Le président américain Donald Trump a proposé samedi, d’un tweet, au leader nord-coréen Kim Jong Un une rencontre dans la Zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux Corées.
Cette annonce-surprise intervient quatre mois après le sommet de Hanoï entre les deux hommes, qui s’était achevé sur un échec en l’absence d’avancées sur la dénucléarisation coréenne. Les négociations sont depuis au point mort. Si elle se confirme, cette poignée de main entre un président américain et un dirigeant nord-coréen serait une première dans ce lieu chargé en symboles qui est probablement la frontière la plus militarisée au monde.
« Après des rencontres importantes, en particulier avec le président chinois Xi, je quitterai le Japon pour la Corée du Sud », a écrit le président américain à Osaka où il participe au sommet du G20. « Pendant que je serai là-bas, et si le président Kim voit ce message, je pourrais le rencontrer à la frontière/DMZ juste pour lui serrer la main et dire bonjour ! », a-t-il ajouté, laissant planer le doute.
Si Twitter n’est pas accessible aux citoyens nord-coréens, Pyongyang a rapidement répondu au tweet du locataire de la Maison Blanche.
Jugeant la proposition « très intéressante », le pouvoir nord-coréen a souligné qu’il n’avait pas reçu d’invitation officielle mais a laissé entendre que la rencontre pourrait avoir lieu. La tenue d’un sommet dans la DMZ « servirait de nouvelle occasion porteuse de sens pour approfondir les relations entre les deux dirigeants », a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères Choe Son Hui, cité par l’agence officielle KCNA.
Selon la présidence sud-coréenne, M. Trump a profité d’un bref aparté avec le président Moon Jae-in au G20 pour lui demander s’il avait vu son tweet. « Essayons de le faire! », lui a-t-il lancé enthousiaste, le pouce levé. Au cours des trois dernières décennies, une brève halte dans le lieu fort qu’est la DMZ est devenue presque incontournable pour tous les locataires de la Maison Blanche. Depuis la visite de Ronald Reagan sur place en 1983, seul George H.W. Bush n’a pas effectué ce déplacement.
Mais cette visite interviendra dans un climat différent: après des années de montée des tensions en raison des programmes nucléaire et balistique de Pyongyang, la péninsule a connu une remarquable détente. Et c’est à Panmunjom, dans la Zone démilitarisée, que Kim Jong Un et le président sud-coréen Moon Jae In se sont rencontrés en avril 2018 pour une poignée de main historique sur la ligne de démarcation divisant la péninsule.
Interrogé, peu après son tweet, sur une possible rencontre avec celui qu’il appelle « Chairman Kim », M. Trump a assuré avoir agi à l’instinct et qu’aucune préparation n’avait été faite. « J’y ai juste pensé ce matin », a-t-il affirmé, évoquant une hypothèse qui fait l’objet d’intenses spéculations depuis plusieurs semaines à Washington.
Séoul a de son côté indiqué que rien n’était confirmé à ce stade. La présidence sud-coréenne a indiqué: « Notre position reste la même, à savoir espérer un dialogue entre les Etats-Unis et la Corée du Nord ». « Je ne sais pas où il est en ce moment, peut-être qu’il n’est pas en Corée du Nord », a ajouté Donald Trump à propos du dirigeant du pays reclus qui ne sort que très rarement de son pays.
« Nous verrons, s’il est là, nous nous verrons pour deux minutes », a ajouté le milliardaire américain qui met inlassablement en avant sa bonne entente avec le dirigeant nord-coréen qui lui a envoyé, a-t-il raconté, « une magnifique carte d’anniversaire ».
L’ancien homme d’affaires de New York a profité de l’occasion pour vanter une nouvelle fois son idée de mur à la frontière avec le Mexique pour enrayer l’immigration illégale aux Etats-Unis. « D’ailleurs, quand on parle de mur, quand on parle de frontière, c’est ce que l’on appelle une frontière… », a-t-il lancé, évoquant la DMZ. « Personne ne passe cette frontière… », a-t-il ajouté, dans une surprenante comparaison.
Située à quelques dizaines de kilomètres au nord de Séoul, cette bande de terre de 4 km de large et de 248 km de long est parsemée de barrières électrifiées, de champs de mines et de murs antichars. En novembre 2017, à l’occasion d’une visite à Séoul, M. Trump avait tenté sans succès de se rendre sur la DMZ. L’hélicoptère présidentiel avait décollé de la base de Yongsan pour rejoindre le site, mais avait dû faire demi-tour en raison des conditions atmosphériques.
E.T. avec AFP
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