Autographes et embrassades avec leurs soldats stars, klaxon de voitures, drapeaux jaune et bleu partout: après l’émotion du premier jour, les habitants de Kherson, dans le sud de l’Ukraine, goûtaient pleinement dimanche leur liberté retrouvée, après plus de huit mois d’occupation russe.
Sur la place centrale Svoboda, le drapeau ukrainien flotte sur le toit de l’imposant bâtiment de l’administration régionale.
Plusieurs centaines d’habitants sont rassemblés là, dans une ambiance joyeuse et bon enfant. On y croise des familles avec enfants, des adolescents, de jeunes couples, des personnes âgées.
Lyubov, 17 ans, étudiante en théâtre, vient juste d’arriver. Traits de peinture bleu et jaune barrant son visage, elle porte un drapeau sur les épaules comme un châle. « Je suis tellement heureuse que je ne peux pas exprimer mes émotions », dit-elle à l’AFP.
« Je n’arrivais pas à croire que finalement nous avons été libérés si rapidement. C’est un tel soulagement », poursuit la jeune femme, vêtue d’une robe traditionnelle ukrainienne.
« La liberté »
Qu’est-ce qui lui a le plus manqué pendant ces mois d’occupation ? « La liberté », répond -elle spontanément, presque en criant.
« Quand les Russes étaient ici, nous nous sentions mal à l’aise. Nous ne pouvions pas quitter la ville. Nous ne pouvions pas faire librement nos courses. Parce que j’avais peur que quelqu’un puisse m’attaquer », raconte -t-elle.
Sur la place, il y a quelques soldats ukrainiens. Ils viennent se promener, faire des courses de nourriture, seuls ou par deux ou trois, bien sanglés dans leur treillis camouflés impeccables, la silhouette affûtée.
Les libérateurs de la ville sont comme des stars.
A peine débarquent ils, que des femmes, des hommes viennent les embrasser, des jeunes adolescents leur font l’accolade avec respect, des enfants impressionnés leur font signer des autographes sur des drapeaux ou des ballons.
Disponibles, les militaires se prêtent au jeu.
Comme cette soldate blonde, la moitié du visage dissimulée sous un cache-col, qui appose sa signature sur des drapeaux.
« J’éprouve des sentiments auxquels je ne suis pas habituée… Nous sommes reconnaissants envers les habitants de Kherson qui ont attendu notre arrivée. Nous en sommes très reconnaissants », dit-elle à l’AFP.
« Nous faisons notre travail, nous ne sommes pas des héros », explique un autre militaire.
Dans la rue devant la place, des voitures parées de drapeaux bleu et jaune passent en klaxonnant. Des sifflets et des « houuuu » jaillissent au passage d’un lance-roquettes russe marqué du signe blanc V, tracté par un véhicule militaire ukrainien.
Beaucoup sont venus pour bénéficier d’une connexion wifi mise à disposition via le service internet par satellite Starlink, propriété d’Elon Musk, le patron de Tesla et Twitter.
Oleksandre Murzak, 62 ans, et Valentina Murzak, 59 ans, terminent juste de parler au téléphone avec leur fille.
« Heureux que notre ville ne soit pas aussi détruite »
« Nous avons déjà appelé notre fille hier », dit la mère. « Je pleurais. Elle a pleuré aussi. Elle nous a dit que nous étions libérés. On ne savait même pas qu’on était libérés. Elle nous a dit: +Maman, c’est déjà officiel+ ».
Un peu plus loin, Andrïi, 33 ans, étudiant en philosophie, veut absolument s’exprimer.
« Je suis extrêmement heureux que nous soyons enfin libérés, que nous soyons libres. Parce que maintenant nous n’avons pas d’électricité dans la ville, pas d’eau, pas de chauffage central, pas de connexion mobile, pas de connexion internet mais nous n’avons pas de Russes, et j’en suis extrêmement heureux », explique-t-il avec enthousiaste, dans un anglais parfait.
« Mais je n’avais pas prévu que cela se passerait si vite et si facilement. Sans combats de rue, sans ces combats comme à Marioupol. Donc je suis heureux de cela. Que notre ville ne soit pas aussi détruite que d’autres villes, heureusement », ajoute-t-il.
Certains dénoncent le comportement des soldats russes pendant l’occupation de la ville.
« Ils ont pillé tous les appartements, ils ont détruit les portes, ils vivaient dans les appartements. Ils ont pris tout le matériel électronique. Ce sont des voleurs », s’énerve Svetlana Vilna, 47 ans.
Elle dit s’être « sentie comme en prison pendant neuf mois ».
Oleg Nazarenko, 25 ans, explique que « les jeunes étaient arrêtés et fouillés. Ils nous terrorisaient. Ils étaient pires que les fascistes. C’était comme ça ».
« Tout nettoyer au plus vite »
A l’entrée ouest de la ville, où les soldats russes tenaient un checkpoint, des jeunes repeignent en jaune et bleu les blocs de béton qui servaient d’abris aux militaires occupants.
Une vingtaine d’habitants, dont de nombreux adolescents et enfants, sont rassemblés sur le bord de la route. Ils agitent des drapeaux ukrainiens et font le signe V de la victoire au passage des voitures.
Deux petits feux de feuilles mortes et de détritus dégagent de la fumée blanche.
« Nous voulons tout nettoyer au plus vite pour que rien ne nous rappelle ces bêtes », s’emporte Sergïi Zatirko, 65 ans, qui vit dans un immeuble tout proche.
« On a tout nettoyé. Ces enfoirés chient partout. Regardez toutes les ordures qu’ils ont laissées ici. Il n’y a jamais eu autant de détritus. Ce sont juste des porcs ».
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.