Le déploiement des bornes de recharge « intelligentes » pour les voitures électriques n’en est qu’à ses débuts mais deux technologies testées notamment à Villeneuve-les-Avignon, dans le sud de la France, devraient contribuer à réduire les émissions de CO2, stabiliser le réseau et même alléger les factures.
« Des bornes comme ça, il n’y en a que 200 en France. Il en faudrait des dizaines de milliers et c’est ce qu’il va se passer » dans les prochaines années, assure Tanguy Poupart, fondateur de Dreev, une filiale d’EDF spécialisée dans le développement de la recharge intelligente pour véhicule électrique.
Derrière lui, sur le petit parking du centre technique municipal de Villeneuve-les-Avignon, deux utilitaires blancs sont branchés sur l’une des bornes dites « V2G » installées depuis près de deux ans dans cette commune de 12.000 habitants, située face à la Cité des papes.
D’ici peu, deux nouvelles bornes, de type « V1G », seront installées derrière la mairie pour recharger notamment les véhicules municipaux.
Le V1G, ou recharge intelligente, permet aux bornes d’optimiser la charge du véhicule en prenant en compte la production locale des panneaux solaires, par exemple. Cette gestion fine permet d’économiser jusqu’à 20% de la facture, selon EDF qui compte lancer au printemps une première offre ouverte aux particuliers.
Réinjecter l’électricité dans une maison ou le réseau électrique
Les technologies « vehicle to home » (V2H) et « vehicle to grid » (V2G) vont plus loin.
En cours de développement, elles permettent aux voitures électriques de charger leur batterie quand il y a beaucoup d’électricité disponible (la nuit, ou quand le vent souffle). Elles la réinjectent dans une maison (V2H), un quartier ou même le réseau électrique en général (V2G) quand il manque de puissance (le soir par exemple).
En rentrant chez lui, l’automobiliste indique l’autonomie dont il pourrait avoir besoin le lendemain et sa borne pilote la recharge en fonction de ses besoins et de ceux du réseau.
« C’est une des solutions pour le système électrique de demain », souligne Olivier Dubois, chargé de la mobilité électrique chez EDF. « Elle va permettre de développer des énergies renouvelables (solaire, éolien), qui fonctionnent par intermittence. Ça va éviter de faire appel en période pointe, en hiver, à des centrales thermiques ».
Combler les besoins en stockage d’électricité
Avec la multiplication des voitures électriques, le V2G pourrait combler les besoins en stockage d’électricité dès 2030 dans la plupart des pays du monde, selon les calculs du chercheur Chengjian Xu, de l’université de Leyde aux Pays-Bas.
Ce calcul comprend aussi la réutilisation de batteries usagées qui, à partir de 20% ou 30% de perte d’autonomie, sont considérées comme insuffisantes pour les voitures mais restent précieuses pour le stockage.
Le V2G devrait d’abord être développé pour les flottes de bus ou de camions qui rentrent systématiquement se brancher, explique Olivier Dubois.
La région Occitanie accompagne les collectivités et les entreprises qui s’équiperont avec une prime de 1500 euros pour les V1G et de 3000 euros pour les V2G.
Le Royaume-Uni expérimente aussi quelques centaines de chargeurs, tandis que Renault et Hyundai testent ce type d’équipement sur des flottes de véhicules à Utrecht, aux Pays-Bas.
Renault a présenté lundi un nouveau chargeur compatible qui devrait arriver sur le marché autour de 2024.
« C’est prometteur mais ce n’est pas une solution miracle », tempère Luis Lopez, un expert de l’Agence internationale de l’énergie. Ces capacités de stockage sur roues risquent d’être insuffisantes et il faudra aussi que le système électrique, les bornes de recharge et les voitures « parlent la même langue ».
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