Sécurité nationale : l’Allemagne s’autorise à abattre les drones suspects

Par Epoch Times avec AFP
15 janvier 2025 21:18 Mis à jour: 15 janvier 2025 21:21

Inquiet des risques de sabotage et d’espionnage, le gouvernement allemand a décidé mercredi d’autoriser l’armée à abattre les drones suspects dont les survols se sont multipliés ces derniers mois au-dessus d’infrastructures sensibles.

« Nous ne nous laissons pas intimider », a affirmé la ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser, constatant que, « depuis l’invasion de l’Ukraine par Poutine, des drones sont de plus en plus souvent utilisés ».

Jusqu’ici, la Bundeswehr (l’armée allemande, ndlr) pouvait effectuer des tirs d’avertissement si un drone menaçait une infrastructure critique dans le domaine de l’énergie, des télécommunications, des transports et de l’industrie, se cantonnant à un rôle d’assistance de la police régionale.

« En cas de menace d’accident particulièrement grave » – mettant en danger des vies humaines ou des infrastructures critiques par exemple, l’armée sera désormais habilitée à repousser les drones « volant illégalement », précise le ministère. « La condition préalable est que les forces de police, en principe compétentes ne soient pas techniquement en mesure de le faire et demandent l’assistance » de l’armée, ajoute-t-il.

Ces derniers mois, une série de survols non élucidés sur son territoire a mis l’Allemagne en alerte. Lundi, les autorités ont annoncé enquêter sur le survol, par au moins dix drones, de la zone militaire du site de fabrication des avions de combat Eurofighter, à Manching, au nord de Munich. D’autres survols non élucidés avaient eu lieu précédemment sur ce site d’Airbus Defence and Space ainsi que sur le site militaire de Neubour-sur-le-Danube, situé non loin de là.

« Véritable danger »

Face à des engins de plus en plus sophistiqués, la police allemande ne dispose pas toujours des moyens adéquats pour intervenir. La technologie avancée de nombreux drones repérés récemment « place les autorités policières devant des défis de plus en plus grands », observent les autorités allemandes.

Ces modèles dotés de caractéristiques de vol sophistiquées, « dont les performances dépassent de loin celles des drones disponibles dans le commerce », « peuvent être utilisés pour le compte d’agences d’État étrangères ». « Les drones, en tant qu’instrument d’espionnage et de sabotage, peuvent être un véritable danger, particulièrement pour nos infrastructures critiques », a souligné la ministre de l’Intérieur.

Adopté en conseil des ministres mercredi, le projet de loi – qui passe par une modification de la loi sur la sécurité aérienne – doit encore être adopté par la chambre basse du parlement allemand, le Bundestag. Le porte-parole du gouvernement, Steffen Hebestreit, s’est montré confiant de voir ce texte adopté au Bundestag avant les élections anticipées du 23 février, même si le gouvernement du social-démocrate Olaf Scholz y est désormais en minorité.

Des enquêtes policières ouvertes

Premier soutien de l’Ukraine après les États-Unis dans le domaine militaire, l’Allemagne est particulièrement dans le viseur de Moscou. Sa proximité avec la Russie – Berlin n’est qu’à un peu plus de 500 kilomètres à vol d’oiseau de l’enclave de Kaliningrad – la rend d’autant plus vulnérable.

D’autant plus que l’usage à des fins militaires des drones s’est accru depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, soit comme arme de guerre entre les deux pays belligérants, soit comme arme d’espionnage dans le cadre de la « guerre hybride » que les Occidentaux accusent Moscou de mener.

En août, des drones ont survolé plusieurs jours de suite une zone industrielle à Brunsbüttel (nord), comprenant une centrale nucléaire à l’arrêt et un terminal de gaz naturel liquéfié. En décembre, des survols nocturnes se sont produits dans l’ouest de l’Allemagne, au-dessus du complexe du chimiste BASF à Ludwigshafen, d’installations du groupe Rheinmetall, l’un des plus gros fabricants d’armes européens, et de la base aérienne américaine de Ramstein.

Dans tous ces cas, des enquêtes policières ont été ouvertes.

Aux États-Unis, les signalements de drones ou d’appareils volants non identifiés, rapportés par des habitants des régions de New York ou du New Jersey, se sont multipliés en décembre, inquiétant l’opinion publique. Les autorités américaines ont exclu tout risque pour la sécurité nationale ou du public et balayé toute suggestion d’implication.

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