Confronté à la défiance des pouvoirs publics, le réseau social TikTok a annoncé mardi avoir commencé à héberger les données de ses utilisateurs européens en Irlande, afin d’apaiser les craintes vis-à-vis de ses actionnaires chinois.
« Notre premier centre de données à Dublin, en Irlande, est désormais opérationnel et la migration des données des utilisateurs européens vers ce centre a déjà débuté, tandis que nos deux autres centres en Norvège et en Irlande sont en cours de construction », a indiqué la filiale du géant chinois ByteDance dans un communiqué.
Ce transfert doit se poursuivre jusqu’à fin 2024, date à laquelle les trois centres de données seront en fonctionnement. Ce projet, baptisé Clover et annoncé en mars, représente pour TikTok un investissement annuel de 1,2 milliard d’euros. Il a également noué un partenariat avec l’entreprise de cybersécurité britannique NCC Group, chargée d’effectuer « un audit indépendant » des protections des données mises en oeuvre, de « surveiller les flux de données » et de « signaler tout incident ».
Sur le modèle des mesures imposées au réseau social aux Etats-Unis, ces dispositions ont pour but d’empêcher les employés de ByteDance situés en Chine d’accéder aux « données protégées » des Européens, ont expliqué des responsables de TikTok lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes. Parmi ces données protégées figurent les noms réels des utilisateurs, leur adresse mail, leur numéro de téléphone ou l’adresse IP de leurs terminaux, ainsi que les données personnelles au sens de la réglementation européenne. En revanche, certaines données agrégées, publiques ou nécessaires à l’interopérabilité du réseau, continueront de circuler et d’être hébergées en dehors du continent.
Interrogé, TikTok n’a pas souhaité communiquer la part des données déjà transférées depuis les actuels centres de données aux États-Unis et à Singapour. Le réseau social avait déjà esquissé en août 2020 un plan pour stocker les données des utilisateurs européens localement, qui n’avait alors pas vu le jour.
Attentif à « la mise en œuvre de cet engagement »
« Je suis très attentivement la mise en œuvre de cet engagement pris notamment à l’occasion de mes rencontres avec les dirigeants de TikTok. Ce n’est qu’un début. Nous restons vigilants et ne relâchons pas l’effort », a réagi mardi le ministre français délégué au Numérique, Jean-Noël Barrot, sur le réseau social X (ex-Twitter).
TikTok compte aujourd’hui 150 millions d’utilisateurs aux États-Unis et 134 millions dans l’Espace économique européen. L’entreprise revendique une séparation juridique totale avec ses entités en Chine et a toujours fermement nié tout partage de données avec les autorités chinoises. Mais sa maison mère ByteDance avait dû reconnaître en décembre 2022 que des employés avaient eu accès aux données de deux journalistes américains à l’occasion d’une enquête interne sur des fuites de données.
Bannie des téléphones des fonctionnaires
Dès lors, des pays comme l’Australie, la Belgique et le Canada, ainsi que la Commission européenne, ont banni l’application de divertissement sur les téléphones professionnels de leurs fonctionnaires. L’État américain du Montana a annoncé une interdiction totale de l’application, bien que cette décision fasse l’objet d’un appel.
En juillet en France, une commission d’enquête du Sénat avait menacé l’application d’une suspension si celle-ci ne prenait pas des mesures pour clarifier ses liens avec les autorités chinoises et ne mettait pas en place une modération « efficace » avant le 1er janvier 2024.
TikTok a depuis annoncé la mise en place d’outils à destination des chercheurs et des régulateurs, un fil d’actualité non personnalisé, la fin des publicités personnalisées pour les mineurs et une nouvelle option pour signaler des contenus. Sa branche française a également décidé de remplacer sa présidente sino-canadienne Zhao Tian par son directeur des opérations mondiales, l’Américain Adam Presser.
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