« Nous sommes les victimes d’une vendetta politique »: fustigeant ce qu’ils appellent l’ « écologie de façade » de leurs détracteurs, les promoteurs de « Canua Island », une plage flottante privée qui espérait jeter l’ancre sur la Côte d’Azur, ont annoncé mardi renoncer à leur projet faute d’obtenir les permis nécessaires.
« Malgré un dossier 100% conforme et de nombreuses démarches d’explication, nous n’avons pas reçu ce lundi 12 juin 2023 les permis nécessaires à l’exploitation de Canua. On nous a clairement fait comprendre qu’il ne fallait rien attendre pour cet été », écrivent dans un communiqué les concepteurs de ce projet.
« Une vendetta politique »
Soutenue par la mairie de Mandelieu-La Napoule (Alpes-Maritimes), commune au large de laquelle le bâtiment – une plateforme de 1750 m2 posée sur un trimaran à moteur – devait jeter l’ancre, l’initiative avait notamment été très contestée par le président Renaissance de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Renaud Muselier.
Le sénateur LR des Alpes-Maritimes Henri Leroy, lui-même ancien maire de Mandelieu-la-Napoule et oncle de l’actuel maire, a interpellé dernièrement dans un courrier la Première ministre Élisabeth Borne, accusant selon Le Figaro le gouvernement de freiner le projet à la demande de Renaud Muselier. Ce dernier, qui a quitté LR fin 2021, est depuis en lutte frontale avec ses anciens amis, et avait notamment été vertement mis en cause en octobre par les maires de Cannes et Mandelieu-la-Napoule, qui avaient critiqué la distribution, inéquitable à leurs yeux, des subventions de la région.
« La vérité c’est que nous sommes les victimes d’une vendetta politique. Derrière une écologie de façade (…) se cache en réalité un règlement de compte qui nous dépasse et qui dépasse l’entendement économique », estime le président de Canua, Jean-Bernard Falco, et ses directeurs généraux et co-fondateurs, Marc Audineau et Tony Philp.
« Cette obstruction et aberration politique, ce déni de droit, (…) nous obligent à mettre fin aux contrats de ceux qui nous ont fait confiance. Nous avons informé tout à l’heure nos 100 salariés que nous ne pouvions pas tenir plus longtemps », ajoutent-ils.
« À aucun moment, dans les sept années qu’aura duré cette aventure, ceux qui se sont opposés à nous depuis avril n’avaient manifesté le moindre doute ou la moindre opposition », déplorent encore M. Falco, Audineau et Philp, citant l’État, « présent au capital de Canua par l’intermédiaire de Bpifrance », et la région, « qui a offert sa garantie auprès des banques, à hauteur de 770.000 euros ».
Pas compatible avec la lutte pour la protection de l’environnement
« La position du gouvernement est que le développement d’îles artificielles n’est pas compatible avec la nécessité de renforcer la protection de l’environnement marin », avait fait valoir lundi le secrétariat d’État à la Mer, interrogé par l’AFP après un courrier de M. Audineau interpellant le président Macron et se plaignant d’un « blocage » d’Hervé Berville, le secrétaire d’État à la Mer.
« La nouvelle législation issue de la loi d’accélération des énergies renouvelables encadre d’ailleurs désormais strictement les installations flottantes en mer et réserve à l’avenir ce type de structures au développement des énergies renouvelables et aux missions de service public », ajoutait le secrétariat d’État.
« Les services des différents ministères concernés instruisent comme pour tout projet, ni plus rapidement, ni moins rapidement, les autorisations nécessaires », avait assuré le secrétariat d’État, ajoutant toutefois : « L’artificialisation commerciale de l’espace maritime, sur une côte déjà très urbanisée, dans une mer en proie à de nombreuses pollutions, ne s’inscrit (…) pas dans la logique et la politique écologique nécessaires ».
Restaurant, bar-lounge, transats…
Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu avait lui aussi fait part de sa « circonspection » face au projet à la mi-mars.
Canua Island était amarrée dans le port de La Seyne-sur-Mer (Var) dans l’attente de ses différents permis. L’installation, « innovation mondiale » selon ses promoteurs, est classée comme « navire à passagers » selon la règlementation.
Le projet voulait accueillir jusqu’à 350 personnes, amenées par navettes. Sur place, elles auraient trouvé un restaurant, un bar-lounge, transats et lits de repos, ainsi qu’une piscine d’eau douce.
Pour M. Falco et ses co-investisseurs, qui assurent avoir misé quelque 16 millions d’euros sur cette initiative, il n’y aurait « pas aujourd’hui en Méditerranée un navire aussi éco-responsable » que Canua Island, qui prévoyait notamment de récupérer ses eaux usées ou d’utiliser un bio-carburant à base d’huiles de friture usagées.
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