Un nouveau rapport estime le nombre de migrants clandestins présents dans 12 pays d’Europe.
Cette étude, menée par le projet « Measuring Irregular Migration » (MIrreM) de l’université d’Oxford, estime qu’il y a jusqu’à 3,2 millions de migrants illégaux (appelés « migrants irréguliers » dans le rapport), vivant dans 12 pays du continent.
Toutefois, le chiffre réel pourrait être plus élevé, car le rapport ne compte pas les demandeurs d’asile dans ses données. Le nombre de migrants « légaux » n’est pas non plus pris en compte dans le rapport.
Le rapport, publié le 7 octobre, a tenté de déterminer le nombre de migrants illégaux en Autriche, en Belgique, en Finlande, en France, en Allemagne, en Grèce, en Irlande, en Italie, aux Pays-Bas, en Pologne, en Espagne et au Royaume-Uni.
Il a révélé que le Royaume-Uni était le pays qui en comptait le plus grand nombre – jusqu’à 745.000 migrants illégaux sont supposés y vivre. Le Royaume-Uni compterait plus de migrants illégaux que l’Allemagne (jusqu’à 700.000), l’Espagne (469.000), l’Italie (458.000) et la France (300.000).
Parmi les pays étudiés, la Finlande est le pays qui compterait le moins d’immigrés clandestins, jusqu’à 5000 personnes.
Comparativement à une étude de 2008, la recherche de MIrreM indique que l’Autriche, l’Allemagne et l’Espagne compteraient aujourd’hui un plus grand nombre de migrants qu’il y a 16 ans.
Le nombre estimé de migrants illégaux serait resté le même dans quatre pays : Belgique, France, Italie et Royaume-Uni.
Dans cinq pays, leur nombre aurait diminué : en Finlande, en Grèce, en Irlande, aux Pays-Bas et en Pologne.
Toutefois, le rapport montre que dans les pays où le nombre de migrants illégaux est resté le même, l’immigration régulière a beaucoup augmenté.
« Au cours des périodes en question, le nombre estimé de migrants illégaux en Belgique, en France, en Italie et au Royaume-Uni est resté constant à la fois en nombre et en proportion de la population totale, mais il a diminué en proportion des habitants nés à l’étranger.
« En d’autres termes, depuis 2008, le nombre d’immigrés autorisés qui sont nés hors de ces pays (…) a augmenté plus rapidement que la population totale et le nombre estimé de migrants illégaux. »
Ces chiffres correspondent à ceux publiés le 8 octobre en Grande-Bretagne par l’Office britannique des statistiques nationales, qui indiquent que la population a augmenté de 1 % en 2023, principalement en raison de l’immigration.
Ils montrent également que les voies d’entrée des migrants sur le continent européen se sont modifiées, ce qui corrobore les données de Frontex – l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes.
En particulier, l’augmentation en Espagne est en corrélation avec les données de Frontex qui montrent un pic des entrées par la voie allant de l’Afrique de l’Ouest aux îles Canaries.
En 2024, cette voie a connu une augmentation d’entrées de 154 %, 30.616 personnes étant arrivées aux Canaries au cours des neuf premiers mois, selon les données de Frontex.
L’Espagne estime que 150.000 migrants africains supplémentaires pourraient faire la traversée dans les mois à venir.
Certains analystes pensent que ce changement est le résultat des mesures prises par la Première ministre italienne Giorgia Meloni, qui visent à lutter contre l’arrivée de migrants illégaux se rendant en Italie depuis la Libye.
Après son entrée en fonction en 2022, Mme Meloni s’est engagée à sévir contre l’immigration clandestine. Elle a déclaré vouloir dissuader les migrants de payer des passeurs pour leur faire traverser la Méditerranée.
Son gouvernement conservateur a ciblé les trafiquants, a imposé des limites aux activités des navires de sauvetage des ONG et a signé des accords avec certains pays africains pour bloquer les départs.
Le gouvernement italien a également signé un accord avec l’Albanie, en vertu duquel certains migrants adultes de sexe masculin secourus en mer alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Italie seront ramenés en Albanie pour la période du traitement de leur demande d’asile.
Les chercheurs d’Oxford ont indiqué qu’ils ne pensaient pas que l’immigration illégale ait augmenté ces dernières années, mais que les gouvernements devraient suivre l’exemple de pays tels que l’Italie et les États-Unis qui cherchent à enregistrer et à évaluer le flux de migrants illégaux.
Leur rapport servira à la formation d’une nouvelle base de données publique qui rassemblera et évaluera les dernières estimations du nombre de migrants illégaux vivant dans les pays européens et en Amérique du Nord.
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