L’américain Kenneth Bae, qui a été condamné à des travaux forcés en Corée du nord, s’exprime sur ses conditions de détentions après avoir sa libération le 2 mai 2014.
K. Bae a grandi en Californie où il est devenu pasteur. Il avait créé une agence de voyage spécifiquement pour emmener des groupes de chrétiens qui voulaient se rendre en Corée du nord. Il a ainsi réalisé 18 voyages.
Pourtant en 2012, il a commis une « erreur » raconte K. Bae à CBS This Morning, en transportant un disque dur contenant des prières mais aussi des photos d’enfants souffrant de la faim en Corée du nord.
« Ils ont dit : “Vous tentez de surpasser le gouvernement avec vos prières et vos vénérations“ et ils ont vraiment considéré la prière comme une arme dirigée contre eux », raconte K. Bae.
Il a été arrêté et accusé de complot contre le régime de Kim Jong-un. K. Bae a été condamné en 2013 à 15 ans de travaux forcés pour espionnage.
Portant le matricule 103, il a été le prisonnier américain le plus longuement détenu par la nation sans pitié de Corée du nord, depuis la guerre de Corée.
« Ça reste gravé dans mon esprit. C’est comme si ce matricule 103 était inscrit dans ma chair à jamais », témoigne K. Bae à CBS.
"A blessing rather than a curse or suffering… when suffering comes to you, you have to face it." — Kenneth Bae pic.twitter.com/3ZSZj4usKt
— CBS This Morning (@CBSThisMorning) May 2, 2016
K. Bae, dont le livre Not forgotten vient d’être publié en anglais le 3 mai, raconte en détail son temps passé en prison, considéré alors comme le plus dangereux criminel américain par la Corée du nord.
« Un de mes bourreaux m’a dit que j’étais le pire, le plus dangereux criminel américain qu’ils avaient appréhendé depuis la guerre de Corée. J’ai demandé : “Pourquoi ?“ », se souvient K. Bae.
« Ils m’ont répondu : “Parce que vous n’êtes pas pour réaliser seul votre mission, vous avez demandé à d’autres de vous rejoindre“ », a-t-il ajouté.
K. Bae pense qu’il a été un pion, pris parmi les tensions entre la Corée du nord et les États-Unis.
« Toute l’Amérique était derrière moi à ce procès », écrit K. Bae dans son livre.
« Je crois qu’ils condamnent tout ce qui ne va pas dans leur pays en blâmant les États-Unis. Ils prétendaient que la pauvreté, la cause de leur souffrance était entièrement de la faute de la politique étrangère américaine à leur encontre », déclare K. Bae. « Et de cette manière, en m’accusant, ils accusaient les États-Unis », analyse-t-il.
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K. Bae a passé presque 2 ans dans un camp de travail forcé avant d’être libéré en 2014. Il avait perdu une vingtaine de kilos, ce qui lui a valu d’être hospitalisé lors de son incarcération.
« Je travaillais de 8h à 18h, dans un champ, à soulever des roches et pelleter du charbon », témoigne-t-il à CNN.
Il a aussi été verbalement agressé par les officiers nord-coréens.
Un bourreau lui disait constamment : « Personne ne se souvient de toi. Le monde et ton gouvernement t’a oublié. Tu ne rentreras pas chez toi d’ici peu. Tu auras 60 ans quand tu seras de retour chez toi ».
Cependant, K. Bae a considéré ses souffrances en prison comme une bénédiction.
« Je me regardais chaque jour dans le miroir de la salle de bains et je me disais : “Rappelle-toi, tu es un missionnaire. C’est ce pour quoi tu es ici“ », raconte le pasteur à CBS.
« Je l’ai pris davantage comme une bénédiction que comme une malédiction… Bon, c’est très dur pour moi de dire ça maintenant, mais personne n’aime souffrir, personne ne va au-devant de la souffrance mais lorsque la souffrance vient à vous, vous devez y faire face », explique-t-il.
Après sa libération, K. Bae avoue qu’il n’est pas amer et que c’était une chance de partager sa foi avec ses gardes et de leur apprendre comment est la vie à l’extérieur du pays.
« J’étais ici seulement pour aimer les gens, leur faire savoir que Dieu s’occupe d’eux et que le reste du monde s’inquiète pour eux », ajoute-t-il.
« J’espère que ce livre servira de rappel aux gens pour ne pas oublier le peuple de Corée du nord, avoir plus de compassion pour ces gens qui vivent comme des prisonniers chaque jour de leur vie », annonce-t-il.
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Au cours de son interview à CNN, K. Bae a remercié l’ancien joueur de basket, Dennis Rodman, pour avoir parlé de son emprisonnement. Il a constaté que le coup de gueule de Rodman avait attiré l’attention sur son cas.
« Je remercie Dennis Rodman pour avoir été un catalyseur à ma libération », a salué K. Bae.
Rodman qui est ami avec Kim Jong-un a apparemment adressé une lettre au jeune dictateur lui demandant de relâcher K. Bae.
Le sportif a également tweeté en 2013 : « J’en appelle au suprême leader de Corée du nord, ou « Kim » comme je l’appelle, à relâcher Kenneth Bae.
I'm calling on the Supreme Leader of North Korea or as I call him "Kim", to do me a solid and cut Kenneth Bae loose.
— Dennis Rodman (@dennisrodman) May 7, 2013
Cependant, un étudiant américain a maintenant pris la place de K. Bae.
La Corée du nord a en effet condamné l’étudiant américain Otto Frederick Warmbier en mars à 15 ans de travaux forcés pour avoir tenté de voler un signe de propagande dans un hôtel.
K. Bae a conseillé à la famille Warmbier de faire grand bruit de son cas pour attirer l’attention et faire pression pour sa libération.
Version originale : Kenneth Bae, ‘Most Dangerous American Criminal’ in North Korea, Speaks for the First Time About Prison Conditions
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