Un caïd du trafic de stupéfiants a été tué par balle jeudi à Dugny (Seine-Saint-Denis) dans un probable règlement de comptes, un meurtre qui intervient deux jours après l’attaque d’un commando contre un fourgon pénitentiaire pour faire évader un narcotrafiquant.
L’homme tué dans cette ville de la banlieue nord de Paris, « hautement impliqué dans le trafic de stupéfiants », est identifié comme Mehdi Boulenouane, selon une source proche de l’enquête, confirmant une information du journal Le Dauphiné Libéré.
Originaire du quartier Mistral à Grenoble, cet homme de 38 ans avait été condamné en 2016 à dix ans de réclusion dans une vaste affaire de trafic de drogue, d’armes et de blanchiment, dans laquelle une trentaine de personnes étaient jugées. Soupçonné d’être à la tête du réseau, il avait écopé de la peine la plus lourde.
Selon une source proche de l’enquête, les faits ayant entraîné sa mort se sont déroulés peu avant midi à Dugny, à une dizaine de kilomètres de Paris.
Blessé à la tête et au thorax
Les pompiers ont été appelés pour un homme blessé à la tête et au thorax, d’après la même source. « On est sidérés et en état de choc du côté de ses proches par la violence de ce qui s’est passé », a déclaré son conseil Me David Metaxas, à l’AFP.
« Mehdi avait des appréhensions depuis qu’il avait été libéré, il les avait exprimées lors de l’audience au tribunal correctionnel de Lyon et il faut croire qu’il avait raison d’être inquiet », a-t-il ajouté.
Son avocat a confié que son client « voulait complètement se retirer, prendre sa retraite. Il laisse une femme, deux enfants venait de sortir de prison ».
« Peu importe qu’il ait des antécédents, qu’il soit connu de la justice, c’est un homme qui s’est fait assassiner en pleine rue dans la région parisienne », a déploré Me Metaxas.
La juridiction interrégionale spécialisée de Paris (JIRS) s’est saisi de l’enquête, qu’elle a confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne, ont indiqué à l’AFP les parquets de Bobigny et Paris.
Une caution de 500 000 euros payé en liquide
Mehdi Boulenouane s’était également fait connaître pour avoir été placé sous contrôle judiciaire avant son procès, moyennant une caution de 500 000 euros que 29 personnes étaient venues payer pour lui en liquide.
Ces énormes coupures avaient suscité la suspicion du parquet et conduit à l’ouverture d’une information judiciaire pour blanchiment de stupéfiants, non-justification de ressources et association de malfaiteurs. L’enquête avait abouti à une quinzaine de mises en examen, dont celle de la mère de Mehdi Boulenouane.
La mort de ce trafiquant intervient deux jours après l’attaque violente à l’arme lourde d’un commando contre un fourgon pénitentiaire, tuant deux agents et en blessant trois autres pour faire évader Mohamed Amra, un multirécidiviste impliqué dans des trafics de stupéfiants, soupçonné d’avoir commandité des meurtres liés à ces trafics.
Il y a dix jours, en Seine-Saint-Denis, deux fusillades en moins de 48 heures ont fait trois morts à Sevran, également sur fond de trafic de stupéfiants.
Dans son rapport publié mardi, une commission d’enquête du Sénat brosse le portrait d’une France submergée par le trafic de stupéfiants, qui s’étend sur tout le territoire national façon « start-stups nation » – ‘ubérisation’ du trafic avec une flambée de la violence liée à la concurrence entre les organisations criminelles.
Selon les sénateurs, le chiffre d’affaires du trafic de drogue en France est estimé entre trois et six milliards d’euros par an. Au total, 315 faits d’homicides ou tentatives d’homicide liés au trafic de stupéfiants ont été comptabilisés en France entre janvier et novembre 2023 en zone police, soit une hausse de 57% sur un an, selon la police.
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