Un diffuseur de la propagande de Pékin verse des millions pour accroître son influence en Occident

Par EVA FU ET FRANK FANG
29 mai 2021 19:42 Mis à jour: 30 mai 2021 05:50

Un organe de propagande du Parti communiste chinois (PCC) a continué à verser des millions de dollars à des publications américaines pour étendre son influence, selon un nouveau document déposé auprès du ministère de la Justice.

Le China Daily, un média de langue anglaise étant contrôlé par le ministère de Propagande de Pékin, a dépensé près de 3 millions de dollars dans les agences de publications et les principaux médias occidentaux, au cours des six derniers mois, selon un document (pdf) daté du 24 mai.

Environ 1,6 million de dollars de publicité a été versé au Los Angeles Times, à Foreign Policy, au Financial Times et au Time Magazine. Une somme supplémentaire de 329 898 dollars a été versée au journal canadien Globe and Mail.

Le China Daily a également déboursé plus d’un million de dollars, dont la majorité a été dépensée aux États-Unis, pour faire imprimer son journal. Parmi les destinataires importants de ces décaissements figurent le Los Angeles Times, le Boston Globe, le Seattle Times, le Chicago Tribune et le Houston Chronicle.

Les dépenses globales pour l’impression, la publicité et d’autres dépenses ont totalisé 5,56 millions de dollars entre le 1er novembre 2020 et le 30 avril, marquant un bond d’environ 1,1 million de dollars par rapport à la moitié de l’année précédente.

Le journal chinois s’est enregistré en tant qu’agent étranger en vertu de la loi sur l’enregistrement des agents étrangers (FARA) en 1983. En vertu de cette loi, il doit soumettre deux fois par an au ministère de la Justice un rapport détaillant ses dépenses à l’intérieur des États-Unis.

Le China Daily est également l’une des dizaines d’entités médiatiques publiques chinoises ayant été désignée par le ministère des Affaires étrangères comme des missions étrangères du PCC, l’année dernière, celui-ci les ayant obligés à enregistrer leurs employés et leurs propriétés aux États-Unis.

« Le China Daily continue de diffuser la propagande chinoise à travers les États-Unis. Ce journal soutenu par le PCC devrait faire l’objet d’une enquête approfondie du ministère de la Justice pour violation de la Loi sur l’enregistrement des agents étrangers », a déclaré le sénateur Marco Rubio (Parti républicain, Floride) à Epoch Times.

Les calculs du Centre pour une politique réactive, un groupe de transparence gouvernementale basé à Washington, ont révélé que les dépenses des agents étrangers chinois aux États-Unis ont été multipliées par six au cours des dernières années, passant d’un peu plus de 10 millions de dollars en 2016 à près de 64 millions de dollars en 2020.

Le représentant Jim Banks (Parti républicain, Indiana), notant l’activité du média chinois, a déclaré que « le seul but du China Daily est de dissimuler les atrocités continues du Parti communiste chinois ».

« Chaque média américain qui soutient le China Daily n’a pas le droit de parler de droits de l’homme ou de démocratie. Ils devraient avoir honte de leur complicité », a-t-il déclaré à Epoch Times.

Un certain nombre de grands médias américains ont cessé de publier des annonces publicitaires du journal chinois dans un contexte de surveillance croissante de l’influence de la propagande chinoise.

Le New York Times a supprimé des centaines de contenus payants de son site Web après avoir mis fin à sa relation avec le China Daily, selon le journal en ligne Washington Free Beacon, qui a été le premier à faire état de la divulgation de la FARA.

China Daily, Los Angeles Times, Foreign Policy, Financial Times, Time, The Boston Globe, The Seattle Times, Chicago Tribune et The Houston Chronicle n’ont pas répondu à une demande de commentaires d’Epoch Times.

Pendant des années, le régime chinois a dépensé des millions de dollars pour publier des suppléments sous le titre « China Watch » ou « China Focus » dans les principaux journaux occidentaux.

Bien que les suppléments de China Watch comportent des avertissements en petits caractères montrant que le contenu est produit par China Daily et non par le journal hôte, cela peut encore induire en erreur le lecteur moyen, a déclaré l’organisation internationale à but non lucratif Reporters sans frontières (RSF) dans son rapport 2019, « Le nouvel ordre mondial des médias selon la Chine ».

« Le style journalistique et la mise en page de bon goût peuvent facilement induire en erreur le lecteur pressé ou inattentif qui fait confiance à la qualité générale du journal qu’il lit chaque jour », a déclaré RSF.

Un consommateur de journaux lit un exemplaire de l’édition africaine du quotidien China Daily devant un kiosque à journaux dans la capitale kényane, le 14 décembre 2012. (Tony Karumba/AFP via Getty Images)

« D’une lecture raisonnablement agréable et bien présentés, ces suppléments de China Watch n’en sont pas moins des chevaux de Troie qui permettent à Pékin de diffuser sa propagande dans le salon des élites. »

Les encarts chinois dans des médias occidentaux de premier plan ont suscité l’inquiétude des groupes internationaux de défense des droits. Free Tibet, basé à Londres, a lancé l’année dernière une campagne demandant à un certain nombre de médias occidentaux de cesser d’héberger ce type de contenu.

Free Tibet a exprimé son inquiétude lorsqu’une section spéciale sur le Tibet dans le supplément China Watch du Los Angeles Times, en novembre dernier, a salué les « opportunités » offertes par la « formation professionnelle » au Tibet, brossant un tableau différent de la surveillance de masse que la Chine a déployée dans la région depuis les années 1950 et des centres de formation de style militaire que les experts ont décrit comme des camps de travail forcé.

« Cela semble être une tentative délibérée de blanchir un rapport soulignant que plus de 500 000 Tibétains ont été soumis au travail forcé », a déclaré Free Tibet en réponse à la section spéciale.

Le PCC a également fait la promotion de ses récits sur le système de don d’organes volontaire du pays dans l’encart China Watch, malgré les preuves que la pratique sanctionnée par l’État de prélever des organes sur des prisonniers de conscience se poursuit à ce jour.

Ce type de contenu publicitaire a de plus en plus migré vers le monde numérique après avoir existé pendant des années sous forme imprimée, afin de toucher un public plus large et plus ciblé.

Un article récent du site en ligne China Watch de Foreign Policy critique le « système américain » pour son incapacité à réparer les violations des droits de l’homme aux États-Unis. Dans un autre article, l’initiative de « la Ceinture et la Route » (BRI) de la Chine est présentée comme contribuant « au développement de l’Asie et à la reprise [économique] mondiale ». Les opposants ont affirmé que la BRI a mis les pays en développement dans des « pièges à dettes ».

Le sénateur Roger Wicker (Parti républicain, Mississippi) a tenté de s’attaquer à la question de la propagande chinoise dans les organes de presse américains en février avec un nouveau projet de loi – S-319 – qui exigerait que « les agents étrangers indiquent de manière bien visible le commandant étranger comme source des encarts payants placés dans les organes de presse américains ».

« C’est un secret de polichinelle que Pékin mène une guerre de propagande mondiale aux États-Unis, et les journaux américains sont complices », a déclaré M. Wicker dans un communiqué en février, notant qu’il espère que « des exigences de divulgation plus strictes pour les agents étrangers encourageront toutes les publications américaines à refuser de participer à la machine de propagande du PCC. »

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