La commission d’enquête du Sénat, qui s’est penchée pendant quatre mois sur le fonctionnement et la « stratégie d’influence » de l’application d’origine chinoise TikTok, rend jeudi ses conclusions, alors que les réseaux sociaux sont accusés d’avoir participé à l’emballement des récentes violences urbaines en France.
Le rapport intitulé La tactique TikTok : opacité, addiction et ombres chinoises est actuellement en cours de présentation. La conférence de presse qui se tient ce jeudi matin doit aborder les nombreuses critiques dont fait l’objet l’application de vidéos courtes et divertissantes, appartenant au géant chinois ByteDance, depuis qu’elle est devenue lors du confinement l’une des plateformes sociales les plus prisées des adolescents.
La commission d’enquête parlementaire sur #TikTok livre ses conclusions : « Nous avons tous été frappés par cette transparence opaque. Il y a une opposition entre les protestations de transparence de #TikTok et la réalité qui est celle d’une opacité voulue » @ClaudeMalhuret pic.twitter.com/cbFmN7LNzV
— Public Sénat (@publicsenat) July 6, 2023
Liens avec la Chine, modération des contenus, addiction, données personnelles, sort des Ouïghours : lors d’une audience début juin, la commission avait bombardé de questions deux dirigeants de TikTok en France, sans obtenir davantage que des démentis et des réponses vagues.
Des réseaux « anti-sociaux »
Mais le rapporteur Claude Malhuret, président du groupe Les Indépendants-République et Territoires, est partisan d’une ligne dure envers les réseaux sociaux dont il pointe fréquemment les dérives, dernièrement à propos des émeutes ayant suivi la mort du jeune Nahel.
« La responsabilité des réseaux anti-sociaux dans la propagation des violences est telle que le président de la République a dû les convoquer à l’Élysée. Barack Obama disait que ces réseaux sont devenus l’une des principales menaces contre nos démocraties. La preuve est là », a-t-il lancé mercredi lors d’une séance de questions au gouvernement.
Le gouvernement pourrait d’ailleurs envisager de « suspendre des fonctionnalités » sur les réseaux sociaux en cas de nouvelles émeutes, a indiqué mercredi l’exécutif.
L’opacité de TikTok
Bien qu’il revendique une « séparation totale » avec ses entités en Chine, TikTok est confronté à des limitations croissantes en Occident, sur l’accusation de transferts de données d’utilisateurs vers ce pays qui oblige les sociétés locales et ses ressortissants à dévoiler les données stockées sur leurs serveurs si l’État leur demande.
« Selon l’Arcom, @tiktok_France est le plus mauvais élève de toutes les plateformes en matière de confidentialité. Alors que TikTok existe en France depuis 5 ans, il ne répond toujours pas à l’ensemble des demandes du régulateur français », pointe @ClaudeMalhuret pic.twitter.com/A9pIaN1xFX
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Invoquant les risques en matière de cybersécurité, le gouvernement français a interdit en mars le téléchargement et l’utilisation du réseau social (entre autres applications récréatives) sur les téléphones professionnels des 2,5 millions de fonctionnaires d’État, emboîtant le pas à de nombreux autres exécutifs et parlements occidentaux.
Aux États-Unis, le Montana a banni TikTok à partir du 1er janvier 2024 et d’autres États américains pourraient suivre, tandis que le Congrès et la Maison Blanche réfléchissent à des projets de loi similaires.
L’application est utilisée chaque mois par environ 150 millions d’Américains et le même nombre d’Européens.
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