Les champignons, grandement appréciés depuis longtemps pour leur valeur nutritionnelle, pourraient être la clé d’une vie plus longue. Ils sont souvent vantés pour leur teneur en vitamine D (au moins pour ceux exposés à la lumière du soleil) et leurs doses élevées de glutathion, un antioxydant (vital pour la détoxification).
En dehors de tous ces avantages, le véritable secret de leurs nombreux bienfaits pour la santé réside peut-être dans l’ergothionéine (ergo), un antioxydant moins connu. Cependant, les méthodes agricoles modernes peuvent nous priver de l’ergo dont nous avons besoin dans notre alimentation.
Un mélange complexe de nutriments
Les champignons médicinaux sont un sujet d’actualité, avec des espèces comme le reishi, le cordyceps, la crinière de lion, le chaga et le maïtaké, dont les propriétés pour la santé ont fait l’objet d’études. Ils ont même été qualifiés d’« aliments fonctionnels » et ajoutés à une grande variété de suppléments censés répondre à des problèmes de santé spécifiques ou apporter un soutien thérapeutique.
L’intérêt pour les champignons est bien fondé. Des centaines d’études cliniques ont montré que les champignons ont des propriétés anti-inflammatoires, antivirales, de régulation métabolique, de renforcement immunitaire et de prévention du cancer.
Le vaste éventail de composés bioactifs des champignons comprend diverses vitamines et minéraux, des polyphénols, des flavonoïdes et des acides aminés. Ils sont particulièrement riches en bêta-glucanes, qui sont considérés comme responsables de la plupart des propriétés immunitaires des champignons, ainsi que de leurs effets positifs sur la santé métabolique et l’activité anti-tumorale. En ce qui concerne leur teneur en antioxydants, c’est généralement le glutathion qui retient le plus l’attention.
Le glutathion est souvent appelé le « maître détoxifiant », étant donné son rôle critique dans la protection des cellules contre les dommages oxydatifs et la toxicité associée aux produits chimiques et aux agents infectieux. Le rôle du glutathion dans l’organisme a été mis en évidence lors de la pandémie de Covid-19, lorsqu’on a découvert que la N-acétylcystéine, un précurseur permettant à l’organisme de synthétiser le glutathion, constituait un moyen efficace de prévention et de traitement du Covid-19.
Des recherches plus récentes mettent en évidence la manière dont l’ergo peut contribuer de manière significative à ces effets.
La « vitamine de longévité » unique des champignons
Les champignons, qui sont la partie fructifère de certains organismes fongiques, sont uniques dans leur biologie, car ils n’utilisent pas la chlorophylle ou la photosynthèse comme les plantes et n’ingèrent pas de nourriture comme les animaux ; ils vivent plutôt de matières en décomposition. Cela leur confère un profil nutritionnel unique, mais la plupart des nutriments qu’ils contiennent peuvent être trouvés dans d’autres aliments.
Cependant, selon une étude publiée dans Nutrition Research Reviews, l’ergo n’est synthétisé que par les champignons et certaines bactéries, et non par les plantes, les animaux ou le corps humain.
Cette source presque exclusive d’ergo est ce qui rend les champignons si fascinants et les rend potentiellement importants pour la santé humaine, a déclaré à Epoch Times le professeur Robert Beelman. Le Pr Beelman a consacré la majeure partie de sa carrière à l’étude des champignons et de leur impact sur la santé.
Bien que l’ergo ait été découvert il y a plusieurs décennies, son importance n’a été reconnue qu’en 2005, lorsque des chercheurs ont fait la découverte cruciale que les humains (et d’autres mammifères) possèdent une protéine de transport spécialisée pour l’ergo. Il a été démontré que cette protéine était responsable de l’extraction rapide et efficace de l’ergo des aliments dans les intestins et de son transport dans les globules rouges qui le transportent dans tout l’organisme.
Une recherche publiée dans Biochemical and Biophysical Research Communications a révélé que l’ergo est absorbé directement dans nos mitochondries cellulaires. Les mitochondries sont les centrales électriques de chaque cellule, créant toute l’énergie dont nous avons besoin pour le fonctionnement cellulaire. La recherche a également montré que l’ergo protège les cellules contre les maladies et prévient les lésions mitochondriales.
Le Pr Beelman soutient l’hypothèse proposée pour la première fois par le célèbre biochimiste et biologiste moléculaire Bruce Ames, selon laquelle l’ergo devrait être considéré comme une « vitamine de longévité ». Cela s’explique en partie par le fait qu’une carence en ergo a été associée à une série d’affections dégénératives, notamment le déclin cognitif, les troubles neurologiques, les maladies cardiovasculaires et le dysfonctionnement des mitochondries.
Ames a noté dans un article publié en 2018 dans la revue PNAS, Proceedings of the National Academy of Sciences (Actes de l’Académie nationale des sciences), que l’ergo « agit comme un antioxydant adaptatif pour la protection des tissus blessés » et peut jouer un rôle important dans la protection des cellules contre les dommages oxydatifs.
Une étude suédoise portant sur les maladies cardiovasculaires chez 3236 personnes a surveillé plus de 100 métabolites différents pour voir si l’un d’entre eux pouvait prédire les risques cardiaques. Des niveaux plus élevés d’ergothionéine se sont révélés être un marqueur indépendant d’un risque plus faible de maladie cardiovasculaire et de mortalité.
Ces études sur l’ergo ont également montré qu’il s’accumule progressivement dans l’organisme et qu’il est excrété très lentement. Ce fait, associé à la protéine transporteuse spécialisée, implique qu’il joue un rôle physiologique important, même si l’étendue de ses fonctions n’est pas encore totalement connue.
Alors que de nombreuses études ont porté sur les effets des champignons sur la santé en général, ces études plus récentes se concentrent sur l’ergo, son action dans l’organisme et sa disponibilité pour les cellules.
Le lien entre le sol et la santé humaine
L’intrigue s’intensifie lorsque l’on considère le rôle des champignons et des bactéries dans notre sol. Un sol sain et intact regorge de billions de bactéries et du mycélium des champignons. Le mycélium est semblable au système racinaire d’une plante et consiste en une masse entrelacée de minuscules hyphes (filaments ramifiés) qui absorbent les nutriments du sol. Ils transmettent ensuite les nutriments à d’autres parties de la colonie par le biais d’un échange complexe avec les racines des plantes.
Ce mécanisme semble déposer dans un sol sain de l’ergo qui est ensuite absorbé par les plantes ou les cultures, a expliqué le Pr Beelman. Il pourrait également expliquer pourquoi les animaux élevés en pâturage et mangeant de l’herbe cultivée sur un sol non labouré sous lequel se trouvent de riches réseaux fongiques ont de l’ergo dans leurs cellules, alors que les animaux d’ « élevage industriel » n’en ont pas.
Des études ont montré que l’ergo est présent dans quelques aliments d’origine végétale, notamment le tempeh, un produit à base de soja fermenté par des champignons. Des quantités moindres sont présentes dans certains types d’asperges, en fonction des conditions dans lesquelles elles sont cultivées. Certains haricots et l’avoine en contiennent des quantités mesurables. Bien que ces aliments ne puissent pas synthétiser l’ergo, ils sont capables de l’absorber à partir du sol.
Si l’agriculture régénératrice suscite un intérêt croissant, l’accent tend à être mis sur la durabilité du sol et sur la nécessité d’éviter les pesticides chimiques, qui sont toxiques pour l’homme. Bien qu’il s’agisse d’une noble entreprise, a déclaré le Pr Beelman, l’amélioration des niveaux d’ergo doit être ajoutée à la conversation.
Les pratiques régénératrices comprennent une réduction de la perturbation du sol par des approches sans labour, des cultures de couverture et la rotation des cultures, qui contribuent toutes à l’accumulation et à la diversité de la matière organique.
Des expériences portant sur les pratiques de travail du sol (labour) utilisées dans l’agriculture industrielle montrent qu’une plus grande intensité du travail du sol entraîne une réduction de la biomasse des champignons et une réduction de la concentration d’ergo dans les cultures. Le Pr Beelman a déclaré qu’il aimerait voir davantage de recherches dans ce domaine, ainsi que sur les concentrations d’ergo dans les produits biologiques et dans l’ensemble de l’approvisionnement alimentaire.
La prise de conscience croissante de l’importance de l’ergo pour la santé humaine souligne la nécessité de connaître l’origine de ses aliments, comme le souligne le livre What Your Food Ate (Ce que vos aliments ont mangé) du géologue David Montgomery et de la biologiste Anne Bikle. Selon le Pr Beelman, la lecture de ce livre devrait être recommandée à toute personne impliquée dans l’agriculture, en particulier si elle souhaite améliorer la durabilité et la qualité nutritionnelle des aliments cultivés.
Bien qu’il n’existe actuellement aucun test commercial permettant de mesurer nos niveaux d’ergo, comme c’est le cas pour la vitamine D, par exemple, le Pr Beelman pense que cela devrait changer.
Comment augmenter vos niveaux d’ergo
1. Manger des champignons
L’approche la plus simple consiste à manger des champignons aussi souvent que possible, compte tenu de leur rôle unique dans la production d’ergo. Tous les champignons contiennent de l’ergo, mais certains en contiennent beaucoup plus que d’autres. Les golden Oyster (pleurote dorée), les cèpes et les shiitakes sont de bons choix. Les champignons de Paris et les champignons Portobello cultivés que l’on trouve dans le commerce, appartiennent en fait à la même espèce de champignons, et contiennent les plus faibles quantités d’ergo parmi les variétés de champignons.
Les champignons absorbant particulièrement bien les contaminants présents dans le sol ou dans l’air, comme les pesticides, il convient de les acheter si possible sur un marché fermier ou dans un endroit propre.
2. Choisir des aliments biologiques et issus de l’agriculture biologique
Les produits issus de l’agriculture régénératrice proviennent généralement de petites exploitations locales qui utilisent des méthodes naturelles et évitent ou minimisent l’utilisation d’engrais et de pesticides. Cela signifie que les réseaux de mycélium fongique dans le sol peuvent rester intacts et mieux convertir la matière végétale en décomposition en nutriments importants comme l’ergo. L’agriculture biologique et l’élevage en pâturage sont également de bonnes options.
3. Les compléments
Comme tout autre nutriment identifié, l’ergo est disponible sous forme de suppléments commerciaux. Veillez à rechercher le mode d’obtention de l’ergo et sa biodisponibilité mesurable dans l’organisme. N’abandonnez pas pour autant l’idée de manger des champignons pour toutes leurs autres propriétés fantastiques et leurs bienfaits pour la santé.
Comment manger plus de champignons
• Ajouter des champignons shiitake ou cremini (champignon brun) finement hachés à votre bœuf haché dans presque toutes les recettes.
• Ajouter des protéines en poudre contenant des champignons dans les smoothies.
• Essayer quelques magnifiques pleurotes du marché local, sautés dans de l’ail et du beurre, et les mettre sur un steak nourri à l’herbe.
• Se lancer dans un projet de culture de champignons à la maison. Pour des raisons de sécurité, il est préférable de commencer par un kit provenant d’une entreprise reconnue.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.