Décidé à ne rien lâcher sur sa réforme des retraites, l’exécutif paraît résolu à jouer la carte de l’ « ordre républicain » face aux violences qui entourent désormais les manifestations. Une stratégie qui suscite l’ire des opposants à la réforme et quelque gêne en interne.
19 janvier : la première journée d’action intersyndicale vient de rassembler, selon les sources, entre 1,2 et 2 millions de personnes. Dans la soirée, Élisabeth Borne salue les « bonnes conditions » des manifestations grâce à l’ « engagement des forces de l’ordre comme des organisations syndicales ». Et l’ensemble des acteurs de relever un changement d’atmosphère autour du cortège parisien, attribué au préfet de police, Laurent Nunez, nommé en juillet 2022 pour succéder à Didier Lallement, très critiqué pour sa gestion des « gilets jaunes ».
Deux mois et un 49.3 plus tard, la 9e journée intersyndicale, jeudi, a également fait descendre dans les rues plus d’un million de personnes, mais avec un net regain de violence : commissariat ciblé à Lorient, porte de l’hôtel de Ville incendiée à Bordeaux, « scènes de chaos » à Rennes, nombreux cortèges sauvages et nocturnes dans Paris et dans plusieurs villes où les incendies de poubelles et de mobilier urbain se sont multipliés. 441 policiers et gendarmes ont été blessés, 457 personnes interpellées, selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Un « usage excessif de la force »
Mais les accusations s’accumulent également autour de l’attitude des forces de l’ordre, jusqu’au Conseil de l’Europe qui s’est alarmé vendredi soir d’un « usage excessif de la force » en France. Un peu plus tôt, Amnesty International a diffusé une vidéo montrant des charges policières. « Les autorités françaises doivent assurer la sécurité des manifestants et s’abstenir d’user d’une force inutile et excessive », a dénoncé l’organisation.
« D’une crise sociale à une crise démocratique »
« C’est une vieille tactique pour discréditer le mouvement. Impressionner les gens, leur faire peur et essayer de reprendre la main sur l’opinion publique. Mais ce qui caractérise ce mouvement, c’est que, depuis deux mois, l’opinion publique n’a pas bougé. Elle s’est même confortée dans le rejet de la réforme », relève dans Le Monde le patron de la CGT Philippe Martinez.
« Le 49.3 change la donne, car on passe d’une crise sociale à une crise démocratique », expliquait, en fin de semaine dernière, un important responsable syndical, alors que de nombreuses manifestations ont éclaté juste après l’emploi à l’Assemblée de cette arme constitutionnelle par la Première ministre.
Le président pense que « la rue va se calmer »
La stratégie ne semble pas unanimement suivie en interne. Un élu Renaissance se désole de voir le président penser que « la rue va se calmer », alors qu’ils sont nombreux à ne pas y croire. Selon un autre élu du parti présidentiel, « beaucoup en sont à mettre un cierge pour que le Conseil constitutionnel censure le texte ».
« Leur stratégie est de montrer qu’il y a des casseurs en oubliant que la majorité des manifestants ont défilé de façon très républicaine », juge pour sa part un haut-fonctionnaire.
En attendant, une nouvelle journée intersyndicale est programmée mardi. « Face aux violences, que je distingue des manifestations, nous continuerons à avoir la plus grande fermeté », a assuré Emmanuel Macron vendredi.
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