Suicide d’Evaëlle, 11 ans : son enseignante jugée pour harcèlement six ans après

Par Epoch Times avec AFP
10 mars 2025 10:45 Mis à jour: 10 mars 2025 10:48

Le procès de l’enseignante d’Evaëlle, une collégienne de 11 ans qui s’était suicidée en juin 2019 dans le Val-d’Oise, s’est ouvert lundi devant le tribunal correctionnel de Pontoise qui la juge pour harcèlement sur mineurs.

« Nous souhaitons que cette enseignante réalise qu’elle a commis des erreurs vis-à-vis d’Evaëlle », a déclaré devant la nuée de journalistes Delphine Meillet, avocate de la famille d’Evaëlle. « L’école sert à enseigner, protéger, créer des citoyens dans le calme et l’harmonie », a-t-elle affirmé.

Le 21 juin 2019, le père d’Evaëlle retrouve sa fille de 11 ans pendue à son lit dans leur pavillon à Herblay (Val-d’Oise).

Six mois plus tôt, l’adolescente avait tenté de mettre le feu à une poutre de la maison après une rupture amicale.

« Humilié régulièrement »

Depuis l’entrée d’Evaëlle en sixième au collège Isabelle-Autissier d’Herblay, les problèmes s’étaient multipliés pour la jeune fille, déjà victime de brimades en primaire.

Au-delà du comportement insultant et violent de camarades, elle faisait face à des tensions avec son enseignante de français au sujet de la mise en place d’un protocole médical relatif à des problèmes de dos.

Dans un premier temps, la situation avait été réglée en interne et Evaëlle, décrite comme précoce, joyeuse mais ayant des difficultés dans les relations sociales, n’appréhendait plus de se rendre en cours de français.

Pourtant, quelques mois plus tard, durant une session consacrée au harcèlement scolaire, l’enseignante avait demandé aux élèves d’exprimer leurs reproches à Evaëlle, qui devait ensuite s’expliquer. Face à ses pleurs, l’enseignante s’était énervée et lui avait intimé de répondre aux questions, d’après les récits des élèves.

Dans l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, il lui est reproché d’avoir « humilié régulièrement » Evaëlle devant sa classe, de l’avoir « isolée au fond » et d’avoir organisé « des heures de vie de classe portant sur le harcèlement scolaire au cours desquelles elle l’a stigmatisée comme étant victime de harcèlement par ses camarades et l’a contrainte à répondre aux questions de ceux-ci ».

L’ensemble de ces comportements ont eu « pour effet une dégradation très importante des conditions de vie de la jeune fille qui s’isolait de plus en plus », écrit la juge.

L’enquête révèle un autre portrait de la professeure

Depuis 2021, l’enseignante aujourd’hui âgée de 62 ans ne peut plus faire cours à des mineurs et a une obligation de soins psychologiques.

Son dossier administratif fait état d’une « professeure expérimentée, sérieuse et dynamique » mais l’enquête a brossé un autre portrait.

La majorité des élèves interrogés ont rapporté qu’Evaëlle était une cible récurrente de la professeure qui lui criait dessus et l’isolait au fond de la classe.

L’enseignante est également jugée pour avoir harcelé deux autres collégiens. Elle a obtenu un non-lieu pour une quatrième élève.

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