Le célèbre film d’art martiaux Tigre et Dragon va bientôt être doté d’une suite, dont la sortie est programmée pour l’année prochaine. Mais cela ne se fera pas sans que le régime chinois, par l’intermédiaire de son bureau de censure, n’ait « dilué » les thèmes politiquement sensibles de révolte sectaire, et de changement de dynastie.
Radio France Internationale (RFI) a rapporté le 12 octobre dernier que l’administration chinoise d’État de la presse, des publications, de la radio, du film et de la télévision (SAPPRFT) a fait parvenir des instructions de censures à l’entreprise en charge de co-produire Tigre et Dragon : La légende verte.
La légende verte devrait vaguement se baser sur les travaux de l’écrivain Wang Dulu, spécialisé dans l’écriture de nouvelles d’art martiaux. Le film devrait contenir des portraits de la société du lotus blanc, une secte Bouddhiste connue pour avoir apparemment inspiré la rébellion du 19e siècle contre la monarchie de la dynastie Qing.
Li Wei’ao, un reporter pour le Southern Weekly, a posté la première page d’un document contenant les directives de la SAPPRFT données à Weibo, un réseau social chinois très populaire.
Dans ce document, la SAPPRFT ordonne à la China Film Co-Production Corporation de remplacer le nom de la société du lotus blanc par celui d’une faction dissidente fictive, et « conseille » à l’entreprise de minimiser l’importance du contenu « Opposition aux Qing / Restauration des Ming ».
L’intrigue concernée fait en fait référence au but qu’avaient les rebelles de restaurer le pouvoir la dynastie Ming, alors dirigée par l’ethnie chinoise Han. La dynastie Ming avait été renversée par la cour Manchu, qui avait vers cette époque conquis toute la Chine, et établi la dynastie Qing en 1644.
Les rebellions contre les Qing, telle que celle attribuée à la secte du lotus blanc ont été souvent inspirées par des groupes religieux ou nationalistes. Les troubles auxquels a été confrontée la dynastie Mandchou lors de son dernier siècle d’existence prenaient quant-à-eux racine dans les problèmes économiques, l’incapacité à soutenir le rythme de développement que suivait le reste du monde, et la corruption de la bureaucratie impériale.
Ce dernier point n’a pas été ignoré par les internautes chinois, exprimant leurs réactions vis-à-vis de la demande de censure. Un utilisateur a posté un dialogue satirique caricaturant le traitement de l’histoire sélectif et contradictoire mené par le PCC :
Élève : Pourquoi la dynastie Qing a-t-elle été renversée ?
Professeur : Parce qu’elle était corrompue.
Élève : Pourquoi le parti national a-t-il été renversé par le PCC ?
Professeur : Aussi parce qu’il était corrompu.
Élève : Alors quand un régime est devenu trop corrompu pour permettre de gouverner le pays, il doit être renversé, n’est-ce pas ?
Professeur : Oui. L’histoire nous montre que ceux qui gagnent le cœur des gens dirigent le monde.
Élève : Alors, parlons de la corruption dans la société d’aujourd’hui.
Professeur : Sortez d’ici !
Un autre internaute, « Darth Panda », établit des liens entre le régime communiste et la dynastie des Qing. Il a écrit : « J’ai tout d’abord cru que le régime courant prenait racine dans la république chinoise soviétique. Maintenant, je trouve que j’ai été trop naïf, il vient en réalité de la grande Qing ».
D’autres se sont demandés pourquoi les censeurs s’en prenaient à la secte du lotus blanc, malgré les éloges qui en sont fait dans les manuels scolaires d’État. « C’est mal que vous l’ayez fait devenir un culte », écrit un citoyen.
En plus de demander la suppression de contenu politique sensible, les instructions de la SAPPRFT ont aussi demandé au producteur s’il était possible de contrôler le niveau de violence du film.
Et ils se sont aussi montrés à cheval sur l’exactitude des textes employés, rectifiant une citation erronée de « l’Art de la Guerre », un ancien texte qui explique les stratégiques principaux. « Une armée supérieure vainc son ennemi sans même combattre » s’est vu corriger en: « L’armée qui vainc son ennemi sans mener combat est l’armée supérieure » explique le rapport.
Sorti en 2000, le premier « Tigre et Dragon » a été dirigée par Ang Lee, un directeur de film américain né à Taïwan. Le deuxième volet de la série a été lancé en 2013.
La suite du film est issue d’un investissement partagé entre China Film Lo.LTD, Beijing Pegasus Media, la compagnie du LLC, de la Weinstein Compagny LLC, et Bliss Media. Le tournage a commencé en Nouvelle-Zélande en juin 2014 par le directeur Yuen Woo-ping. La légende verte qui met en lumière deux étoiles du kung-fu, Donnie Yen et Michelle Yeoh, sortira sur les écrans le 8 février 2016.
Article original : Censors shape Sequel to « Crouching Tiger, Hidden Dragon »
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