Première patiente française potentiellement guérie du VIH à Marseille

Par Epoch Times avec AFP
20 janvier 2025 18:37 Mis à jour: 20 janvier 2025 18:39

La potentielle guérison du VIH d’une patiente française, après une greffe de moelle osseuse destinée à la sauver d’une leucémie aiguë, reste « très rare » et difficilement généralisable en raison de la lourdeur du traitement impliqué, selon l’équipe médicale marseillaise qui l’a suivie.

« Après plus de 26 ans de maladie, je n’aurais jamais pensé qu’un jour je puisse entendre une telle nouvelle », a déclaré dans un message lu lundi par une des médecins l’ayant accompagnée cette patiente âgée d’une soixantaine d’années, qui souhaite rester anonyme.

Vivant dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), elle a été diagnostiquée séropositive en 1999 et a subi une greffe de moelle osseuse en juillet 2020 après avoir déclaré une leucémie aiguë.

Son donneur, issu du fichier international des donneurs, présentait une mutation génétique rare (Delta 32) sur le gène CCR5, empêchant le VIH de pénétrer dans les cellules.

« Cette mutation sur le gène Delta 32 est très rare puisqu’elle est à peu près de 1% dans le monde. Donc c’est une chance d’avoir pu trouver un donneur compatible avec la patiente et qui, en plus, était porteur de cette spécificité génétique », a relevé lundi lors d’une conférence de presse à Marseille Sylvie Bregigeon, cheffe d’une unité spécialisée, au sein des hôpitaux publics marseillais (AP-HM), dans la prise en charge de patients vivant avec le VIH.

« Pas un traitement à large échelle »

« On a une chance sur un million de trouver un donneur à 100% identique sur le fichier international. Et d’autre part, la prévalence de cette mutation génétique est de 10% chez les Caucasiens », a renchéri le docteur Faezeh Legrand, hématologue à l’institut de cancérologie Paoli-Calmettes. « La notion de rémission, c’est d’avoir arrêté le traitement » antirétroviral de cette patiente depuis octobre 2023 et le fait « qu’actuellement, tous les marqueurs à notre disposition les plus fins sont retrouvés négatifs », a poursuivi Mme Bregigeon.

Ce cas de rémission du VIH est le premier en France – même si le recul actuel ne permet pas encore de parler de guérison. Sept autres patients ayant bénéficié d’une greffe de moelle osseuse dans le monde sont considérés en rémission du VIH : un patient en Suisse, trois patients en Allemagne, deux patients aux États-Unis et un patient en Angleterre. « Le recul le plus important sur les sept autres cas, c’est 10 ans pour le premier patient qui a été décrit guéri en 2008 » du VIH mais qui est décédé après avoir fait une rechute de sa leucémie, selon Mme Bregigeon.

Néanmoins, « ce traitement-là n’est pas un traitement à large échelle qui va pouvoir être applicable à l’ensemble des patients atteints de VIH », a insisté le professeur Raynier Devillier, chef du service de greffe de moelle osseuse et d’hématologie à l’institut Paoli-Calmettes, rappelant que la greffe de moelle osseuse est « un traitement extrêmement lourd » et qui « expose le patient à de nombreuses complications ». C’est pour cela que « classiquement, ce n’est pas un traitement qu’on propose à des patients qui ont le VIH », a-t-il souligné.

Mais si, « dans le passé, les patients vivant avec le VIH ont pu être un peu écartés de certains protocoles ou de certaines décisions thérapeutiques carcinologiques, quels que soient les cancers », cela « ne doit plus être le cas » car le fait d’être atteint du VIH « n’est plus maintenant une contre-indication », a souligné le docteur Bregigeon.

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