Collecter l’urine dans un collège de 400 élèves : c’est le pari fou du groupe scolaire Saint-Vincent, situé à Hendaye dans les Pyrénées-Atlantiques. La suite du projet consiste à valoriser ces matières organiques en les transformant en fertilisant agricole.
Les économies d’eau réalisées par le groupe scolaire Saint-Vincent sont impressionnantes depuis que l’établissement a mis en place des toilettes sèches. Selon une estimation, il pourrait ainsi économiser jusqu’à 500 m3 d’eau chaque année, indique BFMTV.
« À ce jour, l’économie est estimée entre 60 et 75% de notre consommation » d’eau, indique Philippe Bancon, directeur de l’établissement, sur le site internet de la ville de Hendaye, partenaire d’action du projet. « Ça permet de ne pas surcharger les stations d’épuration. »
Toilettes sèches depuis mars 2024
L’aventure a démarré concrètement le 4 mars 2024 avec la phase 1. C’est depuis cette date que les élèves du CM1 jusqu’à la 3e ainsi que le personnel utilisent les nouvelles toilettes sèches de l’établissement.
« Ce sont des toilettes normales avec un trou au fond. C’est bizarre au début, mais finalement cela ne change rien pour nous », résume Nora, une élève de 3e, auprès de nos confrères de Reporterre.
Une alternative aux engrais importés
La phase 2 du projet mis en place par M. Bancon est actuellement en cours. Il s’agit de valoriser l’urine localement. Elle est d’abord collectée et stockée dans le but d’être utilisée comme engrais azoté sur des terres agricoles. Évidemment, cela doit rester local afin de favoriser l’autonomie agricole et de proposer une alternative aux engrais azotés de synthèse importés.
L’urine est utilisée actuellement en expérimentation dans une serre de la ville d’Hendaye. Par la suite, le collège espère trouver des agriculteurs locaux qui aimeraient l’utiliser.
10 minutes pour être convaincus
Cette action fait partie d’un ensemble de mesures écologiques adoptées par l’établissement scolaire au fil des ans. Tout l’ensemble des biodéchets est par exemple composté, les serviettes en papier ont disparu de la cantine, de même que les pochettes en plastique dans les classes.
C’est donc tout naturellement que l’établissement s’est penché sur la question des toilettes sèches lorsque des travaux de rénovations ont été à l’ordre du jour dans le collège. Une délégation du groupe scolaire Saint-Vincent est allée voir les toilettes sèches d’une école de Saint-Germé dans le Gers.
« Ils utilisent des toilettes sèches depuis plus de douze ans. Il ne nous a pas fallu plus de dix minutes sur place pour être convaincus », raconte le directeur.
« On avait des ressentis différents »
À Hendaye, non seulement les toilettes sèches ont été installées au collège, mais aussi des urinoirs nouvelle génération que même les filles ont fini par adopter, assure une enseignante. Grâce à un système de VMC (ventilation mécanique contrôlée), il n’y a pas de mauvaises odeurs, comme en témoigne Jon, élève de 3e : « Ça ne sent pas mauvais comme avant ».
Parmi les élèves, certains ont bien accueilli cette nouveauté, d’autres moins. L’une d’elles par exemple confie ne pas être à l’aise debout lorsqu’elle utilise l’urinoir féminin. Pour une autre élève, le changement a été facile : « On a toutes essayé au fur et à mesure, on avait des ressentis différents. Personnellement, je n’ai eu aucun problème. »
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