L’ex-président Nicolas Sarkozy, qui plaide dans Le Figaro pour une Ukraine « neutre » et un référendum afin d’« entériner » l’annexion de la Crimée, commet « une faute terrible » et « doit être considéré comme un influenceur russe », a affirmé jeudi le député écologiste Julien Bayou.
« Lunaire » et « choquant » : l’entretien-fleuve de l’ancien chef de l’État, en amont de la parution d’un nouveau tome de ses mémoires, a estomaqué M. Bayou, qui a estimé sur LCI qu’« un ancien président ne devrait pas dire ça ».
« Un influenceur russe »
Mais « on le comprend mieux quand on sait qu’il est acheté par les Russes », a-t-il ajouté, rappelant à plusieurs reprises les liens entre M. Sarkozy et une société d’assurance russe, objet depuis 2021 d’une enquête du parquet national financier pour possibles « trafic d’influence » et « blanchiment de crime ou délit ».
En prenant « le contrepied de la position française sur l’annexion de la Crimée » et en « balay(ant) les crimes de guerre dont sont accusés les Russes et (Vladimir) Poutine », l’ex-président commet « une faute terrible », a insisté M. Bayou.
Pour lui, M. Sarkozy « ne doit plus être considéré comme un ancien président de la République mais comme un influenceur russe », au même titre que son ancien Premier ministre François Fillon, qui a pour sa part été rémunéré par des géants russes de l’énergie.
« C’est pas n’importe qui, pas des consultants freelance », a relevé le député écologiste, et dénonçant une « emprise des élites par la Russie, qui est un poison pour notre démocratie ».
« C’est indigne d’un ancien président de la République »
Les déclarations de l’ex-chef d’État ont aussi fait réagir son ancien collaborateur Jerôme Poirot, qui fut son conseiller à Bercy puis adjoint de son coordonnateur du renseignement à l’Élysée et qui a fustigé des « propos honteux », toujours sur LCI.
M. Sarkozy « n’a aucun recul sur ce qui s’est passé » ni « sur ce qu’il a fait » durant son mandat, a-t-il observé, soulignant que son intervention en 2008 contre les adhésions à l’Otan de l’Ukraine et de la Géorgie n’avait pas empêché la Russie d’envahir ce pays du Caucase quelques mois plus tard.
Quand l’ancien président explique qu’il a eu raison parce qu’il « connaissai(t) les lignes rouges de Poutine, mais on tombe de sa chaise », poursuit M. Poirot, interrogeant : « Quelles étaient les lignes rouges du président Sarkozy ? Quelle était la vision qu’il avait de la sécurité de la France ? (…) Simplement satisfaire les desiderata de Vladimir Poutine ? »
Quant à « l’argent perçu venant d’intérêts russes » – 3 millions d’euros pour son contrat avec l’assureur, mais aussi 300.000 euros pour une conférence fin 2018 – « c’est indigne d’un ancien président de la République », a jugé M. Poirot.
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