Une majorité d’amateurs de la Coupe du monde de football sont en faveur d’une indemnisation par la Fifa des ouvriers « qui ont souffert » lors des préparatifs du Mondial-2022 prévu au Qatar, selon un sondage pour le compte de l’ONG Amnesty International publié jeudi.
Le riche émirat gazier est régulièrement dénoncé par des ONG pour le traitement réservé aux centaines de milliers de travailleurs venus notamment d’Asie sur les grands chantiers liés à la Coupe du monde. Doha et l’instance dirigeante du foot mondial insistent de leur côté sur les progrès réalisés.
Ce sondage YouGov a été mené auprès de 17.000 adultes dans 15 pays (en Europe, aux Etats-Unis, au Mexique, en Argentine, au Maroc et au Kenya) pour Amnesty International, à l’origine en mai d’un l’appel à la Fifa pour indemniser les ouvriers.
L’indemnisation des ouvriers sollicitée
Soixante-treize pour cent des sondés disent « soutenir fortement » ou « tendre à soutenir » le fait que l’instance devrait utiliser une partie de ses revenus pour offrir des compensations aux ouvriers dont les droits ont été bafoués.
Sur les personnes interrogées affirmant qu’elles regarderont au moins un match, 84% se disent en faveur de cette proposition.
Dix pour cent des personnes interrogées « tendent à s »opposer » ou « s »opposent fortement » à toute compensation, tandis que 17% se disent indécis.
Le sondage montre également que plus des deux tiers des sondés souhaitent que les fédérations de football de leurs pays « s’expriment publiquement sur les affaires relatives aux droits humains » dans le cadre du Mondial-2022, rapporte Amnesty.
« La Fifa a encore le temps de faire ce qu’il faut », a commenté dans un communiqué Steve Cockburn, responsable du programme Justice sociale et économique chez Amnesty. « Les fans ne veulent pas d’une Coupe du monde entachée (…) par des violations des droits humains ».
La Fifa « prend note » du sondage
Dans un communiqué transmis à l’AFP, la Fifa « prend note » de ce sondage et insiste sur « les mesures mises en place ces dernières années par (elle) et ses partenaires au Qatar pour protéger les ouvriers ».
« Les travailleurs ont été indemnisés sous diverses formes lorsque les entreprises n’ont pas respecté les normes de bien-être » du Comité suprême d’organisation du Mondial-2022, assure la Fifa. « Ces mesures ont été complétées par celles prises par le ministère du Travail pour faire appliquer la législation du travail du Qatar et permettre l’accès à des recours ».
L’instance dirigeante du foot mondial affirme qu’elle « continuera (ses) efforts ».
« Nous avons pris des mesures fortes »
Dans une interview à l’hebdomadaire français Le Point dévoilée mercredi soir (sa troisième interview formelle seulement depuis son accession au pouvoir en 2013), l’émir du Qatar s’est également exprimé sur ce sujet.
« Nous avons compris que nous avions un problème avec le travail sur les chantiers, et nous avons pris des mesures fortes en un temps record. Nous avons modifié la loi et nous punissons quiconque maltraite un employé ; nous avons ouvert nos portes aux ONG et nous coopérons avec elles. Nous en sommes fiers », clame cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani.
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