Le bilan des violences survenues samedi lors d’un rassemblement de groupes d’extrême droite à Charlottesville (Virginie) est passé à trois morts, a annoncé un responsable municipal.
Des groupes de la droite radicale et identitaire américaine
« Nous avons des gens qui sont venus ici pour provoquer la confusion, le chaos et le trouble, lesquels ont provoqué trois décès », a déclaré Maurice Jones, directeur municipal de Charlottesville, au cours d’une conférence de presse. Une personne a été tuée lorsqu’une voiture a foncé dans une foule composée, selon des témoins, de contre-manifestants venus dénoncer la présence à Charlottesville de groupes de la droite radicale et identitaire américaine, dont le Ku Klux Klan et des néo-nazis. Des centaines de personnes étaient arrivées samedi dans cette ville de l’est des Etats-Unis. Certaines étaient là pour manifester dans le cadre d’un rassemblement appelé « Unite the Right Rally », groupant des partisans de la suprématie blanche, des nationalistes et d’autres militants favorables à ce que l’on appelle « Alt-Right », ou droite alternative.
Trois morts et trente-cinq blessés
« On marchait dans la rue quand une voiture, une berline noire ou grise, nous a foncé dessus, elle a percuté tout le monde. Puis elle a reculé et nous a encore heurtés », a relaté à l’AFP un témoin. Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montre une voiture de couleur sombre percuter violemment un autre véhicule par l’arrière, qui lui-même rentre dans une troisième voiture devant lui. La voiture responsable de la collision repart alors vivement en marche arrière, au milieu des manifestants paniqués.
La victime était une femme âgée de 32 ans qui traversait la rue lorsque la voiture a percuté la foule, a déclaré le chef de la police de Charlottesville, Al Thomas. Le conducteur de ce véhicule a été placé en garde à vue et la police traite les faits comme un « homicide criminel », a-t-il dit. Des témoins ont déclaré que la voiture semblait avoir volontairement percuté la foule. Les circonstances des deux autres décès survenus à Charlottesville n’étaient pas connues immédiatement. En fin d’après-midi (heure locale), au moins 35 personnes recevaient ou avaient reçu des soins pour des blessures graves ou légères, a indiqué le chef de la police.
La tragédie s’est produite dans un climat de haute tension, deux heures après le rassemblement avorté des militants d’extrême droite. Dans un air chargé en gaz lacrymogène, des heurts opposant ces manifestants de la droite radicale et des contre-manifestants s’étaient multipliés avant même le début prévu de l’événement, donnant lieu à des rixes, des jets de projectiles et des échanges de coups de bâton. Ces heurts avaient fait 15 blessés selon la police.
Etat d’urgence
Les craintes de débordements plus graves étaient avivées par la présence d’armes portées ouvertement par les manifestants, ainsi que le permet la loi dans l’Etat de Virginie. Des membres de milices d’extrême droite s’étaient positionnés en tenue paramilitaire, fusil semi-automatique en bandoulière. Les groupes de la droite radicale et identitaire américaine présents entendaient dénoncer de façon unitaire le projet de Charlottesville de déboulonner dans ce jardin municipal la statue d’un général sudiste favorable à l’esclavage.
Le 8 juillet dernier, quelques dizaines de membres du Ku Klux Klan s’étaient déjà rassemblés dans cette ville paisible et pittoresque, très largement surpassés en nombre par les manifestants antiracistes.
Face aux incidents, la police en tenue anti-émeute a donc décidé peu avant midi (16H00 GMT) d’interdire la manifestation prévue et a procédé à l’évacuation du parc public où elle se tenait. Les forces de l’ordre ont procédé à un nombre inconnu d’interpellations. Le gouverneur démocrate de la Virginie, Terry McAuliffe, a de son côté déclaré à la mi-journée un état d’urgence, afin de mobiliser davantage de moyens policiers. Il avait déjà appelé vendredi les habitants à éviter de se rendre à ce rassemblement baptisé « Unite the Right Rally », porteur selon lui d’idées « abjectes » et pour lequel un détachement de la Garde nationale de l’Etat avait été mis en alerte.
Dans une conférence de presse improvisée depuis son lieu de vacances à Bedminster (New Jersey), le président Trump a condamné « dans les termes les plus forts possibles cette énorme démonstration de haine, de sectarisme et de violence venant de diverses parties ».
D’habitude relativement avare en commentaires publics, la Première dame des Etats-Unis, Melania Trump avait précédé son mari en condamnant le sectarisme. « Rien de bon n’émerge de la violence », a-t-elle écrit sur Twitter.
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