Lorsque Xi Jinping a obtenu un troisième mandat, à la tête du Parti communiste chinois (PCC) lors du XXe Congrès national d’octobre 2022 (un précédent), on a eu la surprise de constater que le Comité permanent du Politburo était composé de ses béni‑oui‑oui.
Il semble que Xi Jinping ait la mainmise sur le pouvoir et que personne ne puisse le contester, qu’il ait la possibilité d’écarter ou de promouvoir ceux qu’il souhaite, au mépris total des conventions du PCC. Xi Jinping s’est transformé en un dictateur aussi puissant que Mao Zedong.
Cependant, Xi Jinping a déjà fait des compromis majeurs sur trois questions. Il a abruptement mis fin à la politique zéro Covid, a abandonné la quasi‑totalité des mesures économiques phares et a inversé sa politique scientifique et technologique.
Dans l’histoire du PCC, les compromis ont toujours signifié un affaiblissement du pouvoir. Même quelqu’un d’aussi dur que Mao, ayant fait un compromis en reconnaissant l’échec de ses politiques économiques après la grande famine de 1959 à 1961, a dû céder la gestion du régime à Liu Shaoqi. En 1980, le successeur de Mao, Hua Guofeng, a perdu son poste de dirigeant du PCC après avoir admis qu’il avait commis une erreur politique. En 1986, Hu Yaobang a perdu son poste de dirigeant du Parti après avoir reconnu qu’il avait été inefficace dans son opposition à la « libéralisation bourgeoise ».
Pourquoi Xi Jinping a‑t‑il fait de tels compromis, et quelles en seront les conséquences ?
Le 4 janvier, le Wall Street Journal a publié un article de Lingling Wei et Jonathan Cheng, citant des internes ayant fait part des raisons ayant poussé Xi Jinping à mettre fin à la politique zéro Covid. Ils ont donné deux causes : l’une est que l’économie est au bord de l’effondrement, et l’autre, le mouvement des papiers blancs.
Selon le South China Morning Post, Xi Jinping aurait déclaré au président du Conseil européen Charles Michel que la plupart des manifestants étaient des étudiants frustrés par les mesures Covid‑19, mises en œuvre depuis déjà près de trois ans.
Les manifestations de masse ont été déclenchées par l’incendie d’un immeuble dans lequel sont morts au moins dix habitants d’Urumqi, dans le Xinjiang, en novembre 2022. Les premiers secours n’ont pas pu atteindre l’appartement en feu, qui a brûlé pendant des heures, en raison des barrières disposées pour confiner tout le complexe résidentiel.
Au cours des manifestations, la population a exhorté que Xi Jinping et le PCC se retirent.
La décision de Xi Jinping de lever les restrictions Covid‑19 indique qu’il n’est pas aussi puissant qu’il le semble. À l’époque, Deng Xiaoping avait utilisé la force pour réprimer les étudiants protestataires de la place Tiananmen en 1989.
Lorsque le PCC fait des compromis, le peuple constate que sa pression n’est pas nulle, il est plus disposé à se battre pour ses droits sur d’autres questions.
Une personne de l’entourage de Xi Jinping en est consciente. Peu après l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, son proche allié Wang Qishan a recommandé un livre intitulé « L’Ancien régime et la Révolution » aux cadres du PCC. Écrit par Alexis de Tocqueville, le livre (pdf) contient une introduction au premier chapitre laissant à réfléchir :
« Une chose surprend au premier abord : la Révolution, dont l’objet propre était d’abolir partout le reste des institutions du Moyen Âge, n’a pas éclaté dans les contrées où ces institutions, mieux conservées, faisaient le plus sentir au peuple leur gêne et leur rigueur, mais, au contraire, dans celles où elles les lui faisaient sentir le moins ; de telle sorte que leur joug a paru le plus insupportable là où il était en réalité le moins lourd. »
En d’autres termes, le PCC répond aux réclamations publiques avec brutalité, même s’il peut les résoudre en punissant quelques fonctionnaires de bas niveau ou en concédant une petite compensation. La répression nécessite une mobilisation massive de policiers et des fonds considérables, et la population n’en saisit pas sa finalité.
La logique est pourtant simple. Si la population est constamment réprimée, la justice , lui semble-t-il, ne prévaudra jamais. Désespéré, le peuple finit par abandonner la lutte.
Le moindre compromis équivaut à l’encourager à résister. En raison du mouvement des papiers blancs, les protestations deviendront probablement plus fréquentes. Quand ces mobilisations atteindront le point d’être présentes partout, Xi Jinping ne pourra pas les stopper. Le régime étant un système totalitaire et son pouvoir étant centralisé, il est habile à gérer un seul incident à la fois. Par exemple, le PCC a rapidement écrasé les manifestations en faveur de la démocratie organisées par les étudiants en 1989 parce qu’elles se déroulaient principalement en un seul endroit, sur la place Tiananmen.
Le résultat le plus important est que le peuple ne craindra plus le PCC lors de futures protestations – c’est ce que le Parti redoute le plus ! Voilà le talon d’Achille de Xi Jinping.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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