Commentaire
Le commerce au noir d’organes humains destinés à la transplantation constitue l’une des pires violations des droits de l’homme dans le monde d’aujourd’hui. Mais voilà le problème : si beaucoup condamnent le trafic d’organes, peu sont prêts à faire quoique ce soit pour qu’il s’arrête.
Pour l’instant, le comité sénatorial canadien vient d’adopter le projet de loi S 204. Tout voyage à l’étranger dont le but est d’acheter des organes pour une transplantation est désormais un délit. Plus précisément, le projet de loi condamne toute personne qui :
– « obtient un organe pour le transplanter dans son corps ou dans le corps d’une autre personne, sachant que la personne sur laquelle il a été prélevé… n’a pas donné son consentement en connaissance de cause » ;
– « facilite le prélèvement d’organe sur le corps d’une autre personne » sans son consentement ;
– « obtient, participe ou facilite l’obtention d’un organe du corps d’une autre personne … en sachant qu’il a été obtenu à titre onéreux », autrement dit quand cette personne achète l’organe.
Quel changement réconfortant du statu quo. Malgré des années de plaidoyers incessants de la part des opposants, les « touristes de transplantation » n’ont jamais craint aucun danger en optant pour cette solution. Ce qui n’est pas le cas, en revanche, pour les personnes démunies, désespérées, évoluant dans des pays en voie de développement extrêmement pauvres comme la Turquie, le Pérou, le Bangladesh ou autre, qui se seront laissées convaincre par un trafiquant d’organes aux discours enjôleur, de vendre un rein à des acheteurs qui cherchent à contourner les listes d’attente des opérations légales et éthiques.
Il arrive que ce type d’accords avec le diable ait des conséquences mortelles. Chez Bloomberg, Michael Smith a mentionné un de ces cas en 2011 : « La mère de Luis Picado se souvient du jour où son fils a cru qu’il avait gagné à la loterie… Un Américain avait promis à Picado, un jeune homme de 23 ans qui avait abandonné ses études secondaires et travaillait comme ouvrier dans le bâtiment, de lui donner un emploi et un appartement à New York s’il faisait don d’un de ses reins… Trois semaines plus tard, en mai 2009, Picado est sorti de la salle d’opération de l’hôpital militaire de Managua avec une hémorragie interne due à l’artère que les médecins avaient sectionnée pour lui retirer le rein, selon les dossiers médicaux … Picado s’est vidé de son sang alors que les médecins tentaient de le sauver. »
Les trafiquants d’organes opèrent partout dans le monde. En 2011, le Herald Sun a couvert le démantelement effectué par les autorités du Bangladesh d’un gang de trafiquants de reins. Dans un village particulièrement pauvre, on dénombrait non moins de 200 victimes, des personnes qui vendaient leur rein pour seulement 1 900 dollars américains.
En fait, le tourisme d’organes est devenu un problème si sérieux qu’au Pakistan par exemple, tout achat d’organe est interdit, de même que tout don d’organe vivant (sauf aux membres de la famille proche). Et pour la même raison, les Philippines ont créé une loi interdisant aux étrangers de subir des transplantations rénales dans le pays.
C’est grave, mais ce n’est rien en comparaison avec le carnage perpétré par la République populaire de Chine, où les prisonniers de conscience sont tués et privés de leurs organes pour alimenter le marché noir. L’avocat canadien des droits de l’homme David Matas et l’ancien Secrétaire d’État canadien pour la région Asie-Pacifique David Kilgour ont passé des années à suivre les histoires de ce pillage d’organes contre les pratiquants de Falun Gong et autres prisonniers de conscience.
En 2006, ils ont ensemble publié un rapport détaillé et effrayant, mis à jour en 2016, alléguant que les pratiquants de Falun Gong étaient systématiquement emprisonnés, soumis à des examens de compatibilité tissulaire et tués pour leurs organes.
Extrait de « Bloody Harvest-the Slaughter » (Récolte sanglante – le massacre) d’Ethan Gutmann : « Les prisonniers du Falun Gong, qui ont ensuite quitté la Chine, ont témoigné avoir systématiquement été soumis à des tests sanguins et à des examens de leurs organes dans les camps de travaux forcés disséminés à travers le pays. Il ne pouvait pas s’agir d’un simple examen de santé puisqu’ils étaient régulièrement torturés, mais c’est une nécessité pour les transplantations d’organes, et pour constituer une banque de ‘donneurs’ vivants. Dans quelques cas, les membres des familles des pratiquants de Falun Gong ont pu voir les cadavres mutilés de leurs proches entre la mort et la crémation. Des organes avaient été prélevés. »
La Chine a continuellement démenti ces accusations, tout en promettant des réformes. Mais le trafic bat son plein. Un article publié en 2017 dans BMC Medical Ethics affirme : « La pratique non éthique du prélèvement d’organes sur des prisonniers exécutés en Chine dure depuis des décennies. De plus, cette pratique est liée à des abus à grande échelle et à de graves violations des droits de l’homme. »
Cette situation est choquante et intolérable. Comment y mettre fin ? Les gouvernements du monde entier doivent suivre l’exemple du Canada. C’est peut-être enfin le cas.
En effet, le Sénat du Texas vient d’adopter une résolution demandant aux États-Unis d’adopter une loi « interdisant la collaboration entre les sociétés médicales et pharmaceutiques américaines et leurs homologues chinois liés au prélèvement forcé d’organes ».
Des propositions plus concrètes ont également été faites. Elles comprennent :
– une législation nationale interdisant aux citoyens de recevoir des organes illégaux dans quelque pays que ce soit, comme au Canada qui est sur le point de mettre cela en place ;
– l’interdiction du remboursement des greffes effectuées à travers le monde impliquant des pratiques illégales ;
– le refus d’accorder des visas d’entrée aux personnes qui ont participé à des prélèvements illégaux d’organes dans quelque pays que ce soit et quelque fût leur rôle.
Une grande partie du problème tient au fait que beaucoup trop parmi nous restent indifférents à la souffrance des personnes démunies à l’autre bout du monde. Certains d’entre nous vont même jusqu’à glorifier qu’elles puissent être exploitées. Prenons l’exemple du livre « Larry’s Kidney » ( Le rein de Larry), écrit en 2009 par Daniel Asa Rose, qui raconte comment l’auteure a acheté un rein en Chine pour son cousin Larry. Après une série de mésaventures et de complications, Larry reçoit enfin son nouveau filtre à sang biologique. Oh ! Quelle joie pour Larry ! Mais c’est sûrement tout sauf joyeux pour celui à qui appartient cet organe à l’origine.
Mais les lois ne peuvent pas tout faire. Au final, c’est à chacun de nous de s’opposer à cette exploitation sanglante. Par exemple, si nous apprenons qu’un ami ou un proche malade envisage de se procurer un organe vendu au noir, promettons-lui de le soutenir et de l’aimer dans sa détresse, mais faisons-lui savoir qu’on ne lui parlera plus jamais s’il veut prendre des raccourcis qui manquent totalement d’éthique.
Plus important encore, si nous sommes nous-mêmes confrontés à une telle impasse, nous devons nous efforcer de trouver le courage et l’intégrité d’attendre notre tour pour recevoir un organe donné de manière éthique. Après tout, certaines choses sont pires que de mourir. Si la justice – la rétribution karmique – existe dans le monde, commettre un crime contre le droit humain d’une telle ampleur est bien pire que la mort.
Wesley J. Smith, auteur primé, est président du Centre de l’exceptionalisme humain du Discovery Institute.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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