Ces derniers mois, la cote de popularité du président de la République affichait une nouvelle fraîcheur grâce à sa gestion des attentats, à la COP21 et au maintien du PS aux Régionales. Cette embellie n’a pourtant pas duré : la proposition de loi sur la déchéance de nationalité, qui ne semblait pas aller plus loin qu’une loi symbolique, a soulevé un vif débat qui s’est conclu par l’opposition de 119 députés dont 83 socialistes – un chiffre deux fois supérieur au nombre de frondeurs réunis lors du pacte de responsabilité. Comme une confirmation, selon un sondage Odexa, l’intervention télévisée du président le 11 février au sujet du remaniement ministériel n’a pas convaincu 7 Français sur 10.
Le remaniement de « synthèse »
Plusieurs figures du PS avaient glissé que François Hollande préparerait un « gouvernement de combat » en vue des présidentielles de 2017. Au final, l’ampleur du changement se mesurera surtout au retour de Jean-Marc Ayrault, remplaçant de Laurent Fabius au ministère des Affaires étrangères et à l’arrivée de trois écologistes dans l’exécutif. Emmanuelle Cosse devient ministre du Logement, Jean-Vincent Placé secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé de la réforme de l’État et de la simplification et Barbara Pompili secrétaire d’État chargée de la biodiversité.
D’une manière générale, la presse a froidement accueilli cette nouvelle équipe. Le Parisien dépeint François Hollande en « Monsieur Bricolage » muni d’une « boîte à outils ». La stratégie présidentielle en vue d’une réélection en 2017 est sur toutes les lèvres, avec un rassemblement à gauche. Jean-Claude Souléry, directeur de La Dépêche du Midi, remarque que le président « réussit la meilleure synthèse à gauche possible – en intégrant, non seulement son ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, mais encore deux chefs de partis, l’écologiste Emmanuelle Cosse et le radical Jean-Michel Baylet, autant dire deux symboles forts du rassemblement à gauche ».
Quelle ligne politique ?
Faire cohabiter des opinions divergentes au sein de l’exécutif n’a pas forcément réussi à François Hollande. En témoigne la composition de l’équipe de Matignon, qui au cours du quinquennat, a aussi bien réuni frondeurs, partisans de la gauche radicale avec Manuel Valls ou Emmanuel Macron. Du temps où il était à l’Intérieur, Manuel Valls contestait ouvertement l’autorité de l’ancien Premier ministre. Aujourd’hui, les places sont inversées : Jean-Marc Ayrault, aux Affaires étrangères, déclare ne « répondre qu’à François Hollande ». Malgré les dissensions, les deux hommes seront amenés à agir sur des dossiers croisés, tels que la sécurité et le terrorisme
De même, le président a annoncé la tenue d’un référendum local sur la question de maintenir ou pas le projet d’aéroport sur Notre-Dame-des-Landes. Jean-Marc Ayrault, initiateur du projet, devra répondre aux écologistes farouchement opposés, lors des conseils des ministres.
Et pour finir, on peut noter que le ministre de l’Économie se voit rétrogradé de la 11e à la 13e position dans l’ordre protocolaire. En substance, d’après L’Express, cela signifie que sa Loi Macron II qui devait « intervenir sur le secteur de l’économie numérique, ne verra pas le jour, dépecée et confiée à ses collègues Myriam El Khomri et Michel Sapin. »
L’arrivée des écologistes au pouvoir a également déclenché de cinglantes réactions, notamment chez EELV. « J’ai le sentiment qu’ils sont montés sur le Titanic et qu’ils vont regarder le prochain iceberg avec beaucoup de perspicacité », ironise Noël Mamère, qui regrette un « immense gâchis ».
Des stratégies pour 2017
Les chantiers à venir d’ici à 2017 nécessitaient-ils de tels changements ? Les principales réformes de la présidence Hollande sont désormais derrière lui et les quatorze mois restant avant la présidentielle ne laissent qu’une faible marge à la nouvelle équipe. « Ce qu’il faut éviter, c’est que le remaniement soit compris comme un changement de ligne », indiquait le président. Et effectivement, personne ne s’attend que les promesses de 2012, comme de réduire le nucléaire de 50% d’ici à 2025 soient inscrites au programme de cette dernière ligne droite.
Pour Alain Duhamel, journaliste politique et essayiste, en vue de 2017, le président « a en fait deux adversaires, l’extrême droite et la droite, et deux handicaps, l’extrême gauche et la gauche ». Et mieux vaudrait avoir à affronter l’extrême droite qu’un candidat des Républicains qui incarnerait le « non à Hollande ». S’imposer comme le candidat idéal face à la montée de l’extrême droite est l’une des meilleures alternatives pour le président, à l’heure actuelle.
Il ne reste guère plus qu’à attendre une « embellie économique », la seule qui lui permettrait de tenir son engagement d’inverser la courbe du chômage. Au gouvernement, les ministres changent, mais les épreuves restent.
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