Le président américain Donald Trump est arrivé samedi au Japon pour une visite de quatre jours qui devrait être dominée par force amabilités et images de bonne entente sans avancées concrètes à attendre sur la question prégnante du commerce.
Air Force One a touché le sol nippon peu avant 17H00 (08H00 GMT) sous un ciel radieux. Le président et son épouse Melania ont été accueillis sur le tarmac par le ministre japonais des Affaires étrangères Taro Kono et sa femme Kaori. M. Trump a participé ensuite à une réunion avec les patrons de grands groupes japonais, dont ceux des constructeurs automobiles, à la résidence de l’ambassadeur des Etats-Unis.
« Le Japon a eu un avantage considérable pendant de très nombreuses années mais c’est OK et c’est peut-être pour ça que vous nous aimez tant », a lancé le président américain. Mais (après un accord bilatéral) ce sera « un peu plus juste », a-t-il ajouté. Pour ce deuxième voyage au Japon, il sera le premier dirigeant étranger à rencontrer le nouvel empereur Naruhito, monté sur le trône du Chrysanthème le 1er mai, après l’abdication de son père Akihito.
A Washington comme à Tokyo, on vante aussi une relation personnelle « sans précédent » entre M. Trump et le Premier ministre Shinzo Abe. Les deux hommes ne manqueront d’ailleurs pas de faire une partie de golf, leur passion commune. Le point d’orgue de cette visite d’Etat doit être la rencontre lundi entre le président américain et l’empereur, ainsi que le banquet donné en soirée au palais impérial. Les autres dirigeants devront attendre des festivités organisées en octobre pour avoir cet honneur.
Mais ce moment historique ne devrait probablement surpasser que de peu le spectacle de Donald Trump assistant à un tournoi de sumo dimanche, dans l’arène de Ryogoku Kokugikan. C’est une rencontre peu commune qui se prépare entre l’inclassable président américain, peu soucieux des codes et usages, et l’ancienne lutte japonaise sacrée, figée dans des traditions plus que millénaires.
Il remettra au vainqueur dimanche une « Coupe Trump », imposante par son poids et sa taille (1,4 mètre de haut). On sait depuis les dernières joutes de samedi après-midi qu’il s’agira du Japonais Asanoyama, qui restera quoi qu’il arrive dimanche détenteur du plus grand nombre de victoires. Quant à la fameuse partie de golf, elle est programmée avant le sumo.
La séquence officielle diplomatique du voyage se limite à une brève réunion bilatérale avec un déjeuner de travail lundi, après quoi les deux dirigeants parleront aux médias. MM. Trump et Abe prévoient également de rencontrer les familles de Japonais enlevés dans les années 1970 et 1980 par la Corée du Nord dans le but d’en faire des formateurs d’espions nord-coréens. Shinzo Abe, pour qui ce sujet est d’une grande importance en politique intérieure, avait demandé à Donald Trump de soulever cette question dans ses discussions avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un.
Enfin, ils doivent visiter mardi la base navale commune de Yokosuka. En pleines tensions avec la Chine et avec l’Iran, le voyage est ainsi taillé sur mesure pour démontrer que Donald Trump « s’y connaît en politique étrangère et a bien des amis », résume Robert Guttman, de l’université Johns Hopkins. Mais des tensions pourraient néanmoins émerger sur le vrai sujet qui anime actuellement les relations bilatérales: le commerce.
Si Donald Trump a reporté de six mois l’imposition de droits de douane supplémentaires sur les importations de voitures japonaises et européennes, il a également déclaré que la dépendance des Etats-Unis envers l’industrie automobile étrangère représentait une menace pour la sécurité nationale américaine ce qui n’a pas manqué d’irriter les géants comme Toyota.
Depuis qu’il est au pouvoir, Donald Trump secoue la diplomatie mondiale avec notamment une politique économique agressive, même à l’encontre des plus vieux alliés des Etats-Unis, afin de protéger l’industrie américaine. Prenant le contre-pied de la Chine ou de l’Union européenne, plus offensifs, Tokyo se fait conciliant dans l’espoir de décrocher un accord plus favorable.
Des discussions sont attendues samedi soir entre le ministre japonais de l’Economie, Toshimitsu Motegi, et le représentant américain au Commerce Robert Lighthizer mais un accord est peu probable, d’après des responsables cités dans la presse. M. Abe et sa femme Akie s’étaient rendus en avril à la Maison Blanche. Donald Trump doit lui retourner au Japon seulement quatre semaines après cette visite, pour le sommet du G20 à Osaka fin juin.
D.C avec AFP
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