« On marche sur la tête ! » Combien de fois avons-nous bien pu prononcer ces mots ? Il semblerait que cette exclamation ait tendance à se réitérer un peu plus chaque jour.
Le caricaturiste et auteur américain, Dr Seuss est soudainement proscrit, et six de ses livres ont été retirés des tablettes parce qu’ils contiendraient des éléments « racistes » et « haineux ». On marche vraiment sur la tête…
Et que dire de l’auteur de Harry Potter, J.K. Rowling, qui est devenue une personnalité très critiquée parce qu’elle affirme que les garçons naissent garçons et que les filles naissent filles ? Vraiment, on marche sur la tête…
Des statues d’Abraham Lincoln sont démolies et des écoles portant le nom du « grand émancipateur » sont rebaptisées au nom de la lutte contre le racisme. Qu’est-ce que je vous disais ? On marche encore sur la tête.
Des éducateurs consciencieux décrient l’enseignement des mathématiques basé sur le fait d’obtenir le « bon résultat » comme une expression du privilège blanc et du patriarcat. Brusquement, les mathématiques sont une question de justice sociale. Nous marchons encore et toujours sur la tête !
En fait, il n’a rien de juste là-dedans, ni même de social. « Annuler », comme on l’appelle, c’est une stratégie froidement calculée, mise en œuvre avec une intention de nuire. L’objectif n’est même pas de persuader. L’excommunication sociale, l’invisibilité médiatique et la critique constante des traditions séculaires ne cherchent pas à réformer les institutions ou à promouvoir l’amélioration de la société. Le but est plutôt de détruire toute institution religieuse, sociale et politique traditionnelle jugée coupable de construire la civilisation occidentale, dans le but de modeler la société à l’image des personnes considérées comme soi-disant socialement engagées.
On peut le résumer de manière plus simple, c’est comme si la Révolution française attaquait la révolution américaine.
La Révolution française, rien que ça ? Suis-je donc devenu fou ?
Je ne le pense pas. Bien sûr, le contexte est différent. Antifa et ses alliés ne s’attaquent pas à un roi qui vit dans la splendeur alors que le peuple meurt de faim. Et aucune guillotine n’a été, jusqu’à preuve du contraire, installée sur les places publiques pour couper des têtes. Du moins, pas littéralement.
Néanmoins, je suis convaincu que nous sommes au milieu d’un bouleversement social radical, et potentiellement tout aussi destructeur que celui qui a déchiré la France à la fin du 18e siècle, qu’on pourrait qualifier de révolution dont le but est de démolir les valeurs américaines traditionnelles de manière aussi irréversible à l’instar de la monarchie à l’issue de la Révolution française.
La Révolution française ne consiste pas uniquement en un événement historique. Elle peut aussi être considérée comme une métaphore décrivant parfaitement le zèle utopique destructif dont nous sommes témoins actuellement. De même, la révolution américaine ne se limite pas aux événements qui ont abouti à la fondation des États-Unis, mais elle incarne également un système de valeurs fondé sur la liberté ordonnée et la liberté individuelle. Les valeurs des deux bouleversements, tant sur le plan historique que sur le plan métaphorique, ne pourraient pas être plus antagonistes.
Étant bien conscient que les révolutions néo-française et américaine ne sont pas toutes une seule et même chose mais que, dans le monde réel, elles peuvent partager des attributs, nous pouvons faire les observations générales suivantes :
– La Révolution française est utopique et croit à la perfectibilité de la société qui requiert une structure de pouvoir forte et centralisée. La révolution américaine est, elle, paradoxalement, complètement conservatrice. Son lieu de pouvoir est l’individu libre.
– La Révolution française se concentre sur l’indulgence envers soi-même alors que la révolution américaine se focalise sur la contrainte envers soi.
– La Révolution française est autoritaire. Elle déploie le pouvoir institutionnel pour forcer l’adhésion aux valeurs de la révolution. Dans le langage d’aujourd’hui, cet objectif est l’équité, c’est-à-dire l’égalité des chances. La révolution américaine défend l’égalité des chances, en créant un système dans lequel les gens peuvent aller aussi loin que leur talent et leur caractère le leur permettent, sans tenir compte de la couleur de leur peau, de leur sexe ou de toute autre forme de catégorisation.
– La Révolution française ne tolère que les discours approuvés. Elle dicte le lexique acceptable. La révolution américaine comprend que des personnes raisonnables peuvent avoir des opinions différentes. La réponse à un mauvais discours n’est pas de punir mais de le réfuter par un meilleur discours.
– La Révolution française déteste la religion traditionnelle, en particulier le christianisme orthodoxe, et cherche à établir une laïcité obligatoire dans la sphère publique, à laquelle tous doivent se plier. (Par exemple, la loi sur l’égalité imposerait l’idéologie transgenre dans toute la société, notamment en obligeant les sports féminins à laisser concourir les hommes biologiques). La révolution américaine défend le libre exercice de la religion, c’est-à-dire le droit de vivre selon les préceptes de sa foi, comme un droit humain fondamental. (Ainsi, les pacifistes religieux peuvent légalement échapper à la conscription dans l’armée, même en temps de guerre).
– La Révolution française « ressent », c’est-à-dire que ses arguments sont principalement concentrés sur l’hyperémotivité. Ses démonstrations de puissance sont la panique morale et la foule excitée qui balaie tout devant elle. Aucun désaccord n’est permis. La révolution américaine, quant à elle, s’accorde le temps de la réflexion et pense. Sa stratégie la plus efficace est le discours libre et ouvert appliqué à des principes moraux et légaux établis, à partir desquels les individus ont le droit d’être en désaccord.
– La Révolution française croit aux « droits positifs » garantis par un gouvernement tout-puissant, même si cela signifie que les citoyens sont donc dépendants de la provision de ces droits. La révolution américaine perçoit les droits comme émanant de Dieu ou comme faisant partie intégrante de la nature humaine. Ainsi, le gouvernement n’est pas établi pour garantir le bonheur mais pour maintenir une société ouverte et libre dans sa poursuite.
Dans la Bible, il est dit que nous serons reconnus par ce que nous avons produit. Je pense que c’est également vrai pour les systèmes philosophiques.
Les fruits historiques de la Révolution française ont été le despotisme, la mort et la destruction lors de la Terreur en France, de la révolution bolchevique en Russie et de la catastrophique Révolution culturelle en Chine, qui ont tous été poursuivis avec les valeurs et le zèle de la Révolution française.
Les fruits de la révolution américaine ont été l’augmentation des niveaux de liberté personnelle en Occident, sans précédent dans l’histoire de l’humanité, et la création de la société la plus prospère de la planète. C’est pourquoi les opprimés du monde entier risquent leur vie et leur intégrité physique pour se rendre aux États-Unis. Ils croient au rêve américain.
Il faudra du temps pour que les passions qui alimentent notre Révolution française américaine s’apaisent. Mais si nous restons résolus et que nous résistons, si nous ne succombons pas à l’intimidation de ceux que l’on peut qualifier de jacobins des temps modernes, alors ce jour viendra. Comme le dit le vieil adage, la Révolution finit toujours par dévorer ses propres enfants.
Mais je crains que la situation ne commence par s’aggraver avant de s’améliorer. Aujourd’hui, le Dr Seuss a été « cancelled ». Demain, ce pourrait être M. Rogers, après tout, il s’agissait d’un pasteur chrétien blanc et de sexe masculin qui vivait dans un quartier de banlieue privilégié et qui s’adressait à son public d’enfants en utilisant les termes binaires oppressifs « garçons et filles ». Qu’on lui coupe la tête !
Wesley J. Smith est le président du Center on Human Exceptionalism du Discovery Institute, un think tank chétien aux États-Unis.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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