Un scientifique explore les connexions mystérieuses entre les personnes via l’intrication quantique dans un cours universitaire sur la conscience

Par Tara MacIsaac
18 août 2022 10:01 Mis à jour: 18 août 2022 10:01

La conscience humaine est souvent écartée par les scientifiques au profit de sujets de recherche plus « pertinents ».

Mais cette mise à l’écart est‑elle justifiée ? La science ne passe‑t‑elle pas à côté d’un élément primordial de l’univers, intrinsèquement lié à tout le reste ? Une université californienne hors des sentiers battus a pour objectif d’étudier ce que de nombreux scientifiques évitent.

La conscience était traditionnellement traitée par ce que le psychologue William James appelait les « scientifiques à l’esprit dur » ou les « empiristes à la peau dure » comme étant triviale, inexistante ou, au mieux, ce que l’on appelle techniquement un épiphénomène, c’est‑à‑dire « quelque chose qui est produit par le cerveau d’une manière ou d’une autre, mais qui ne signifie rien », selon le Dr Allan Leslie Combs, qui développe un programme de doctorat en études de la conscience au California Institute of Integral Studies (CIIS).

L’impact de l’observation consciente sur les objets physiques – comme on le voit dans les expériences de physique quantique – a suscité un intérêt croissant pour l’étude de la conscience humaine. « Si la conscience fait partie du tissu de base de l’univers au niveau quantique, alors elle est importante partout et dans tout », explique le Dr Combs, ajoutant en riant : « Les physiciens sont très sérieux à ce sujet, ce ne sont pas des fous. »

Ses cours sur la conscience permettent aux étudiants d’obtenir des diplômes reconnus au niveau national. Bien que le CIIS soit né d’un groupe de discussion et de dégustation de vin dans les années 1950 (traditionnellement axé sur les questions spirituelles ou philosophiques) il a depuis obtenu une accréditation complète et constitue depuis plus de vingt ans une institution académique solide, bien que peu conventionnelle.

Debout sur le campus du CIIS à San Francisco, pointant vers l’université de Californie‑Berkeley, le Dr Combs déclare fièrement : « Nous avons la même accréditation qu’eux. »

Une nouvelle vision du monde est en train d’émerger, professe‑t‑il.

California Institute of Integral Studies (CIIS) dans le sud du marché de San Francisco. ( Haeb /CC BY-SA-4.0)

Il cite l’historien et écothéologiste Thomas Berry, qui voyait l’univers comme une communauté d’êtres et non comme une collection d’objets. Le Dr Combs insiste sur le mot « communauté ». Cette nouvelle vision du monde s’accompagne d’une conscience accrue de l’interconnexion.

Si on se tourne vers la science pour trouver des explications, le phénomène d’intrication quantique, ou enchevêtrement quantique, est un phénomène dans lequel deux particules (ou groupes de particules) forment un système lié, et présentent des états quantiques dépendant l’un de l’autre quelle que soit la distance qui les sépare – ce qui enfreint les règles de la mécanique classique, où la vitesse de la lumière est considérée comme le moyen le plus rapide pour deux particules de communiquer. Cette connexion instantanée dans l’intrication jette un coup d’arrêt à l’ensemble du modèle classique et a déconcerté les scientifiques, y compris Einstein.

« Au moment du Big Bang, tout était connecté », explique le Dr Combs. Alors, toutes les choses de l’univers pourraient‑elles rester connectées d’une manière ou d’une autre grâce à l’intrication quantique ? Absolument.

Mais il semble que toutes les particules de l’univers ne changent pas de manière correspondante à toutes les autres particules. Pourrait‑il y avoir un lien qui ne soit pas immédiatement apparent pour nous ? Un lien qui existe, mais qui transcende la perception ordinaire ? Il a toujours été du ressort de la philosophie et de la religion d’aborder des questions aussi transcendantales que celle‑ci – jusqu’à plus récemment.

Dr Allan Leslie Combs, président et fondateur de la Society for Consciousness Studies, et professeur au California Institute of Integral Studies (CIIS). (Avec l’aimable autorisation du Dr Allan Combs; Shutterstock)

Bien que l’intrication quantique soit devenue courante aujourd’hui, les universités populaires n’enseignent toujours pas l’étude de la conscience, mais le Dr Combs est convaincu qu’elles finiront par le faire. Le CIIS pourrait être un modèle pour les universités du futur, en comblant le fossé entre la science et le mysticisme.

L’intrication et la conscience pourraient‑elles, ensemble, expliquer l’interconnexion démontrée par le pouvoir de la prière, ou d’autres connexions étranges entre des personnes éloignées les unes des autres, comme des jumeaux ou des parents proches ? Le phénomène conscient du « déjà vu », ou les affirmations encore plus extraordinaires de vision à distance, pourraient‑ils être expliqués dans le monde de la physique quantique ? L’existence d’autres dimensions pourrait‑elle expliquer Dieu ou la vie après la mort ? En réunissant ces idées, la science et l’âme, le CIIS pourrait ouvrir les portes à de nouvelles découvertes.

Le Dr Combs est devenu professeur de la conscience en atterrissant là où l’empirisme rencontre le mysticisme. Prenant appui dans la philosophie chinoise du taoïsme et à la pratique de la méditation, il a été autorisé à explorer de nouvelles voies dans l’étude de la conscience au CIIS. Tous n’ont pas cette liberté. Il connaît des professeurs d’autres universités qui ont été renvoyés pour s’être écartés, même très peu, de leurs recherches.

Sur le campus du CIIS, des mandalas et des photos de leaders spirituels ornent les murs. Les idées « alternatives » sont sérieusement écoutées ici, ce qui leur permet d’entrer dans le courant dominant. Une tolérance des idées prévaut. Mais dans le domaine de la science académique, maintenir la tolérance est un défi.

« C’est parfois un peu risqué », dit le Dr Combs. « Un des problèmes que nous rencontrons, comme d’autres écoles alternatives, est que dans certains domaines, comme la psychologie clinique, pour être pleinement accrédité, il faut suivre les normes de l’APA (American Psychological Association). Cela signifie ne pas parler de spiritualité, par exemple. « Cela signifie qu’il faut s’en tenir à une approche empirique comme fondement. »

Il ajoute : « C’est un problème pour les écoles alternatives, car nous avons effectivement une orientation plus spirituelle et plus humaniste. »

Le médecin est président et fondateur de la Society for Consciousness Studies, qui compte aujourd’hui près de 200 membres experts, dont le célèbre médecin et défenseur de la santé holistique Deepak Chopra.

Le Dr Combs compare l’émergence des études de la conscience au crescendo atteint dans une symphonie. Il n’est que l’un des nombreux « musiciens » qui contribuent de concert à son essor.

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