Le mouvement progressiste canadien a adopté une forme extrême et régressive de « justice » raciale – une fixation malsaine sur la race qui a suscité des embauches controversées, fondées sur la race, sur les campus universitaires. Si les militants « antiracistes » gagnent du terrain idéologique au Canada depuis un certain temps déjà, l’assassinat de George Floyd à Minneapolis (Minnesota) à l’été 2020 a marqué un tournant, reflétant une montée en flèche de leur influence.
Dans le sillage des manifestations américaines qui ont franchi la frontière nord, le Premier ministre Justin Trudeau a lancé une bombe puante dans la politique canadienne, en déclarant que le Canada est un pays systémiquement raciste.
L’idée de racisme systémique découle de la théorie critique de la race, une idéologie exclusivement américaine qui affirme que l’histoire de l’Amérique en matière d’esclavage, de lynchage, de lois Jim Crow, de discrimination et de mauvais traitement général des noirs américains est le reflet d’un pays dont les systèmes sont fondamentalement construits pour opprimer les noirs.
Il est assez déconcertant de voir comment cela est censé s’appliquer au Canada. Historiquement, les conflits sectaires et raciaux au Canada se sont généralement déroulés selon les lignes catholiques-protestantes, françaises-anglaises et anglaises-irlandaises. Et le Canada a toujours été moralement fier d’être un pays moins raciste, sans la même histoire répugnante d’esclavage des noirs et de guerres contre les habitants indigènes de l’Amérique du Nord.
Néanmoins, la mort de George Floyd a été perçue non seulement comme un grave péché commis par les États-Unis à l’encontre des noirs, mais aussi comme un péché dont le Canada était également coupable. L’établissement antiraciste des campus universitaires du Canada a saisi l’occasion de la mort de M. Floyd, en rédigeant ce qu’on a appelé la « Charte nationale de Scarborough », pour faire pression sur le monde universitaire canadien et qu’il prenne des mesures significatives afin de lutter contre le « racisme systémique ».
L’université de Calgary est l’une de ces institutions dont la doctrine directrice est l’« antiracisme ». Après la mort de George Floyd, le président de l’université, Ed McCauley, a publié une lettre déclarant que le racisme systémique est une « crise qui appauvrit la société » et que « le racisme systémique nécessite un parcours longitudinal d’écoute, d’apprentissage, de compassion et d’engagement en faveur du changement, suivi d’une action ». M. McCauley a promis que l’université de Calgary agirait en conséquence.
L’une des mesures qui en découle est « l’initiative d’embauche inclusive », un programme ouvertement raciste qui vise à consacrer la discrimination raciale à l’embauche afin de « favoriser l’intégration des noirs dans l’enseignement supérieur ».
Cette politique repose sur l’idée que les inégalités entre deux groupes raciaux – qu’il s’agisse de résultats scolaires, de revenus ou autres – sont le reflet d’une discrimination d’un groupe envers l’autre pour s’assurer un avantage. Comme l’a dit Ibram X. Kendi, « l’inégalité raciale est la preuve d’une politique raciste ». Les facteurs non raciaux susceptibles de contribuer à une disparité – différence d’âge médian, attitudes culturelles ou capital social – sont ignorés ou considérés comme du « racisme déguisé ».
Dans le rapport de l’Université de Calgary sur son initiative de recrutement groupé, les auteurs ont produit une série de jolis tableaux de données démographiques mettant en évidence les disparités entre le personnel universitaire de l’établissement et la composition raciale globale du Canada. Les minorités visibles représentent près de 15 % des universitaires de l’établissement, soit environ 7 % de moins que les 22 % qu’elles représentent dans l’ensemble de la population canadienne. Une fois ces disparités raciales révélées, les militants antiracistes du campus ont pu rejeter la faute uniquement sur le racisme, sans même envisager d’autres causes possibles.
L’université de Calgary n’a pas tenu compte, par exemple, du fait que de nombreux Canadiens noirs et d’autres minorités visibles, en particulier ceux qui vivent dans les provinces des Prairies, sont des immigrants de première génération. Il existe un décalage prévisible entre l’arrivée des Néo-Canadiens et le moment où eux-mêmes ou leurs enfants pourraient normalement se qualifier pour le monde universitaire. L’université n’a pas non plus tenu compte de la lenteur du taux de rotation de personnel, typique des universités, qui allonge le temps nécessaire pour que les changements démographiques se reflètent dans un département académique donné.
L’université de Calgary semble ignorer les détails gênants qui vont à l’encontre de son discours sur le racisme systémique, comme le fait que 35 % de ses professeurs d’ingénierie sont des minorités visibles. La faculté d’ingénierie de l’université de Calgary est-elle moins raciste que d’autres, ou des hordes de candidats sont-ils en quelque sorte capables de surmonter les obstacles de la vie et de remplir les conditions préalables pour devenir un professeur d’ingénierie performant ?
Préférer une race à une autre est immoral et odieux, quelle que soit la direction prise, et perpétue l’injustice et le ressentiment. Il n’existe pas de nirvana égalitaire où les disparités raciales en matière d’éducation, de revenus et de toute autre mesure importante ont été éliminées. La discrimination raciale ne peut se poursuivre à perpétuité pour guérir la maladie sociétale inventée qu’est le racisme systémique.
Plutôt que de s’embourber dans des controverses raciales, les universités pourraient simplement mettre en œuvre un système d’embauche équitable et fondé sur le mérite, qu’elles pourraient facilement adopter avec toutes leurs ressources. S’il y a de vrais racistes dans les comités d’embauche qui rejettent les minorités, pourquoi ne pas les écarter ?
Un retour au mérite signifierait d’abord l’abandon des exigences raciales à l’embauche et de l’étalonnage démographique par rapport au recensement national ou à d’autres mesures illogiques. Il s’agirait également d’étudier davantage les raisons des disparités raciales, au-delà du racisme systémique, en recueillant de meilleures données démographiques (comme cela se fait aux États-Unis), en étudiant le retard générationnel des immigrants dans l’acquisition des qualifications universitaires et en tenant compte de la lenteur de la rotation du personnel.
Les gouvernements provinciaux pourraient obliger les universités à réduire leur administration pléthorique et utiliser les économies réalisées pour offrir des bourses aux étudiants à faible revenu. Sans recourir à la discrimination raciale, cette mesure aiderait de manière disproportionnée les groupes identifiables qui souffrent d’un niveau de pauvreté plus élevé que le Canadien moyen.
Aucune société n’est parfaite, mais le Canada a un bilan exemplaire en matière de tolérance et de traitement équitable, grâce à la protection des droits civils, à l’hostilité culturelle devant le racisme et à la réussite évidente des minorités jusqu’aux plus hauts niveaux de la société. L’introduction de ce que Jamil Jivani appelle le « racisme re-mixé » dans nos universités et dans la société en général ne peut que nous tirer vers le bas.
Il est facile de cocher des cases et de faire de grandes déclarations. La mise en œuvre de pratiques d’embauche transparentes et équitables nécessite la réflexion, de la sueur et de l’huile de coude, mais elle prouverait que le processus est équitable et donnerait un coup de pouce à ceux qui sont dans le besoin. Et ce serait la bonne chose à faire.
La version originale et complète de cet article a été récemment publiée dans le C2C Journal.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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