Les autorités turques ont déplacé lundi au cours d’une opération spectaculaire et millimétrée un hammam historique de 1.500 tonnes pour éviter qu’il ne soit submergé par les eaux dans le cadre d’un projet de barrage controversé. Le déménagement du hammam d’Artuklu, construit il y a plus de 650 ans dans la localité de Hasankeyf (sud-est), sur les rives du Tigre, a mobilisé des moyens extraordinaires, selon des correspondants de l’AFP.
Chargé sur une plateforme roulante faite sur mesure, le mastodonte de pierre a été transporté sur une large route construite spécialement pour l’occasion. Le convoi a mis plusieurs heures pour parcourir les deux kilomètres le séparant de sa destination. Cette opération s’inscrit dans un effort de préservation du patrimoine face au projet de barrage d’Ilisu, qui est situé en aval et provoquera à terme l’engloutissement de Hasankeyf.
Ce barrage fait partie du Projet d’Anatolie du Sud-Est
Ce barrage fait partie du Projet d’Anatolie du Sud-Est, un vaste plan d’aménagement du territoire qui vise à améliorer l’approvisionnement en énergie de cette région. Pour préserver certains ouvrages de Hasankeyf, ville qui abrite de nombreux vestiges des époques romaine, byzantine, pré-ottomane et ottomane, les autorités ont créé un « parc culturel » à proximité de la ville.
C’est là qu’a été entreposé le hammam lundi. L’an dernier, un tombeau datant du 15ème siècle et pesant plus de 1.100 tonnes y avait déjà été déplacé. « Six autres ouvrages (les rejoindront). Hasankeyf va véritablement préserver son identité historique, et le nouveau Hasankeyf sera une perle touristique », a déclaré le gouverneur de la province de Batman, Ahmet Deniz, cité par l’agence de presse étatique Anadolu.
Mais des activistes locaux craignent que le caractère unique du lieu ne soit perdu à jamais avec la montée des eaux.
Sujet sensible en Turquie, la construction du barrage est également source de tension avec l’Irak voisin, alimentée en aval par le Tigre dans une région où le contrôle de la ressource hydraulique est crucial. En juin, l’ambassadeur turc en Irak Fatih Yildiz avait annoncé que la Turquie suspendait pour un peu moins d’un mois le processus de retenue d’eau après des plaintes de la part de l’Irak.
DC avec AFP
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