Selon l’UFC-Que Choisir, la plupart des médicaments périmés garderaient leurs effets des années après

Par Robin Lefebvre
20 septembre 2024 15:26 Mis à jour: 20 septembre 2024 15:27

Huit médicaments sur dix gardent 90 % de leur efficacité après péremption, selon une étude publiée ce jeudi 19 septembre par l’UFC-Que choisir. L’association de consommateurs dénonce « une véritable gabegie environnementale, économique et sanitaire ».

Une date de péremption pas assez fiable ? Selon une enquête réalisée par une équipe d’UFC-Que Choisir dévoilée ce mercredi, les résultats des analyses prouvent qu’un un grand nombre de médicaments à base d’ibuprofène et de paracétamol gardent leurs effets même des années après avoir dépassé la date limite de consommation.

« Nous avons fait mesurer par un laboratoire spécialisé la quantité de substances actives présentes dans 30 boîtes de comprimés, gélules ou sachets de paracétamol ou d’ibuprofène, qui, d’après les fabricants, sont périmés », explique l’UFC-Que Choisir. « Le résultat du test est sans appel : dans 80% des cas les médicaments contiennent suffisamment de substance active pour être considérés comme efficaces », révèle l’association.

« En outre, nos résultats suggèrent qu’il n’y a aucune relation entre l’année de péremption des médicaments et la quantité de substance active encore présente », poursuit cette dernière. La doyenne des associations de consommateurs d’Europe occidentale cite notamment l’exemple hallucinant d’une boîte de « paracétamol censé être périmé depuis 1992 (et qui) présente encore… 100 % de substance active ».

Des destructions de produits qui coûtent très cher

Pour l’association à but non lucratif, ce phénomène est « particulièrement inquiétant » et constitue un gaspillage à plusieurs titres, sur le plan sanitaire d’abord. Au cours des deux dernières années, plus de 50 % des médicaments dits « essentiels » ont fait l’objets de signalements de rupture ou de risque de rupture auprès de l’ANSM. 450 produits de santé composent cette liste de médicaments essentiels. Côté environnement, le résultat est alarmant, puisque le « surcroît inutile de déchets » est en partie « non traité dans le cadre du processus de collecte des médicaments ».

Enfin, les pertes sont tout aussi « économiques » car la situation entraîne un « renouvellement plus rapide de médicaments » pourtant encore consommables, ce qui a « un coût pour le système hospitalier et pour l’Assurance maladie » lorsqu’ils sont prescrits, et pour les malades lorsqu’ils ne sont pas remboursés. Le montant de ces médicaments incinérés ou enfouis est estimé à un milliard d’euros chaque année.

L’association met en avant l’importance d’une « rationalisation de la distribution et de la consommation de médicaments », notamment en limitant les prescriptions. « Il est curieux que les laboratoires puissent déterminer de manière purement discrétionnaire la date de péremption des médicaments », relève également l’association, s’interrogeant sur la possibilité que « les critères économiques prennent le pas sur les critères scientifiques ».

L’UFC-Que Choisir réclame d’ores et déjà à l’ANSM un « ensemble des mesures permettant d’éviter ce gaspillage de médicaments ». Selon CNews, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé travaille actuellement avec les firmes pharmaceutiques afin de les inciter à retarder les dates de péremption.

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