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Sciences Po Paris : le diplomate Luis Vassy désigné pour diriger l’établissement

septembre 21, 2024 11:27, Last Updated: septembre 21, 2024 11:32
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Après des mois de crise à la tête de Sciences Po Paris et une procédure lancée en mai, les deux instances dirigeantes du prestigieux établissement ont désigné vendredi Luis Vassy, un diplomate de 44 ans, comme nouveau directeur.

Normalien et énarque, membre de la promotion d’Emmanuel Macron à l’ENA, Luis Vassy dirige depuis 2022 le cabinet des ministres des Affaires étrangères successifs, Catherine Colonna, puis Stéphane Séjourné, après avoir été notamment ambassadeur de France aux Pays-Bas.

Il a été plébiscité vendredi par le conseil d’administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), instance qui chapeaute l’école (représentants du personnel, représentants des enseignants, représentants des étudiants…), en recueillant 19 voix parmi les 25 votants, selon un message de Sciences Po envoyé en interne et dont l’AFP a obtenu copie. Selon des sources internes, l’universitaire Rostane Medhi, 58 ans, le seul autre candidat encore en lice, a eu trois voix.

Contacté par l’AFP, Luis Vassy s’est dit « infiniment honoré du choix » fait par les instances dirigeantes et a « hâte de se mettre au service d’une institution dont la France a toutes les raisons d’être fière ». Dans son projet de candidature, le Franco-Uruguayen de 44 ans juge que l’établissement, à la vie tumultueuse depuis quelques années, doit rénover son image, son projet, sa gouvernance et ses financements, avec l’Europe « au cœur ».

Mettre fin aux crises de gouvernance à répétition

Il revient désormais à l’exécutif de nommer officiellement le futur directeur. La nomination du directeur et de l’administrateur fera l’objet d’un décret du président de la République et d’un arrêté de la ministre de l’Enseignement supérieur. Cette nomination doit mettre fin aux crises de gouvernance à répétition, avec, dernier épisode en date, la démission en mars de son ancien directeur Mathias Vicherat, renvoyé devant la justice avec son ex-compagne dans un dossier de violences conjugales.

Depuis, Sciences Po est géré par l’ex-directeur général de Pôle Emploi Jean Bassères, nommé administrateur provisoire. Cette crise n’est pas la première pour Sciences Po, qui cumule déboires et scandales autour de ses dirigeants depuis plusieurs années.

Mathias Vicherat avait ainsi succédé en novembre 2021 à Frédéric Mion, contraint de démissionner pour avoir dissimulé les soupçons d’inceste visant Olivier Duhamel, alors président de la Fédération nationale des Sciences politiques (FNSP), qui chapeaute l’école. Frédéric Mion avait lui-même succédé à Richard Descoings, mort accidentellement en 2012 dans une chambre d’hôtel à New York.

Incidents liés aux mobilisations d’étudiants pro-palestiniens

Sciences Po est aussi secouée depuis des mois par des polémiques liées aux mobilisations d’étudiants pro-palestiniens. L’occupation en mars d’un amphithéâtre par des étudiants, qui a donné lieu à des accusations d’antisémitisme, avait attisé les controverses et entraîné la visite sur place du Premier ministre Gabriel Attal, ex-élève de cette « école des élites ».

Une étudiante avait été la cible de propos antisémites : « ‘‘Ne la laissez pas rentrer, c’est une sioniste’’ », avait relayé le syndicat UEJF sur X. Des propos « inqualifiables et parfaitement intolérables », avait réagi le lendemain Emmanuel Macron.

Huit étudiants avaient été poursuivis en section disciplinaire, à la suite de l’occupation d’un amphithéâtre par quelque 300 militants pro-palestiniens, qui avait donné lieu à des incidents le 12 mars. Après une enquête interne, la direction avait dénoncé « des actes et des propos contraires à notre règlement et aux valeurs de Sciences Po ». « Parmi ces actes, on compte l’occupation de l’amphithéâtre, le filtrage d’une étudiante à l’entrée, des propos à caractère discriminatoire tenus à l’encontre de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), des propos dénigrant Sciences Po et ses personnels ainsi qu’un acte d’intimidation à l’égard d’un enseignant. »

La grande école a ensuite été le théâtre au printemps de plusieurs mobilisations d’étudiants pro-palestiniens, suivies d’interventions de la police. Sciences Po a annoncé début septembre des mesures pour « mieux former » ses étudiants sur le conflit israélo-palestinien, un sujet que le futur directeur connaît très bien.

Luis Vassy avait passé jeudi une première étape capitale en étant également désigné par l’autre instance décisionnaire, le conseil de l’Institut d’études politiques. Ce conseil comptant 31 membres (chargés d’enseignement, doctorants, étudiants, salariés, personnalités extérieures…) l’avait placé en tête au deuxième tour du vote avec 20 voix, contre neuf à Rostane Mehdi, 58 ans, directeur de Sciences Po Aix, selon des sources internes.

La troisième membre, et seule femme, parmi le trio retenu dans la « short list » finale, Arancha Gonzalez, 55 ans, candidate interne en tant que doyenne depuis deux ans de l’école des affaires internationales de Sciences Po, avait été battue au premier tour du vote jeudi. Arancha Gonzalez a retiré sa candidature vendredi, avant l’ultime étape de ce processus. Dans un message transmis à l’AFP, elle a expliqué avoir « constaté que son projet venant de l’intérieur de Sciences Po – mûr et réfléchi – n’a pas été retenu ». Et choisi en conséquence de se retirer « dans l’intérêt de faciliter l’émergence d’un consensus ».

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