Les biologistes de l’Institut François Crick à Londres ont demandé l’autorisation pour modifier le génome d’embryons humains, une pratique très controversée qui est actuellement interdite au Royaume-Uni, aux États-Unis et dans la plupart des pays d’Europe occidentale. Dans un communiqué, l’Institut Crick a déclaré que la modification du gène serait à des fins de recherches liées à la compréhension du développement de l’embryon humain, et non pour une utilisation clinique.
« Cette connaissance peut améliorer le développement de l’embryon après la fécondation in vitro (FIV) et pourrait fournir de meilleurs traitements cliniques pour l’infertilité » a déclaré l’Institut dans un communiqué.
La modification génique a connu un regain d’intérêt depuis l’introduction en 2012 du CRISPR, une méthode qui réduit considérablement les obstacles financiers et techniques aux techniques de découpes et d’assemblages de sections d’ADN. Un certain nombre de start-ups qui gravitent autour des nouvelles technologies ont eu alors pour vocation de trouver des solutions génétiques aux maladies telles que la drépanocytose ou le cancer.
Le mois dernier, la start-up Edita a soulevé 120 millions de dollars de fonds de la part d’investisseurs tels que Bill Gates. Certaines entreprises, comme Edita, se sont spécialisée dans la culture de cellules somatiques. Eles peuvent prendre des lymphocytes T d’un patient ayant des déficiences immunitaires, modifier les gènes dans des cellules et les ré-injecter dans le dos du patient par une transfusion. Les cellules T sont un type de globule blanc qui détecte dans le corps les anomalies cellulaires et les infections. Cependant, l’omniprésence de la technologie a également développé de nombreuses zones grises, d’un point de vue éthique.
« La mise en application de l’ingénierie du génome va créer des changements héréditaires chez l’homme, introduire des mutations d’auto-propagation qui ont été stérilisantes chez les insectes, ou déclencher les translocations chromosomiques qui causent le cancer » – Jennifer Doudna, professeur de chimie et de biologie cellulaire à l’Université de Berkeley
En avril, les chercheurs chinois ont tenté de changer le génome de cellules embryonnaires humaines – une première mondiale, grâce à l’aide du CRISPR. Les cellules n’ont jamais été viables, mais l’expérience a soulevé des inquiétudes quant à la possibilité d’avoir des « enfants de luxe ». Le génome d’un embryon humain y serait alors modifié pour être améliorer – ce qui ramène aux idées eugénistes de sélectionner un type de trait humain plutôt qu’un autre – il y aurait la possibilité d’en introduire de nouvelles capacités génétiques, l’homme en lui même pouvant être considéré comme avoir des défauts génétiques dans la grande soupe génomique.
La préoccupation était assez grande pour que de nombreux chercheurs appellent à une interdiction générale sur la modification de la lignée germinale (en modifiant les cellules reproductrices et les tissus embryonnaires), non seulement pour l’améliorer l’humain, mais aussi pour la recherche concernant la correction de troubles génétiques. Les chercheurs chinois ont fait face à une vague de protestations de la part de la communauté scientifique occidentale, qui a condamné leur travail en les accusant de jouer avec le couvercle de la boîte de Pandore.
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Avant le mois d’avril, l’un des inventeurs de CRISPR avait déjà appelé à un moratoire temporaire sur toutes les modifications de la lignée germinale des embryons humains jusqu’à ce qu’une sécurisation plus complète des normes éthiques soit établie. Jennifer Doudna, professeur de chimie et de biologie cellulaire à l’Université de Berkeley, co-auteur d’un article dans la revue Science a appelé également à des contrôles stricts sur le cadre expérimental.
« La mise en application de l’ingénierie du génome va créer des changements héréditaires chez l’homme, introduire des mutations d’auto-propagation qui ont été stérilisantes chez les insectes, ou déclencher les translocations chromosomiques qui causent le cancer. Ces exemples ont déjà été publiés dans la littérature scientifique et pourraient soulever des préoccupations juridiques et sociétales » a déclaré Jennifer Doudna dans son témoignage devant le Congrès américain en juin.
Bien que la modification de la lignée germinale n’est techniquement pas illégale aux États-Unis, contrairement aux 15 pays d’Europe de l’Ouest, la pratique est déjà confrontée à une pression institutionnelle : le Comité consultatif sur la recherche de l’Institut national de la santé « ne sera pas favorable à une modification de la lignée des cellules germinales, la recherche peut seulement s’intéresser aux cellules somatiques – celles qui sont déjà en croissance. »
À l’heure actuelle, la modification de la lignée germinale pour l’amélioration de l’être humain reste interdite, pour des raisons également pratiques : les scientifiques ne savent tout simplement pas quels gènes sont responsables des traits les plus désirables. En 2014, des chercheurs britanniques ont découvert un gène de NPTN qui a été lié au QI ; seulement 0,05% du gène expliquait la variation de l’intelligence, mais cela a été considéré comme une réalisation majeure dans le domaine.
Cependant, une carte entre les caractéristiques du génome et les différents traits humains ne peut pas rester éternellement dans l’ombre des laboratoires. Depuis 1999, l’Institut de génomique de Beijing a mené un séquençage génétique à grande échelle visant à trouver les gènes qui, le cas échéant, sont responsables de génie humain.
Article en anglais: UK Scientists Apply for Permission to Edit the Genes of Human Embryos
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