Un enseignant de Gaza est accusé d’avoir détenu un otage Israélien dans son grenier.
Les Forces de défense israéliennes (FDI) déclarent avoir découvert des roquettes près d’une école de Gaza.
L’une des chambres du Parlement suisse vote pour réduire son soutien financier à Gaza. Aux États-Unis, des sénateurs républicains souhaitent que le Congrès fasse de même.
Tous ces événements récents pointent en direction d’une agence controversée, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees, UNRWA).
L’agence est au cœur de la crise des réfugiés. Pour certains, l’UNRWA est un fournisseur essentiel de services aux populations arabes assiégées de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, régions que les Israéliens appellent souvent la Judée et la Samarie.
D’autres considèrent que l’agence entretient la crise, en perpétuant le statut de « réfugié » des Palestiniens, qui, pour la plupart d’entre eux, ne colle plus à la réalité, et entrave indéfiniment tout processus de paix.
Pour de nombreux observateurs, l’agence est à la fois un fournisseur de services essentiels et un obstacle à la paix.
Pour les défenseurs de l’UNRWA, l’agence ne fait que remplir la mission que lui a confiée les Nations unies il y a près de trois quarts de siècle.
Selon ses opposants, l’agence est beaucoup trop proche du Hamas, le groupe terroriste dont Gaza est aux prises, qui a déclenché la guerre actuelle par le massacre d’environ 1200 Israéliens, le 7 octobre dernier.
Selon ses défenseurs, Israël est un État d’apartheid fondé sur une discrimination religieuse immorale. Ses opposants affirment que les Arabes palestiniens déplacés par la guerre d’indépendance israélienne de 1948 auraient dû être réinstallés, comme ce fut le cas pour les 135 autres groupes de réfugiés sous la supervision du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
La seule situation de réfugiés dont le HCR ne s’occupe pas est celle de la Palestine.
« [L’UNRWA] est né dans le péché, existe dans le péché et opère dans le péché », déclare Kobi Michael, chercheur principal à l’Institut d’études sur la sécurité nationale de l’université de Tel-Aviv.
« Il s’agit d’une organisation politique qui, au départ, servait les intérêts des États arabes qui ne voulaient pas accueillir les réfugiés palestiniens dans leur pays », déclare-t-il à Epoch Times.
« Ils ne veulent pas réhabiliter les réfugiés palestiniens. Ils veulent les maintenir dans des camps et perpétuer leur statut de réfugiés. C’est le pilier central de l’ethos palestinien. C’est ce qui justifie leur statut de victime. Pour cela, ils peuvent recevoir des fonds de la communauté internationale et n’ont pas à se responsabiliser. »
« Malheureusement, la communauté internationale coopère avec la Palestine et l’UNRWA. Aujourd’hui, dans le contexte de guerre, [l’agence] ne peut être démantelée. Elle est nécessaire pour l’aide humanitaire. Mais après la guerre, la première chose à faire est de démanteler l’UNRWA et les camps de réfugiés dans la bande de Gaza. »
Pour Susan Akram, professeur à la faculté de droit de l’université de Boston et directrice de la clinique internationale des droits de l’homme, qui s’est entretenue avec Epoch Times, l’UNRWA n’est pas controversé.
« [Le fonctionnement de l’UNRWA] est assez efficace sous l’angle du droit international », a-t-elle déclaré. « Nous ne le qualifierions pas de controversé. L’UNRWA a été créé avec un mandat très particulier (qui lui a été confié par les Nations unies en 1949), et a continué à remplir ce mandat. »
A quel point efficace ? Pour les Israéliens, de toutes affiliations politiques confondues, l’UNRWA finance des écoles qui, depuis des générations, enseignent aux écoliers palestiniens à détester Israël, rendant la paix ou la coexistence de deux États impossible.
Un enseignant de l’UNRWA est accusé d’avoir détenu l’un des otages israéliens kidnappés par le Hamas le 7 octobre. L’agence rejette l’accusation, la qualifiant d' »infondée ». Or, selon la publication sur X d’un journaliste de la télévision israélienne, Almog Boker, un otage libéré a déclaré que l’enseignant, père de 10 enfants, l’avait détenu dans son grenier pendant près de 50 jours, lui fournissant à peine de la nourriture et négligeant ses besoins médicaux.
Selon Almog Boker, un autre otage kidnappé a été retenu captif par un médecin gazaoui, qui s’occupait en même temps d’enfants.
« Il ne s’agit pas d’incidents isolés ; ces civils sont des terroristes », a déclaré M. Boker. « Présents lors du massacre [du 7 octobre], il s’avère qu’ils sont complices de la captivité de centaines de personnes, y compris des femmes et des enfants. »
Dans une déclaration publique du 1er décembre 2023, l’UNRWA indique ne pas avoir été en mesure de prouver si les allégations du journaliste israélien concernant l’enseignant de l’UNRWA détenant un otage israélien sont « authentiques ou fausses ».
« L’UNRWA rappelle prendre très au sérieux toute allégation de violation des principes de l’ONU et les examiner immédiatement », déclare l’agence.
« Les attaques diffamatoires et la diffusion de fausses informations à propos de l’UNRWA – de quelque côté que ce soit – mettent directement en danger les opérations de sauvetage de l’agence et de son personnel opérant sur le terrain ».
Depuis longtemps, Israël soutient que le Hamas instrumentalise les écoles et les hôpitaux, gérés par l’UNRWA à Gaza, pour couvrir ses opérations terroristes.
Dans une interview vidéo publiée le 3 janvier par le gouvernement israélien, un civil de Gaza relate qu’alors que d’autres civils et lui tentaient de fuir vers le sud en suivant les instruction de l’armée israélienne, un terroriste du Hamas a fait bifurquer le groupe et les a fait entrer dans l’hôpital Al-Shifa. Sachant que les soldats israéliens arrivaient, les terroristes, qui vivaient dans le sous-sol de l’hôpital, sont montés pour se mélanger aux civils. « J’ai eu l’impression que nous étions des boucliers humains », déclare le civil.
Israël et les États-Unis ont réaffirmé que l’hôpital couvrait non seulement un tunnel du Hamas, mais aussi un centre de commandement qui servait à stocker des armes.
Le Hamas a détruit des documents et des appareils électroniques juste avant la prise de l’hôpital par les forces de défense israéliennes le 15 novembre, selon un porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis.
Genèse d’une crise
La crise des réfugiés a débuté lorsqu’en 1947, les Nations unies ont divisé le pays en deux États, l’un Juif et l’autre Arabe. Israël a accepté l’accord. Les Arabes locaux et les États arabes environnants non. Leurs armées ont envahi Israël le premier jour de son indépendance en 1948.
Environ 700.000 résidents arabes ont fui, certains par peur, d’autres parce qu’ils y étaient encouragés par les dirigeants arabes, qui leur assuraient que la guerre serait terminée dans quelques semaines.
Un nombre similaire de Juifs a fui les États arabes d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, où les Juifs vivaient depuis des centaines, voire des milliers d’années. Ils sont venus en Israël.
Certains Arabes sont restés en Israël. Aujourd’hui, ils sont citoyens, votent et ont des représentants à la Knesset.
Les Arabes qui ont fui se sont retrouvés à Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, en Syrie et au Liban. L’agence des Nations unies a été créée en 1949 pour s’occuper d’eux. Elle est distincte du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, qui a été créé en 1950 pour gérer toutes les autres crises de réfugiés dans le monde. Les Palestiniens sont les seuls réfugiés à disposer de leur propre agence des Nations unies.
Sont-ils encore des réfugiés ?
Des mots comme « réfugiés » et « camps de réfugiés » peuvent être trompeurs. Ils ne correspondent souvent pas aux réalités du terrain. Les communautés de Gaza créées il y a 75 ans ne sont pas différentes des secteurs environnants, où se trouvent des bâtiments permanents vieux de plusieurs dizaines d’années, quelques villas de luxe et un réseau de rues. Les familles y vivent parfois depuis quatre ou cinq générations. Ces communautés sont parfois délimitées par des portes qui les séparent de la ville voisine, mais pour le reste, elles se ressemblent.
« Lorsqu’on pense à un camp de réfugiés traditionnel des Nations unies, on imagine ces camps de tentes installés aux frontières de la Syrie, qui accueillent de nombreux réfugiés, fuyant la guerre civile syrienne », déclare Eli Sperling, chargé de cours à l’Institut israélien de l’université de Géorgie, à Epoch Times.
« Nous pensons à des tentes. Nous pensons à des infrastructures temporaires. Nous pensons à quelque chose qui ressemble à un camp. »
« En se promenant dans [les communautés de la bande de Gaza], pratiquement rien (…) n’indique qu’il s’agit d’un camp de réfugiés », ajoute-t-il.
Dans certains des « camps », il y a même des quartiers chics avec des villas, déclare M. Michael.
Ismail Haniyeh, le principal dirigeant du Hamas, président du bureau politique de l’organisation et originaire du camp de réfugiés d’Al-Shati, a acheté en 2010 une belle propriété d’un demi-acre en bord de mer dans le quartier voisin de Rimal. Il vit dans « un palais » au Qatar depuis 2019, affirme M. Michael. La maison de Gaza, occupée par ses proches, a été détruite par une frappe aérienne des FDI en novembre.
La fortune de M. Haniyeh, qui provient en grande partie de la taxe de 20% imposée par le Hamas sur les marchandises importées par les tunnels depuis l’Égypte, est estimée à 3,65 milliards d’euros.
Les réfugiés sont généralement des apatrides, explique M. Michael. Or, les Palestiniens possèdent aujourd’hui divers documents de voyage, y compris des passeports.
Selon les estimations, de 2,18 à 2,4 millions de « réfugiés » palestiniens en Jordanie sont aujourd’hui citoyens jordaniens et détiennent des passeports jordaniens.
L’Autorité palestinienne a déclaré son statut d’État au cours du processus de paix des accords d’Oslo, qui a échoué dans les années 1990. La Palestine s’est vu accorder le statut d’observateur par l’Assemblée générale des Nations unies en 2012, mais ne vote pas.
Les réfugiés palestiniens – et les résidents de Cisjordanie et de Gaza qui ne sont pas des réfugiés parce qu’ils ont toujours vécu là – sont des citoyens palestiniens et ont des passeports palestiniens, relève M. Michael.
Mme Akram n’est pas d’accord. Elle affirme que le statut et les documents de voyage des Palestiniens ne sont pas si fiables, et que cette situation ne s’applique pas à tous les Palestiniens qui vivent en Jordanie. Elle ajoute que l’Autorité palestinienne n’est pas un État et, qu’en vertu du droit international, les Palestiniens correspondent toujours à la définition d' »apatride ».
M. Sperling reconnaît que, si les documents des Palestiniens peuvent leur permettre de voyager, ils n’ont pas la même force que les passeports officiels.
Selon M. Sperling, le fait que l’UNRWA ne s’occupe que des réfugiés palestiniens a fait passer leur nombre de 700.000 réfugiés palestiniens en 1949, à 5,9 millions réfugiés palestiniens aujourd’hui.
Dans les autres groupes de réfugiés, les descendants ne sont généralement pas définis comme réfugiés.
« Le statut de réfugié palestinien se transmet de père en fils », explique M. Michael. « Nous parlons maintenant de la cinquième génération de réfugiés palestiniens. Cette situation n’existe pour aucune autre groupe de réfugiés dans le monde. »
Selon M. Michael, si les résidents de Gaza, de Cisjordanie et de Jordanie n’étaient plus considérées comme des réfugiés, la population réelle de réfugiés – ceux qui vivent une existence marginalisée en Syrie et au Liban – se réduirait à environ 300.000 personnes.
« L’UNRWA n’a pas réhabilité ou réinstallé un seul réfugié palestinien depuis sa création », déclare-t-il. « Au lieu de les réinstaller et d’en diminuer le nombre, [cette population] ne fait qu’augmenter. »
Mme Akram réplique que d’autres groupes de réfugiés dans le monde ont conservé leur statut de réfugié de génération en génération, notamment environ 90.000 réfugiés sahraouis, originaires du territoire contesté du Sahara occidental, qui vivent actuellement en Algérie.
Que fait l’UNRWA ?
Sur son site Web, l’UNRWA indique que les services aux Palestiniens comprennent l’enseignement primaire et professionnel, les soins de santé primaires et les services sociaux, l’amélioration des infrastructures et des camps, la microfinance et l’aide d’urgence, « y compris dans les situations de conflit armé ».
Elle fournit des soins de santé à 1,9 million de réfugiés, enseigne à 543.000 élèves, soutient 400.000 réfugiés au moyen d’un « filet de sécurité sociale » et a accordé 29.000 prêts de microfinancement. Au cours de la dernière décennie, elle a aidé 483.500 Palestiniens pris dans la guerre civile en Syrie.
M. Michael se demande pourquoi l’UNRWA continue de fournir des services aux Palestiniens en Jordanie, par exemple. « Pourquoi la Jordanie ne fournit-elle pas tous les services aux Palestiniens ? Ce sont des citoyens », s’interroge-t-il. « Pourquoi l’Autorité palestinienne ne fournit-elle pas de services à ceux qui vivent en Cisjordanie ? »
Il répond à sa propre question : l’UNRWA cherche à maintenir les Palestiniens dans un statut de réfugié permanent et de victime, vivant dans des « camps ».
« Il n’est pas logique que les Palestiniens, qui sont des citoyens palestiniens vivant sous l’autorité de leur État, détenant un passeport palestinien, aient pourtant le statut de réfugiés, dans leur État. Comment cela se fait-il ? » demande M. Michael.
L’UNRWA fournit des services humanitaires conformément à sa charte, a déclaré Mme Akram. Alors que le HCR est tenu de collaborer avec les États pour trouver des solutions durables, « l’UNRWA n’a pas un tel mandat. [L’agence] est là pour fournir de la nourriture, des vêtements et des abris aux réfugiés palestiniens tant qu’ils restent des réfugiés ».
L’UNRWA n’a pas le mandat de les réinstaller, ajoute-t-elle. Mme Akram suggère que cela pourrait relever du fait qu’aux yeux de l’ONU, ces individus devraient en fin de compte retourner dans ce qui est maintenant Israël.
Mme Akram n’est pas d’avis que le HCR procède généralement à la réinstallation des réfugiés. « Seul 1% de la population mondiale de réfugiés est éligible à la réinstallation. La grande majorité de ceux qui relèvent du mandat du HCR demeurent dans les pays d’accueil, sans solution durable », relève-t-elle. « La situation palestinienne est donc similaire à beaucoup d’autres », soutient-elle.
L’UNRWA joue un rôle important dans l’économie palestinienne. [L’agence] emploie 33.000 personnes à Gaza, pratiquement tous des Palestiniens – une situation unique parmi les démarches des Nations unies pour les réfugiés. Ces emplois sont considérés comme de bons emplois.
« L’UNRWA est devenu une agence qui perpétue le conflit israélo-palestinien », soutient M. Michael. « C’est une entité dysfonctionnelle. Corrompue. Dans la bande de Gaza, elle est entièrement contrôlée par le Hamas. »
M. Michael rappelle que l’otage libéré avait affirmé avoir été détenu pendant près de deux mois dans le grenier d’un enseignant de l’UNRWA.
« Nombreux sont ceux qui affirment que l’UNRWA est trop étroitement lié au Hamas », déclare M. Sperling. « Comme la grande majorité des employés sont des Palestiniens, ils sont perçus comme épousant la doctrine du Hamas, même dans les écoles à charte des Nations Unies. »
Le nombre important de Palestiniens employés par l’UNRWA, dans une région où les emplois sont rares, est un facteur dissuasif pour mettre fin à la crise des réfugiés, explique M. Sperling.
L’UNRWA n’a pas répondu à une demande de commentaires à l’heure de publication. L’agence n’a pas fait mention de ses relations avec le Hamas dans ses récentes déclarations publiques.
Ce qu’enseignent les écoles de Gaza
L’UNRWA est à la tête de 706 écoles qui accueillent un peu plus de 543.000 élèves. Parmi elles, 380 écoles et environ 340.000 élèves se trouvent à Gaza et en Cisjordanie.
Selon le site Web de l’UNRWA, les écoles promeuvent « des valeurs de tolérance, d’identité culturelle et d’égalité des genres ».
« L’UNRWA a pour objectif de veiller à ce que les élèves réfugiés palestiniens développent pleinement leur potentiel et deviennent confiants, innovants, curieux, réflexifs et ouverts d’esprit, qu’ils défendent les valeurs humaines et la tolérance, qu’ils soient fiers de leur identité palestinienne et qu’ils contribuent de manière positive au développement de la société et de la communauté mondiale. »
Récemment, un ancien membre du Congrès américain a écrit que, lorsqu’il siégeait au Congrès, de 2001 à 2017, il a mené une enquête sur ce que les enfants palestiniens étudiaient.
« J’ai étudié ce qui se passe dans les écoles palestiniennes. J’ai examiné leurs manuels scolaires, rencontré des enseignants et des diplomates, et introduit une législation et des amendements obligeant le département d’État américain à exercer une veille sur l’antisémitisme [enseigné] dans les classes à l’étranger », a écrit l’ancien député Steve Israel, représentant démocrate de l’État de New York pour le Long Island, en octobre dans le journal juif Forward.
« J’ai vu de mes propres yeux qu’une génération d’enfants palestiniens apprend, dès son plus jeune âge, à refuser de vivre en paix avec Israël », déclare-t-il. « Ils l’ont lu dans leurs manuels scolaires et en entendent parler par leurs professeurs. Ils sont élevés dans le cadre d’un programme prônant le ‘rejectionnisme’ violent. Mes collègues et moi-même, au Congrès, n’avons pu changer leur réalité. »
« Aujourd’hui, alors que le monde est ébranlé par la dévastation causée par le terrorisme du Hamas, il est essentiel de comprendre comment les enfants palestiniens sont éduqués pour pouvoir discuter de l’avenir de la région. »
« Cette génération de terrorisme du Hamas tire ses idées du système éducatif de Gaza, depuis des décennies. »
M. Israël a cité un article du New York Times de 2013 portant sur les écoles de Gaza. Les écoles de l’UNRWA et celles gérées directement par le Hamas utilisent un programme « éducatif » de l’Autorité palestinienne, l’entité gouvernementale qui administre actuellement la Cisjordanie, et qui administrait également auparavant Gaza.
Or, à Gaza, le Hamas, a ajouté des volets à ce programme, telle une formation militaire optionnelle, ainsi que « d’autres enseignements visant à infuser à la prochaine génération son idéologie militante », écrit M. Israel.
À l’époque, à Gaza, l’UNRWA administrait 250 écoles, desservant 465.000 élèves, de la première à la neuvième année ; le Hamas administrait 400 écoles, toutes classes confondues ; et il y avait plus de 46 écoles privées, selon le Times. En 2013, le Hamas a décrété la ségrégation des sexes dans les écoles à partir de l’âge de 9 ans et a criminalisé tout contact entre les établissements scolaires et Israël.
Cette démarche d’endoctrinement a porté ses fruits, selon M. Michael. Selon un sondage de l’université palestinienne Bir Zeit, 75% des Palestiniens ont célébré le massacre du 7 octobre.
« Nous parlons d’une société très, très malade », avec une conscience nationale « brisée, malade. (…) Le fait que 75% de la population palestinienne entière soutienne le massacre du 7 octobre est l’un des résultats de 30 années d’empoisonnement des cœurs et des esprits de ces personnes. Ce processus d’empoisonnement [idéologique] est mené par l’Autorité palestinienne, le Hamas et l’UNRWA ».
L’éducation ne faisait pas partie du mandat de l’UNRWA, selon M. Michael. Toutefois, près de 60% du budget annuel de l’agence, qui s’élève à 1,46 milliard d’euros, est consacré à l’éducation.
« Qu’enseignent-ils à Gaza et dans les autres écoles ? Ils endoctrinent les enfants de Gaza, de Cisjordanie et de Jérusalem-Est, leur instillant la haine, la diabolisation de l’État d’Israël et à la haine des Juifs. Ils les éduquent à la résistance contre Israël, à la violence contre les Juifs. »
« Ils nourrissent l’ethos palestinien basé sur deux piliers majeurs : le droit de retour (lié au statut de réfugié) et la résistance armée contre Israël. »
Perpétuer le statut de réfugié, dit-il, c’est leur apprendre que, même s’ils vivent là où ils sont depuis plusieurs générations, ce n’est pas chez eux. Ils sont formés à considérer les lieux de leurs ancêtres, ce qui est aujourd’hui la nation d’Israël, comme chez eux. « C’est une perpétuation du conflit », déclare M. Michael.
L’UNRWA, qui opère à Gaza, n’a peut-être pas d’autre choix que d’aller dans le sens du gouvernement hôte, a déclaré Mme Akram.
Mme Akram rejette comme « absolument fausses » les affirmations selon lesquelles les enfants de Gaza apprennent à idéaliser le martyre, la résistance et les attentats suicides. Toutefois, elle reconnaît que les agences de l’ONU qui administrent des écoles doivent « appliquer le programme autorisé par la région où elles se trouvent ». Les écoles de l’UNRWA en Jordanie ou en Syrie doivent utiliser le même programme que celui utilisé dans les écoles administrées par ces États, relève-t-elle.
Selon Mme Akram, il n’y a rien de mal ou d’irréaliste à enseigner aux Palestiniens qu’ils ont le droit de retourner en Israël parce que, dit-elle, Israël n’a pas le droit d’être un État juif.
Elle accuse Israël de maintenir un système d’apartheid sur la base de la religion et rejette la nécessité d’établir une patrie juive ou de l’établir au Moyen-Orient.
Tunnels, armes et roquettes
Le 19 décembre 2023, les forces de défense israéliennes ont déclaré avoir découvert 1500 tunnels et passages souterrains du Hamas depuis le début de la guerre. Le 6 décembre 2023, les FDI ont annoncé avoir découvert près d’une école et d’un hôpital l’une des plus grandes caches d’armes jamais trouvées à Gaza.
Les soldats israéliens ont trouvé des sacs de sable marqués « UNRWA » et « USAID » dans des tunnels sous l’université Al Azhar à Gaza et 100 roquettes cachées dans des boîtes de l’UNRWA à l’intérieur d’une maison dans le nord de la bande de Gaza.
Israël affirme que cette énorme infrastructure, ainsi que les moyens dont disposait le Hamas pour attaquer Israël le 7 octobre et au fil des ans, provient en grande partie du détournement de milliards d’euros d’aide envoyée à Gaza.
D’autres aides internationales peuvent parvenir à des bénéficiaires agréés tels que des écoles et des hôpitaux. Toutefois, ces aides permettent au Hamas, affranchi du financement de ces services, de dépenser davantage d’argent pour acheter des armes, en plus de bénéficier de 91 millions d’euros par année en provenance d’Iran, selon les estimations. Un économiste de Gaza a déclaré au Wall Street Journal que le Hamas percevait environ 36 millions d’euros par mois en impôts. Après qu’Israël a assoupli les restrictions sur les importations à Gaza et a laissé des milliers de Gazaouis entrer quotidiennement en Israël pour y travailler, le Hamas a créé de nouveaux droits de douane. Par ailleurs, avant les attaques du 7 octobre, il a réduit les salaires des fonctionnaires.
Israël a jugé et condamné le directeur de l’organisation caritative internationale chrétienne World Vision International, opérant à Gaza, pour avoir détourné, au profit du Hamas, 46 millions d’euros destinés à des œuvres caritatives. L’ancien directeur de cette organisation, Mohammed El-Halabi, a été reconnu coupable de financement du terrorisme et purge actuellement une peine de 12 ans de prison.
L’organisation caritative a déclaré ne plus être présente à Gaza depuis près de huit ans, que les accusations sont infondées, qu’à la suite d’une enquête d’une agence indépendante, aucun détournement de fonds n’a été constaté, et que M. El-Halabi fait appel de sa condamnation.
Les preuves recueillies par Israël après les attaques du 7 octobre sont éloquentes. Au kibboutz Be’eri, l’un des assaillants décédés avait en poche un chèque de paie du ministère de l’Intérieur palestinien, d’un montant équivalent à 1150 euros – un salaire très élevé à Gaza.
Une camionnette abandonnée utilisée lors de l’attaque contenait une trousse de premiers soins de l’UNICEF, le Fonds des Nations unies pour l’enfance.
En 2014, après une série de combats, Israël, le Qatar et l’ONU ont déployé des efforts considérables pour s’assurer que l’aide qatarie destinée aux Palestiniens leur parvienne, plutôt qu’au Hamas.
« Je ne suis pas en mesure d’affirmer, sur la base des éléments de preuves, que l’UNRWA a pris de l’argent et l’a détourné directement vers des responsables du Hamas pour se remplir les poches », déclare M. Sperling. « Cela dit, je suis certain, en tant qu’universitaire qui étudie ce conflit depuis de nombreuses années, que l’argent qui arrive dans la bande de Gaza par l’intermédiaire de l’UNRWA est détourné par la corruption, et qu’une partie de ces fonds est certainement utilisée pour la guerre. »
Après la guerre
Que se passera-t-il une fois la guerre terminée ? Après avoir repris la bande de Gaza, Israël devra décider s’il doit y demeurer et pour combien de temps, qui doit la gouverner, qui doit assurer l’administration civile et que faire de l’UNRWA.
Les pays arabes ont traditionnellement bloqué toute révision de la mission de l’UNRWA aux Nations unies, relate M. Sperling.
M. Sperling, spécialiste des accords d’Abraham conclus par l’administration Trump, note que la plupart des États du Golfe et l’Arabie saoudite souhaitent désormais la paix avec Israël, car ils y voient un intérêt pour le commerce et le développement technologique. En 2020, Bahreïn et les Émirats arabes unis ont conclu des accords de paix avec Israël, suivis par le Maroc et le Soudan.
Pour plusieurs, la crainte que les pourparlers entre l’Arabie saoudite et Israël débouchent également sur des accords de paix est un facteur ayant incité le Hamas à déclencher une guerre autodestructrice contre Israël.
Malgré le processus de paix, M. Sperling doute que les États arabes révisent de sitôt le rôle de l’UNRWA. Il n’est pas dans leur style de mener une action aussi audacieuse.
« Ils ont tendance à se concentrer sur des partenariats transactionnels discrets, souvent même en contradiction avec leurs déclarations publiques », relève-t-il.
Cependant, pour de nombreux Israéliens, depuis longtemps, un réexamen s’impose.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.