Alors que le Maroc vit de sombres heures à la suite du séisme ayant détruit des villages entiers dans la nuit de vendredi à samedi, le Royaume a cependant refusé l’aide de la France mais a accepté le soutien de quatre pays, à savoir l’Espagne, le Royaume-Uni, le Qatar et les Émirats arabes unis. Les relations diplomatiques compliquées entre les deux pays seraient-ils à l’origine de ce refus ?
Ainsi que l’a déclaré dimanche Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet du G20 à New Delhi, la France est prête à « intervenir » pour venir en aide au Maroc « à la seconde » où les autorités marocaines le demanderont, le tremblement de terre qui secoue ce pays d’Afrique du Nord ayant fait au moins 2900 morts. Mais pour le moment, le Maroc n’a toujours pas donné son feu vert et les organisations humanitaires, entre autres, s’interrogent sur les raisons de cette décision.
Les visas et la liberté de la presse au Maroc responsables des tensions
Emmanuel Macron, qui dit avoir « eu l’occasion d’échanger longuement avec sa Majesté le roi il y a quelques jours », « avant le séisme », précise avoir, depuis le tremblement de terre, « envoyé une lettre dans les premières heures » et « échangé des messages oraux » avec Mohammed VI. En mars dernier, il affirmait d’ailleurs que sa relation avec lui était « amicale », ce à quoi Rabat avait répondu sèchement : « Nos relations ne sont ni bonnes ni amicales. »
Sur de nombreux points en effet, les deux pays sont en froid. Tout d’abord, il y a la question des restrictions des visas octroyés par la France aux ressortissants marocains, et dont le nombre a été divisé par deux par la France, précise TF1. La chaîne souligne que c’est « un moyen de pression sur le Maroc, accusé de freiner l’accueil de ses ressortissants en situation irrégulière visés par des expulsions du territoire français ».
Autre point de discorde : le vote du Parlement européen de janvier dernier, qui a condamné la dégradation de la liberté de la presse au Maroc et a demandé aux autorités du royaume de s’assurer que les « journalistes incarcérés » puissent bénéficier d’un « procès équitable ». Rabat a vu dans cette affaire un complot anti-marocain « orchestré » par les eurodéputés macronistes français de Renew.
L’affaire Pegasus et le Sahara occidental également pointés
Par ailleurs, les soupçons d’espionnage marocain, avec l’affaire Pegasus, ont également contribué aux dégradations des relations entre les deux pays. Ayant été accusé d’avoir eu recours à ce logiciel d’espionnage mis au point par une société israélienne, le Maroc avait alors multiplié les attaques judiciaires en France contre les médias ayant révélé ou dénoncé cette affaire.
Enfin, la question de cette zone controversée qu’est le Sahara occidental est également un point de discorde. « Le roi ne pardonne pas à Emmanuel Macron son refus de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental », a expliqué sur France info la journaliste Agnès Vahramian, ce lundi 11 septembre. Le Maroc souhaitait que la France s’aligne sur les États-Unis et Israël, qui eux, ont reconnu la « marocanité » du Sahara occidental, sacrée « cause nationale » par Rabat.
En outre, depuis plusieurs mois, le poste d’ambassadeur du Maroc en France est toujours vacant. Par ailleurs, le chef d’État français a dû repousser une visite prévue à Rabat l’hiver dernier, celle-ci n’ayant toujours pas été reprogrammée.
« Une querelle tout à fait déplacée »
« Le Maroc est maître de ses choix, qu’il faut respecter, et a pris la décision de prioriser l’arrivée de l’aide en fonction de son évaluation de la situation. Nous nous tenons à la disposition du Maroc d’aide immédiate et de moyen terme », a quant à elle indiqué ce lundi matin sur RMC-BFMTV la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna, souhaitant ainsi mettre fin à toute polémique. « C’est une mauvaise querelle, une querelle tout à fait déplacée », a-t-elle ajouté, indiquant encore : « Le président de la République a échangé à de nombreuses reprises avec le roi du Maroc, j’ai moi-même eu mon homologue du Maroc encore longuement hier. »
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a renchéri, ce lundi matin également, en déclarant qu’il ne croyait pas à de mauvaises relations diplomatiques entre la France et le Maroc. « Il ne faut pas que la France soit vexée », a de son côté exhorté sur TF1 Farida Amrani, la députée LFI et vice-présidente du groupe d’amitié France-Maroc à l’Assemblée nationale, soulignant qu’aujourd’hui, « il n’y a pas de polémique à avoir ».
Même si pour le moment, le Maroc n’a accepté l’aide de quatre pays seulement, il a indiqué dans un communiqué ce dimanche qu’« avec l’avancement des opérations d’intervention, l’évaluation des besoins éventuels pourrait évoluer, ce qui permettrait de recourir aux offres de soutien présentées par d’autres pays amis, selon les besoins spécifiques de chaque étape ».
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