Le président turc Recep Tayyip Erdogan a laissé entendre mercredi que la Banque centrale turque pourrait relever fin juin son taux directeur afin d’endiguer l’inflation, malgré son opposition répétée aux taux d’intérêt élevés.
« Nous avons accepté que le ministre des Finances (…) prenne rapidement les mesures nécessaires avec la banque centrale », a affirmé le chef de l’État turc à des journalistes, se disant « déterminé à ramener l’inflation à un chiffre ». La décision de la Banque centrale est attendue le 22 juin.
À rebours des théories économiques classiques, M. Erdogan, réélu fin mai pour un troisième mandat, estime que les taux d’intérêt élevés favorisent l’inflation, qui atteint toujours près de 40% sur un an en Turquie selon les chiffres officiels, plus de 100% selon des économistes indépendants. Le président turc a affirmé mercredi que « sa conviction (sur les taux d’intérêt) reste inchangée ».
M. Erdogan avait contraint ces dernières années la banque centrale turque à abaisser à de nombreuses reprises son taux directeur, contribuant à la flambée de l’inflation et à la chute de la livre turque, qui a perdu plus de 80% de sa valeur par rapport au dollar en cinq ans. Mais le chef de l’État a donné des signes d’un possible retour à des politiques plus conventionnelles depuis sa réélection, en nommant notamment un ancien économiste de la banque américaine Merrill Lynch, Mehmet Simsek, au ministère de l’Économie, et une ancienne cadre de Wall Street, Hafize Gaye Erkan, à la tête de la banque centrale.
Lors de sa prise de fonctions, M. Simsek, déjà ministre de l’Économie (2009-2015) puis vice-Premier ministre chargé de l’Économie (jusqu’en 2018), a prévenu qu’il faudrait revenir à des « mesures rationnelles » pour redresser l’économie turque. M. Erdogan a plusieurs fois invoqué dans le passé les préceptes de l’islam, qui interdit l’usure, et affirme que les taux d’intérêt élevés sont promus par un « lobby » étranger.
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