La Chine a ordonné une inspection nationale du secteur des vaccins, à la suite du scandale des produits défectueux découverts dans un laboratoire du nord-est du pays. Des inspecteurs ont commencé à être déployés dans les entreprises de production de vaccins dans toute la Chine, a annoncé mercredi soir l’Administration nationale des médicaments (ANM).
Ces équipes « inspecteront de fond en comble l’ensemble du processus et la chaîne de production de tous les fabricants de vaccins », a assuré l’ANM dans un communiqué. Cette mesure fait suite à la découverte courant juillet d’un processus de fabrication illégal d’un vaccin contre la rage dans le laboratoire pharmaceutique Changchun Changsheng. L’entreprise a falsifié des registres de production et modifié des paramètres de fabrication.
Le scandale a suscité un tollé et s’est imposé au sommet de l’actualité en Chine. De nombreux parents ont fait part de leur inquiétude sur les réseaux sociaux et certains ont accusé les responsables administratifs de corruption. De manière inhabituelle dans un pays où l’information est étroitement contrôlée, le président Xi Jinping a été contraint de réagir en dénonçant les pratiques « odieuses et choquantes » de la compagnie pharmaceutique incriminée.
De nombreux scandales alimentaires et sanitaires ces dernières années
Le Parquet de Changchun (nord-est), ville où l’entreprise a son siège, a inculpé jeudi pour corruption l’ex-directeur de l’autorité provinciale chargée de la régulation des médicaments et des aliments. « L’accusé Cui Honghai a profité de ses fonctions pour rechercher des bénéfices pour autrui et accepter des biens d’autrui. En vertu de la loi, il devra assumer ses responsabilités pour avoir accepté des pots-de-vin », a indiqué le parquet.
La police de Changchun avait déjà annoncé mardi avoir arrêté 15 personnes, dont la PDG du laboratoire incriminé. Les autorités les soupçonnent « d’infractions pénales ». L’annonce d’une inspection nationale était majoritairement accueillie avec perplexité jeudi par les internautes.
« Le gouvernement est déjà décrédibilisé », constate un utilisateur du réseau social Weibo. « Ces contrôles auraient déjà dû être lancés il y a bien longtemps. » « Il faut mener l’enquête jusqu’au bout! C’est une question de vie ou de mort! », plaide un autre. « Ce ne sont pas les vaccins qu’il faut inspecter, mais les responsables! », s’insurge un internaute.
Les autorités ont assuré que les vaccins pour la rage défectueux qui ont été contrôlés n’avaient pas quitté les usines de Changchun Changsheng. Mais la firme a écoulé un vaccin diphtérie-coqueluche-tétanos non conforme dans le passé. Quelque 250.000 doses auraient ainsi été vendues dans la province du Shandong (est) l’an dernier.
Les autorités de la province du Hebei (nord) ont par ailleurs révélé lundi que près de 150.000 personnes avaient reçu un vaccin diphtérie-tétanos-coqueluche de qualité inférieure, produit par une autre entreprise. Les multiples révélations de ces derniers jours jettent le discrédit sur les autorités de régulation et attisent la méfiance des consommateurs, déjà échaudés par plusieurs scandales alimentaires et sanitaires ces dernières années.
Un certain nombre de parents de la classe moyenne cherchent désormais à s’approvisionner en vaccins fabriqués à l’étranger. Le scandale reste pour l’instant cantonné aux frontières chinoises. La Chine n’est autorisée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qu’à exporter un très faible nombre de types de vaccins, uniquement vers des pays en développement.
Le média chinois en ligne Jiemian rapportait cependant en 2017 que le pays vendait chaque année 100 millions de doses contre l’encéphalite japonaise à des pays d’Asie du sud-est.
DC avec AFP
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