché en Chine pour les gens de différents revenus, ce qui est une priorité importante pour la Chine », affirme Jan De Silva, président et PDG de la Chambre de commerce de Toronto.
Raisons de s’inquiéter
Le commerce électronique peut simplifier certains aspects de faire des affaires en Chine, mais des défis généralisés comme l’absence de la règle de droit et les violations de la propriété intellectuelle sont parmi les difficultés auxquelles font face les entreprises étrangères.
Beaucoup de produits vendus sur Alibaba sont contrefaits. Les consommateurs le savent également.
– Mary Whittle
Le président des États-Unis, Donald Trump, a lancé une enquête sur le vol de la propriété intellectuelle par la Chine, qui compterait pour 50 à 80 % de toutes les violations du genre qui affectent l’économie américaine, selon le IP Commission Report du National Bureau of Asian Research. La Chambre de commerce des États-Unis estime que 86 % de tous les produits contrefaits viennent de la Chine.
« Beaucoup de produits vendus sur Alibaba sont contrefaits. Les consommateurs le savent également », affirme Mary Whittle. Elle est PDG de Clear Lake Wineries, une entreprise familiale qui exporte des vins ontariens en Chine.
Toutefois, la Chine se penche sur les violations de la propriété intellectuelle pour une bonne raison. Elle réalise que certaines de ses entreprises peuvent devenir des chefs de file mondiaux si les autres entreprises ne volent pas leur propriété intellectuelle. Le nombre de règlements à l’amiable ces dernières années a quadruplé grâce à un meilleur encadrement judiciaire, estime M. De Silva.
Les violations de propriété intellectuelle ne se limitent pas aux produits contrefaits. Elles peuvent faire du tort à une entreprise lorsqu’une entité peu scrupuleuse apprend le nom légal d’une entreprise légitime et enregistre ce nom en Chine. Lorsque l’entreprise légitime tente de s’enregistrer, l’entité dépose une plainte afin de soutirer un montant.
Le Service des délégués commerciaux du Canada (SDCC) avertit que les brevets et marques déposées enregistrés au Canada ou ailleurs ne sont normalement pas protégés en Chine et que l’application de la réglementation peut être encore déficiente. Le site web du SDCC comprend également une section importante sur les risques d’affaires liés à la corruption en Chine.
Un autre avertissement du SDCC, dans une section intitulée « Une présentation du cybercommerce en Chine », indique : « Les politiques du gouvernement réglementant le marché sont denses, compliquées et sujettes à des modifications sans préavis. »
Un exemple extrême de l’application nébuleuse des règlements en Chine est le cas de John Chang et Allison Lu, propriétaires de la Lulu Island Winery en Colombie-Britannique, qui font face à un minimum de dix ans de prison – et peut-être la prison à vie – pour avoir apparemment fait la contrebande de vin en Chine. L’entreprise vinicole dit avoir suivi toutes les lois, mais M. Chang est déjà en prison.
« L’arrestation de M. Chang et de Mme Lu pour une violation des douanes montée de toutes pièces est une atteinte à leurs droits fondamentaux, une violation des obligations internationales commerciales de la Chine et des lois de la Chine », a déclaré le critique conservateur en matière de commerce international, Gerry Ritz, tel que rapporté par la CBC en mai dernier.
Dans un courriel à Epoch Times, Brianne Maxwell, porte-parole d’Affaires mondiales Canada, affirme : « Nous suivons de près le cas de M. Chang et de Mme Lu. Les responsables canadiens sont en contact avec les autorités chinoises pertinentes et fournissent une assistance consulaire à M. Chang, Mme Lu et leur famille. Les représentations canadiennes ont soulevé le cas avec les autorités chinoises de haut niveau. Pour protéger la vie privée des individus impliqués, de plus amples détails sur le cas ne peuvent être révélés. »
La règle de droit est nécessaire pour que les entreprises fonctionnent de manière légitime. De toute évidence, on a encore du chemin à faire.
Les géants chinois du commerce électronique sont essentiellement des mécanismes de facilitation et de livraison. Mais faire des affaires en Chine est beaucoup plus compliqué que de passer une commande. Le consommateur chinois est bombardé d’options et de différentes stratégies du marketing. La réalité est que beaucoup de pays veulent vendre aux Chinois, alors les efforts marketing pour mettre en valeur un produit sont dispendieux.
Mme Whittle affirme que JD.com lui a dit qu’une entreprise pouvait dépenser 400 000 dollars pour une campagne marketing d’un mois, sans garantie que le message soit reçu par les consommateurs.
« C’est un marché très difficile à pénétrer, vous pouvez faire tout ce qu’il faut et c’est encore très difficile de percer tout le bruit, de faire concurrence à tous les autres pays et à tous les autres produits », ajoute Mme Whittle.
Les géants du commerce en ligne tentent peut-être de faire saliver les entreprises canadiennes avec des promesses de gros sous, mais il y a beaucoup de facteurs de succès qui sont hors de leur contrôle.
Version originale : Pitfalls Abound for Canadians Doing Business in China
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