À travers son objectif, le photographe néerlandais Roman Robroek, 34 ans, capture la splendeur oubliée de bâtiments abandonnés autrefois glorieux, nous offrant un aperçu temporel de notre présent et de notre avenir.
Pendant une douzaine d’années, Roman Robroek a visité des centaines de sites abandonnés à travers l’Europe, qu’il s’agisse d’anciennes centrales électriques soviétiques, de chapelles italiennes en ruine ou de maisons désertes près de l’explosion d’une des bombes qui a secoué le Liban en 2020.
Au milieu de ces ruines, M. Robroek dépeint des vestiges de la grandeur passée.
« Une source de réflexion, peut‑être, car ça nous amène à penser à l’avenir » explique‑t‑il.
Il se peut qu’ils aient été autrefois un refuge important dans une communauté, un foyer pour une famille ou un lieu de travail où des collègues passaient leur journée. Au milieu des ruines, toute cette activité passée continue en quelque sorte de hanter les lieux.
« Qu’est‑ce que cela dit de ce que nous considérons comme certains aujourd’hui ? Ce sont les traces du passé de nombreuses communautés, et si nous les suivons, nous pouvons voir d’où nous venons tous et probablement où nous allons. »
L’empire soviétique déchu, politiquement dépassé, a laissé derrière lui les vastes résidus industriels d’un mastodonte tyrannique effondré.
Des propriétés pastorales, autrefois riches, qui abritaient encore une architecture et des œuvres d’art d’une rare beauté, ont été abandonnées lorsque leurs descendants sont partis chercher fortune dans les grandes villes.
Des lieux qui étaient autrefois à leur apogée sont devenus des masures en ruine.
Pourtant, les œuvres remarquables laissées derrière elles en disent long sur la vie des anciens habitants, tout en faisant allusion au caractère éphémère de notre situation actuelle.
Les photographies de ces bâtiments prisent par M. Robroek en témoignent.
Comment tout a commencé
En 2010, M. Robroek, gestionnaire de services informatiques, a cherché à s’évader de son quotidien souvent stressant et s’est mis à la photographie comme passe‑temps.
Il a commencé à s’intéresser aux bâtiments abandonnés après être passé en voiture devant une usine de pierre inoccupée en Allemagne et avoir décidé d’y faire un tour.
Cela l’a conduit à explorer davantage les bâtiments abandonnés à travers l’Europe.
« Je recherchais différents types d’architecture qui pourraient m’intéresser. J’ai commencé à explorer beaucoup plus l’Europe, et par exemple, je me suis retrouvé en Roumanie où j’ai photographié le casino abandonné de Constand. »
Ses photos d’une centrale électrique abandonnée en Hongrie en 2016 ont valu à M. Robroek le premier prix d’un grand concours international de photographie.
Cela a attiré une grande attention sur son travail,tout comme une grande publication qui présentait ses photos de 2014 du château de Sammezzano à Leccio, près de Florence.
À partir de là, sa carrière de photographe professionnel a pris son envol.
Il a échangé son Canon EOS 650D contre un nouveau Sony A7R II et a continué à perfectionner ses compétences en prenant des clichés de sites abandonnés.
L’incursion préférée de M. Robroek concerne une ferme abandonnée à Piacenza, en Italie, qu’il a photographiée en 2017.
« C’est situé le long d’une route très fréquentée et entouré de bâtiments industriels. De l’extérieur, on ne se doute pas qu’une pièce aussi belle que celle‑ci se trouve à l’intérieur. »
« Une fois à l’intérieur, je me suis allongé sur le sol pendant un moment, juste pour m’imprégner des magnifiques œuvres d’art et de l’artisanat qui s’y trouvent. »
« C’est une pièce fascinante et un joyau si inattendu. »
Un palais désert à La Spezia, en Italie, présente une fresque murale incroyable mettant en scène la mythologie classique, avec des chérubins et des figures féminines rappelant celle du peintre Raphaël dans un paysage pittoresque, que M. Robroek a photographiée en 2019.
« C’est la photo d’une pièce avec une magnifique fresque. La pièce était située dans un palais qui est un des bâtiments les plus importants du centre historique de la ville. »
La fresque décore l’ensemble du mur et du plafond et a été peinte par le célèbre artiste néoclassique Niccolò Contestabili. Le palais est actuellement en cours de transformation, s’ouvre à de nouveaux appartements modernes.
Une merveilleuse fresque pastorale sur un plafond voûté, photographiée en 2020 dans une villa abandonnée du nord de l’Italie, semble faire entrer un paysage idyllique à l’intérieur. Malgré le délabrement du plâtre, il conserve une fraîcheur avec ses arbres qui se balancent et ses oiseaux exquis qui voltigent.
Des sites cachés
L’une des visites les plus récentes de M. Robroek en 2022 portait sur une église délabrée en Italie.
Un toit arqué partiellement effondré et un sol consumé par le feuillage et la végétation illustrent les effets du temps. Les espaces intérieurs et extérieurs se confondent dans ces ruines.
Les vestiges de l’abside de l’église font allusion à la dévotion ecclésiastique passée d’une communauté précédente.
M. Robroek ne souhaite pas énumérer tous les lieux qu’il a visités, car il veut préserver ce qui reste de ces endroits précieux.
La Villa Sbertoli à Pistoia, en Italie, a été vandalisée, dit‑il. Un piano à l’intérieur a été jeté par l’une des fenêtres, tandis que certaines des peintures murales ont été recouvertes de graffitis.
« Je partage rarement les emplacements exacts des bâtiments que je photographie. J‘essaie de les garder cachés afin de les protéger des voleurs ou du vandalisme. »
« Dans la mesure du possible, je communiquerai le nom et l’emplacement précis. Veuillez comprendre lorsque je ne peux pas le faire. »
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