Le gouvernement américain a récemment accusé la Chine de développer des « armes de contrôle du cerveau », un type de technologies qui soulève des problèmes éthiques majeurs lorsqu’il est adopté par un régime totalitaire, génocidaire et territorialement agressif.
Récemment, le gouvernement américain a dressé une liste noire d’exportations sensibles à destination de l’Académie militaire chinoise des sciences médicales. Les recherches sur ce type de technologies ont été dénoncées et les 11 instituts de biotechnologie qui leur sont affiliés sont accusés d’œuvrer à l’élaboration de nouvelles armes pour l’armée chinoise.
L’Académie aurait mené des recherches sur les technologies d’« interface cerveau-machine » ou « interface cerveau-ordinateur », connues sous le nom de BCI. Ces recherches consistaient notamment à implanter des électrodes dans le cerveau de singes vivants, comme des macaques.
Selon Elsa Kania dans une publication de l’Université de la défense nationale de 2020, « les chercheurs de l’Académie militaire des sciences médicales utilisent des macaques pour examiner les techniques d’interfaces cerveau-machine qui impliquent l’implantation d’électrodes dans le cerveau. »
C’est au 16 décembre que le département du Commerce des États-Unis a mis l’Académie et les instituts de recherche affiliés sur liste noire.
Selon la secrétaire des États-Unis au commerce, Gina Raimondo, « la Chine choisit d’utiliser ces technologies pour continuer à contrôler son peuple et à réprimer les membres des minorités ethniques et religieuses ».
Le Financial Times rapporte les propos d’un haut fonctionnaire américain selon lesquels la Chine utilise les nouvelles biotechnologies pour mettre en place les applications militaires du futur qui incluent « la manipulation des gènes, l’amélioration des performances humaines [et] les interfaces cerveau-machine ».
Les entreprises chinoises qui utilisent des drones, la reconnaissance faciale, la cybersécurité, l’intelligence artificielle et l’informatique dématérialisée à des fins de surveillance dans la région chinoise du Xinjiang figurent également sur les nouvelles listes noires américaines, y compris celles du département du Trésor.
Selon le Financial Times, les principaux investisseurs américains – dont Accel, Kleiner Perkins, GGV Capital, Glade Brook Capital Partners, Qualcomm Ventures, Silver Lake et Tiger Global Management – seront tenus de liquider leurs actifs dans les entreprises figurant sur la liste noire.
Les entreprises américaines qui font des recherches sur la technologie BCI sont également liées à la Chine.
Blackrock Neurotech, associée à Palantir de Peter Thiel, et Neuralink, d’Elon Musk, sont deux sociétés américaines de premier plan qui cherchent à faire progresser la technologie BCI. Neurotech a obtenu un soutien financier de 10 millions de dollars en mai et affirme avoir déjà implanté 28 dispositifs chez des patients américains, chinois et européens.
Neuralink a fait des expériences sur un singe macaque nommé « Pager » qui joue à Pong sur un ordinateur en utilisant son esprit, en échange de gouttes de smoothie à la banane délivrées par un tube d’acier. La société a réalisé une vidéo de l’expérience « Monkey MindPong », qui est accessible au public.
La fortune d’Elon Musk est liée à Tesla Inc., un groupe particulièrement dépendant des usines et financements chinois. Tesla a construit plus de 133 000 véhicules en Chine au troisième trimestre 2021. L’entreprise a engrangé environ 3 milliards de dollars de revenus trimestriels en provenance de Chine depuis le quatrième trimestre 2020.
Bien que la Chine soit en retard sur les technologies BCI, Pékin a pour objectif déclaré de « dominer » mondialement le secteur des biotechs et de l’intelligence artificielle. À cette fin, Pékin a interdit, vers février, l’exportation de primates pour la recherche, indispensables pour l’avancement de la science des BCI.
Selon le magazine Slate de novembre, « le contrôle du marché des primates destinés à la recherche rejoint la quête chinoise de transfert de technologie, car les entités étrangères qui souhaitent faire des expériences avec des primates chinois devront désormais partager leur technologie et leur savoir-faire avec la Chine. Les institutions et les entreprises à la pointe du progrès vont donc enseigner à la Chine très concrètement comment rattraper son retard en matière d’innovation technologique. »
Le « lavage de cerveau » des Ouïghours et du Falun Gong par le PCC
Les recherches de l’armée chinoise sur le contrôle du cerveau sont particulièrement inquiétantes comptes tenus de son passif de génocides et lavages de cerveaux des populations minoritaires.
Le gouvernement américain ainsi que plusieurs autres ont reconnu qu’un génocide, selon la définition de l’ONU, est en cours contre la minorité ouïghoure en Chine. Deux autres génocides sont également en cours, contre les pratiquants de Falun Gong, contre les Tibétains.
Selon des chercheurs et des représentants du gouvernement américain, le régime de Pékin détient plus d’un million de personnes dans des centres de « rééducation » dans le but de transformer les membres de ces minorités religieuses et ethniques en « bons » communistes. On estime que 1 à 3 millions de Ouïghours ont été placés dans des camps de rééducation au cours des dernières années, bien que les universitaires s’accordent sur un chiffre compris entre 1 et 2 millions.
Le Dr Adrian Zenz, l’un des plus éminents spécialistes du génocide ouïghour, a examiné les preuves provenant de sources du PCC selon lesquelles les Ouïghours subissent un « lavage de cerveau » dans les camps de rééducation.
Selon le Dr Adrian Zenz, dans un article publié en 2019, les « camps d’internement pour la formation professionnelle » sont des camps de travaux forcés. Il a relevé diverses déclarations du régime chinois qui prétend, par exemple, « ‘récurer les cerveaux’ de ceux qui y sont internés ». Le Dr Zenz a précisé : « Les personnes soumises à ce lavage de cerveau forcé sont appelées ‘personnes en rééducation’ – le même terme utilisé pour les pratiquants de Falun Gong en détention. »
Le Dr Zenz a obtenu un document chinois classifié qui « indique que les détenus montrant des signes de résistance doivent être soumis à des efforts de ‘rééducation par la force’ ».
Un rapport de travail de 2017 du bureau de la justice du comté de Xinyuan « exprime cela… en termes drastiques », selon M. Zenz. « Sous le titre ‘Transformation centralisée par le travail d’éducation’, le rapport indique que le travail de rééducation doit ‘laver les cerveaux, purifier les cœurs, soutenir [ce qui est] droit, [et] éliminer le mal’ (xinao jingxin fuzheng quxie 洗脑净心扶正祛邪) ».
Un tribunal populaire basé à Londres a jugé le 10 décembre que le secrétaire général du PCC, Xi Jinping, est directement responsable du génocide ouïghour.
Les risques éthiques des technologies de « contrôle du cerveau »
La combinaison de la recherche militaire chinoise sur le « contrôle du cerveau » et du « lavage de cerveau » génocidaire du régime devrait être prise plus au sérieux par les éthiciens et les responsables politiques aux États-Unis, en Europe et parmi les alliés asiatiques.
Selon les bioéthiciens Marcello Ienca (Université de Bâle, Suisse) et Pim Haselager (Université Radboud Nijmegen, Pays-Bas), les interfaces de contrôle du cerveau peuvent être utilisées pour « pirater le cerveau » d’une manière qui viole la vie privée et l’autonomie de l’individu. Marcello Ienca est actuellement à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne.
Les BCI fournissent une interface cerveau-machine, soit par l’implantation directe d’électrodes dans le tissu cérébral, soit par une technologie plus temporaire d’électrodes portatives que l’on revêt à l’extérieur du crâne. C’est ce qu’indique l’article examiné par des pairs de Ienca-Haselager, paru dans la revue scientifique trimestrielle Ethics and Information Technology en avril 2016.
Les BCI sont conçues pour aider les patients qui souffrent de maladies neurologiques altèrant les fonctions sensori-motrices. Les BCI peuvent les aider, par exemple, à communiquer avec un bras robotisé qui offre au patient un contrôle accru sur son environnement.
Les BCI font également l’objet de recherches de la part de l’agence américaine Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) pour des applications militaires, telles que le contrôle plus rapide et plus efficace d’un drone de combat par l’homme.
Dans leur article intitulé « Hacking the brain : brain-computer interfacing technology and the ethics of neurosecurity » (Pirater le cerveau : technologie d’interface cerveau-ordinateur et éthique de la neuro-sécurité), les bioéthiciens Ienca et Haselager insistent sur le fait que les risques éthiques des technologies BCI restent largement inexplorés malgré leur développement rapide.
Selon les chercheurs, les « crimes neurologiques » et le « piratage du cerveau », notamment « l’accès et la manipulation illicites de l’information neuronale et du calcul neuronal », constituent un risque majeur pour la « neurosécurité » de l’individu, c’est-à-dire sa vie privée et son autonomie.
Les qualités les plus fondamentales de la personnalité, notamment la conscience, la volonté, la perception, la pensée, l’auto-identification, le jugement, le langage et la mémoire, sont menacées. Ienca et Haselager affirment que « l’utilisation abusive de dispositifs neuronaux à des fins cybercriminelles peut non seulement menacer la sécurité physique des utilisateurs, mais aussi influencer leur comportement et altérer leur auto-identification en tant que personnes ».
Les bioéthiciens Ienca et Haselager ont identifié les BCI comme « particulièrement dangereuses », compte tenu de leur potentiel « neurocriminel » résultant de leur fonction de « lecture de l’activité cérébrale ». Les dispositifs connus sous le nom de « stimulateurs neuronaux » représentent aussi une menace importante. Cette dernière catégorie d’interface machine-cerveau comprend des dispositifs de « stimulation cérébrale profonde (DBS) et des stimulateurs transcrâniens à courant continu (tDCS) ».
Ils ont souligné les risques des lecteurs et des stimulateurs cérébraux, et ont fait valoir que « les garanties éthiques contre ces risques devraient être envisagées au début de toute conception et réglementation ».
Les garanties éthiques, la réglementation et le droit international seront d’autant plus essentiels que Pékin se moque des normes éthiques, obsédé par le contrôle de l’individu dans ses frontières, ou plus précisémment dans les frontières élargies de ce qu’il qualifie de « Grande Chine ».
Anders Corr est titulaire d’un BA/MA en sciences politiques de l’université de Yale (2001) et d’un doctorat en administration de l’université de Harvard (2008). Il est directeur de Corr Analytics Inc. et éditeur du Journal of Political Risk, et a mené des recherches approfondies en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Il est l’auteur de « The Concentration of Power » (à paraître en 2021) et de « No Trespassing », et a édité « Great Powers, Grand Strategies ».
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